La Chronique Agora

Défense : le Pentagone a pris le large

▪ Nous essayons toujours de voir l’ensemble du tableau, pour mieux le comprendre. Malheureusement, il ne cesse de changer !

Hier, nous réfléchissions au fait que les démocraties… ou toute forme de gouvernement… fonctionnent sur la base d’émotions partagées, ou de sentiments, plutôt que sur de vraies idées. Nous avons exploré la narration contemporaine de la crise financière. Ce que nous avons vu, c’est qu’afin d’être partagée par tous, la vision commune de la situation doit être dépouillée de toute nuance et de tout paradoxe, si bien que ce n’est plus du tout une idée. Ce n’est qu’un ressenti.

Et parfois, cela devient un fantasme simplet et grotesque qui est en fait le contraire de la pensée ou du désir d’origine. Cela devient une pensée zombie… qui peut causer des dommages au groupe.

Si l’on s’en tient aux médias populaires, par exemple, on pourrait penser que les Etats-Unis sont engagés dans une guerre contre les « terroristes »… des méchants qui, pour une raison restée mystérieuse, veulent faire du mal aux Américains. Ces terroristes sont si maléfiques qu’ils doivent être arrêtés… à tout prix.

« C’est une guerre », dit le Procureur général des Etats-Unis, Eric Holder. Par conséquent, explique-t-il, on peut mettre de côté la Constitution — la chose même que nous sommes censés défendre — pour lutter.

▪ Le secteur de la défense ne protège plus les Etats-Unis
C’est ainsi que l’industrie militaire est chargée de protéger les Etats-Unis contre les « terroristes »… avec le soutien plein et entier du peuple américain. On a appris la semaine dernière que de toutes les institutions publiques et privées des Etats-Unis, seul le secteur de la défense garde la confiance de la population !

Mais si l’on se donne la peine d’examiner un peu la situation, on se rend rapidement compte que ce sont ne sont pas les terroristes qui représentent un danger pour les Etats-Unis, c’est l’armée américaine elle-même. Le Pentagone a pris le large… il est désormais un danger pour la nation.

Les terroristes sont insignifiants. Minimes. On pourrait tous les faire tenir dans une salle de cinéma de taille moyenne. Et la moitié d’entre eux — comme Oussama ben Laden l’était — sont si infirmes, fous ou incompétents qu’ils sont complètement incapables d’infliger de réels dommages à la seule super-puissance mondiale.

L’armée américaine — avec ses fournisseurs, ses agences de sécurité et tout le reste de l’establishment mortel censé protéger les Etats-Unis — est gigantesques. Et très chère. Comme un parasite, elle pompe l’énergie et les ressources de son hôte — l’économie américaine productive. Le coût total, tout compris, est d’environ 8% du PIB.

Evidemment, les Etats-Unis ne sont pas un pays normal. Ils sont un empire. Le coût de gestion d’un empire est élevé. Mais l’empire est censé être une activité qui rapporte. Il exige des tributs de la part de ses vassaux, en l’échange de protection. C’est ainsi que fonctionnaient tous les empires.

L’empire américain, en revanche, perd de l’argent. Il conquiert des nations étrangères… mais ne parvient pas à gagner de l’argent grâce à elle. Au lieu de ponctionner les ressources de ses Etats-vassaux, il s’en prend à celles de la population américaine. Il ne protège plus la nation ; il la met en danger.

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