La Chronique Agora

De quand datent les inégalités dans la répartition des richesses ?

▪ Alors, et les marchés ? En hausse du côté américain. L’or aussi. Les marchés comptent sur leur héros, M. Benjamin S. Bernanke, pour venir à la rescousse. Ils peuvent presque entendre la planche à billets se mettre en route… et sentir les billets de 100 $ tout frais imprimés.

Mais où va tout cet argent ? C’est bien là la question… Personne ne semble faire le lien. Mais à la Chronique Agora, nous vous le donnons en toutes lettres :

Les classes actives ont fait des gains substantiels jusque dans les années 70. Ensuite, les salaires ont stagné pendant 40 ans. La richesse était partagée plutôt équitablement elle aussi… jusque dans les années 70.

Dans le Wikipedia américain :

« Les données d’un certain nombre de sources indiquent que l’inégalité des revenus dans son ensemble a considérablement augmenté depuis la fin des années 70, après plusieurs décennies de stabilité ».
           
« Une étude faite en 2011 par le Congressional budget office a révélé que les 1% de ménages les plus fortunés ont gagné environ 275% après impôts et transferts de revenus sur la période allant de 1979 à 2007″.

Que s’est-il passé dans les années 70 qui ait tant changé les choses ? Devinez.

Les autorités ont modifié la devise. D’une monnaie limitée — parce que liée à l’or –, on est passé à une nouvelle devise qui s’étirait aussi loin que le désiraient les autorités. Elles l’ont utilisée pour multiplier par 50 les encours de crédit US depuis les années 60. Le crédit américain n’a pas dépassé les 1 000 milliards de dollars avant 1964. Au cours des 43 années qui ont suivi, il a grimpé à plus de 50 000 milliards de dollars.

Où est passé cet argent ? Eh bien, il est allé à beaucoup de gens… partout dans le monde.

Mais il est plus allé à des riches qu’à quiconque d’autre.

Et maintenant, tout le monde en a après les riches… les 1%. Quel était leur crime ? N’ont-ils pas juste eu de la chance ? Les râleurs agissent comme s’ils avaient mal agi. Comme si gagner de l’argent était mal…

Même si c’était vrai, ça ne fait rien pour résoudre le vrai problème : comment les 1% ont-ils pu gagner autant ?

▪ Si même les prix Nobel s’en fichent…
Les très riches eux-mêmes ne le savent pas. Et des gens très intelligents, comme les prix Nobel d’économie, ne semblent pas se poser la question. Ils pensent simplement qu’il est temps que les riches « donnent en retour », comme Joseph Stiglitz dans le dernier numéro de Vanity Fair :

« Commençons par poser le principe de base : l’inégalité aux Etats-Unis se creuse depuis des décennies. Nous sommes tous conscients de ce fait. Certes, certains à droite nient cette réalité, mais les analystes sérieux de tous bords politiques la tiennent pour acquise. Je ne vais pas détailler toutes les preuves ici, sinon pour dire que le fossé entre les 1% et les 99% est vaste en termes de revenus annuels, et encore plus vaste si on l’envisage en termes de richesse — c’est-à-dire en termes de capitaux (et autres actifs) accumulés. Regardez la famille Walton : les six héritiers de l’empire Wal-Mart possèdent une fortune combinée de 90 milliards de dollars environ, soit l’équivalent de la richesse des 30% les moins fortunés de la société américaine (bon nombre, à l’échelon le plus bas, ont une valeur nette de zéro, voire négative, surtout depuis la débâcle de l’immobilier). Warren Buffett a bien formulé les choses lorsqu’il a déclaré : ‘une lutte des classes se déroule depuis 20 ans, et c’est ma classe qui a gagné’. »

C’est tout ce que M. Stiglitz veut ou peut faire pour analyser la situation, comme s’il s’agissait du résultat d’une « lutte des classes ». Il ne semble pas réaliser que Buffett plaisantait. Ou qu’il aurait dû plaisanter.

Il continue en décrivant de quelle manière l’inégalité des richesses est un problème : parce que les gens qui n’ont pas d’argent ne peuvent pas consommer… parce que ça mène les gens à devenir des zombies (des gens qui cherchent les rentes au lieu de produire)… parce que c’est « injuste »… et parce que ça crée de la méfiance dans la société, ce qui mène à des institutions dysfonctionnelles.

Il offre ensuite une solution. Il la propose aux 1% en termes d’intérêt personnel :

« Lorsqu’on vous invite à réfléchir à des propositions pour réduire les inégalités — en augmentant les impôts et en investissant dans l’éducation, les travaux publics, la santé et la science — mettez de côté toute notion latente d’altruisme, et réduisez cette idée à de l’intérêt personnel pur et simple. Ne l’acceptez pas parce qu’elle aide les autres. Faites-le pour vous ».

Il n’explique pas en quoi mettre 1% de l’électorat dans votre camp ferait une grande différence dans une élection. On peut supposer que les électeurs ou leurs représentants doivent approuver ces propositions. Il ne se donne pas non plus la peine de nous dire en quoi dépenser plus d’argent, ou « investir », comme il le dit, dans l’éducation, la santé ou d’autres usines à gaz feront passer la richesse des 1% vers les 99%. Après tout, les autorités mettent de l’argent dans ces programmes depuis 30 ans — exactement la période pendant laquelle les inégalités augmentaient !

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