La Chronique Agora

Déclin et chute

Le cycle éternel de la croissance et de la dépression… Taureau et ours… Guerre et paix…

Nous essayons toujours de relier les points entre eux. Comme les constellations dans le ciel nocturne – la ceinture d’Orion, la Grande Ourse, Las Tres Marias – certains sont faciles à identifier. D’autres sont plus difficiles à voir, leurs étoiles étant moins visibles et moins scintillantes.

Mais il y a toujours des schémas que l’on peut discerner. La croissance, puis la dépression… le taureau et l’ours… la guerre et la paix… le déclin et la chute. Certaines de ces tendances durent dans le temps. Voici ce que dit notre ami Chad Champion :

« Depuis la création de la Réserve fédérale en 1913, les Etats-Unis ont connu une inflation de 3 000%. L’équivalent d’un dollar à l’époque vaudrait environ 3,2 cents aujourd’hui !

Et pour aggraver la situation, l’impression monétaire a atteint des niveaux sans précédent depuis 2008. Le bilan de la Fed a explosé.

Il est passé d’un peu moins de 1 000 milliards de dollars avant la panique de 2008, à un peu moins de 9 000 milliards de dollars après la pandémie. »

Rome ne s’est pas construite en un jour. Et il faudra longtemps avant de mettre les Etats-Unis à genoux. Mais les deux partis, ceux du mal et de la stupidité, font de leur mieux, en proposant des programmes qui combinent le pire des deux. Un autre ami, Jeffrey Tucker, explique ce qui s’est passé lors de la crise de 2020 :

« Quant à 2020, ce fut un désastre sans précédent, la pire décision politique prise par la Fed dans toute son histoire.    

En l’espace de quelques jours, la Fed a supprimé les réserves obligatoires, introduit une vaste gamme de nouveaux systèmes de prêts, acheté chaque dollar de dette que le Trésor pouvait créer et, en deux ans, a déchaîné une terreur de 6,5 billions de dollars sur un public démoralisé qui, au départ, était enthousiasmé par sa bienveillance.

Cette charité s’est transformée en poussière, dès que l’inflation est arrivée. Aujourd’hui, tout a disparu et nous devons faire face à trois années consécutives de baisse réelle des revenus médians des familles. »

Pouvoir et richesse

Il existe un autre schéma séculaire. Lorsqu’une nation/un Etat/un empire vieillit, ses élites dirigeantes sont au sommet du pouvoir et de la richesse. Quelle que soit la direction dans laquelle elles regardent, c’est la descente. Elles deviennent craintives, tout représente une menace – un virus, un marché baissier, la Russie, la Chine, l’avenir lui-même…

Un des événements les plus comiques ayant eu lieu la semaine dernière est le suivant : les libres penseurs du Congrès ont voté à une écrasante majorité en faveur de la suppression de TikTok. L’une des raisons invoquées ? Les législateurs pensent que l’application « abrutit la jeunesse américaine ».

Vraiment ? Ce n’est pas le cas de Facebook. Ni du New York Times. Ni de Paul Krugman. Ni de Morning Joe. Ni du Congrès américain. Ni des écoles publiques. Ni des parents qui laissent leurs enfants perdre leur temps avec des gadgets électroniques. Ni de Biden, ni de Trump. Non, pas du tout.

Symptôme classique d’un empire dégénéré ayant atteint un stade avancé, les membres du Congrès sont désireux de se protéger de toute nouveauté.

Un autre argument avancé contre TikTok est qu’il pourrait collecter des données susceptibles d’être utilisées contre les Américains. Quelles données ? Où sont-elles conservées ? Qu’en font les Chinois ? Comment pourraient-elles être utilisées contre nous ? Quels dommages une application appartenant à des Chinois pourrait-elle causer de plus que nos propres médias insipides ? Les politiciens n’en ont aucune idée, mais ils enverraient des troupes à TikTokLand… s’ils savaient comment s’y rendre.

Mettre les mauvais éléments à la porte

Autre schéma existant : avec le temps, les élites dirigeantes ont tendance à devenir corrompues et incompétentes (bêtes et méchantes). Elles favorisent la guerre et l’inflation, en partie pour empêcher l’avenir de se produire, et en partie pour continuer à se transférer davantage de richesses et de pouvoir.

Mais l’augmentation de l’offre de guerre et de l’inflation entraîne une baisse de la valeur de cette offre. Les élites finissent par ne plus pouvoir gagner de guerre (Vietnam, Irak, Afghanistan, Ukraine) et perdent le contrôle de l’inflation.

En théorie, une démocratie est censée résoudre le problème de la décadence qui atteint les sommets. Les électeurs sont censés « mettre les mauvais éléments à la porte » et élire de nouveaux dirigeants plus vigoureux. Mais où sont ces nouveaux dirigeants ?

Dans les petites communautés, la démocratie semble fonctionner. Mais en pratique, dans un grand gouvernement, les partis politiques, le Congrès, l’administration, la presse, Wall Street, les puissants donateurs, les lobbyistes et l’industrie de l’armement verrouillent tout ce qu’ils peuvent pour empêcher le changement de se produire. On se retrouve alors avec des dirigeants gériatriques et des politiques désastreuses.

Explosion

Qui a vraiment envie d’une nouvelle confrontation entre Biden et Trump ? Nous savons tous qui ils sont, ce qu’ils sont et ce qu’ils feront. Et ce qu’ils ne feront pas.

Et ni l’un ni l’autre, ni le fou ni le chevalier, ne feront face à la crise la plus évidente de l’histoire des Etats-Unis et ils l’éviteront de la manière la plus évidente.

Bloomberg rapporte :

« Selon Rogoff, Biden et Trump favorisent l’explosion de la dette américaine

« Kenneth Rogoff, professeur d’économie à l’université de Harvard, a déclaré que le président Joe Biden et son prédécesseur et adversaire Donald Trump risquent de faire grimper la dette américaine en territoire dangereux, car Washington ne comprend pas que l’ère des taux d’intérêt ultra-bas ne se représentera pas.

‘Le discours de Biden a suggéré de faire exploser la dette… Nous n’avons aucune idée de ce que fera Donald Trump, mais c’est ce qu’il a fait la dernière fois qu’il était président – il y a fort à parier qu’il le fera à nouveau’, a déclaré Rogoff, faisant référence au creusement des déficits budgétaires lorsque Trump était président de 2017 à 2021. »

Depuis la dernière grande crise financière (2008-2009), les autorités fédérales ont ajouté un montant stupéfiant de 25 000 milliards de dollars de dette. Selon leurs propres projections budgétaires, ils sont en passe d’ajouter 16 000 milliards de dollars supplémentaires au cours des dix prochaines années.

S’ils ne changent pas de cap rapidement, payer cette dette sera un véritable enfer.

Nous découvrirons, comme tout le monde, à quoi ressemblera cet enfer. Mais il est certain qu’il comprendra plus d’inflation et plus de guerre.

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