La guerre contre le cash a un nouvel allié… et ses « arguments » vont tous dans le même sens : plus de contrôle pour l’Etat — et moins pour vous.
Les despotes financiers veulent éliminer les espèces (ou « le cash« ), car elles font obstacle à l’efficacité de leur précieuse politique monétaire qui, soit dit en passant, est un vrai foutoir. Les épargnants stockent des billets de banque chez eux lorsque les banques prélèvent des intérêts sur les dépôts. Une politique conçue pour créer de l’inflation et des dépenses a pour conséquence d’exacerber la peur, de décourager les dépenses et d’aggraver les problèmes des banques à mesure que les dépôts décampent.
Mais Ken Rogoff, de Harvard, également l’auteur d’un nouveau livre intitulé The Curse of Cash [NDLR : « La malédiction des espèces »] affirme qu’il existe trois autres bonnes raisons de supprimer les grosses coupures et, au bout du compte, d’éliminer les espèces :
– Cela réduit la criminalité car les voyous adorent les espèces.
– Cela réduit l’évasion fiscale car les fraudeurs adorent les espèces.
– Et, tenez-vous bien, cela réduit l’immigration clandestine car, sans espèces, vous ne pouvez employer et payer du personnel hors des clous du système fiscal et salarial.
Rogoff invoque tous ces arguments dans un article intitulé The Sinister Side of Cash [NDLR : le redoutable revers des espèces], publié en août dans le Wall Street Journal. Je vais en citer certains passages afin que vous vous rendiez compte que je n’invente rien lorsque je vous dis que les autorités vont s’en prendre à vos espèces.
La rapidité et la gravité de cette mainmise restent discutables. Mais ni la motivation ni l’intention ne peuvent être niées. « La monnaie-papier est au coeur de certains des problèmes les plus inextricables, qu’ils soient monétaires ou liés aux finances publiques », écrit Rogoff.
« Se débarrasser de la majeure partie des espèces – c’est-à-dire évoluer vers une société où les espèces sont utilisées moins souvent et essentiellement pour de modestes transactions – pourrait offrir une aide considérable ».
Le cash doit disparaître
Si vous devez retenir quelque chose de cet article, souvenez-vous de ce qui motive réellement cette guerre contre le cash. Il ne s’agit pas de réduire la criminalité, le trafic de drogue ou le terrorisme. Il ne s’agit pas d’avoir des méthodes de paiement plus pratiques, portées par la technologie. Et il ne s’agit certainement pas de décourager l’immigration clandestine des pays pauvres vers les pays riches.
Il s’agit bien de contrôler. Rogoff l’indique dès le début. Mais c’est presque comme s’il avait fait une gaffe. Il veut se débarrasser des espèces afin que les acteurs de la planification centrale contrôlent plus efficacement votre comportement financier. Le fait que vous puissiez détenir et utiliser des espèces sonnantes et trébuchantes fait obstacle à une «politique monétaire efficace». Le cash doit disparaître.
Rogoff y revient un peu plus loin, dans son article. Et là, je m’en tiens à sa propre parole. J’ai toutefois souligné certains mots en caractères gras :
« Les aspects fiscaux et criminels justifient suffisamment la suppression des montagnes de monnaie-papier présentes dans le monde. Toutefois, il y a [aussi] une logique très différente, voire peut-être surprenante, qui est liée à la capacité des banques centrales à gérer les crises financières et les récessions profondes. Pourquoi ? Parce que la politique monétaire demeure largement la première ligne de défense privilégiée pour gérer une récession.
Abaisser les taux d’intérêt permet de réaliser un stimulus rapide et efficace en encourageant les consommateurs et les entreprises à emprunter plus. Cela augmente également le cours des actions et le prix de l’immobilier, ce qui donne aux gens le sentiment d’être plus riches et les incite donc à dépenser plus. La politique monétaire contracyclique a fait ses preuves depuis longtemps, alors que les contraintes politiques interfèrent toujours avec un stimulus budgétaire opportun et efficace…
En principe, abaisser les taux d’intérêt au-dessous de zéro devrait stimuler la consommation et l’investissement de la même façon qu’une politique monétaire normale, en encourageant l’emprunt. Malheureusement, la présence des espèces nuit à ce mécanisme. Si vous êtes épargnant, il vous suffit de retirer votre argent, en le transformant en espèces, afin qu’il ne diminue pas trop rapidement. D’énormes sommes peuvent être retirées pour éviter ces pertes, pénalisant ainsi les banques qui ont alors du mal à accorder des prêts, ce qui remet en question tout l’objectif de cette politique.
Toutefois, si l’on supprimait les espèces, ou que l’on augmentait suffisamment le coût de l’épargne, les banques centrales, en période de grave récession, seraient alors libres d’enfoncer les taux en territoire négatif autant que nécessaire. Les gens pourraient toujours stocker des petites coupures, mais les coûts seraient probablement prohibitifs dans un contexte de taux d’intérêt négatifs réalistes. Si nécessaire, les banques centrales pourraient appliquer des frais temporaires sur les retraits et dépôts d’espèces importants« .
Il y a tellement de choses qui ne tournent pas rond dans cet article, que l’on sait à peine par où commencer. Peut-être devrais-je vomir, d’abord ? Mais plus sérieusement (et moins viscéralement), la lecture de ce qui précède me rappelle pourquoi il est si utile de frapper deux fois plus fort lorsque vous tombez sur des idées dangereuses, et qui plus est rattachées à de véritables intentions.
A l’envers
Premièrement, les banques centrales ne créent jamais au grand jamais ni prospérité ni croissance. Pas plus que les politiques gouvernementales, d’ailleurs.
Le gouvernement ne dispose que d’un seul moyen pour orienter l’activité économique, et il est sommaire : prendre à quelqu’un pour donner à quelqu’un d’autre. Le reste – la stimulation de la croissance, l’effet de richesse, encourager l’emprunt – ce sont des âneries pures et simples.
Les êtres humains et leurs activités créent de la richesse réelle. Pas les Etats. Pas les mesures politiques. Fermement ancrés dans leurs tours d’ivoire universitaires, les responsables des banques centrales et les économistes qui les valident ont tout compris à l’envers. Ils croient que ce sont eux qui créent de la richesse en vous disant ce que vous devriez faire.
Pire encore, le problème qu’ils tentent de résoudre est celui qu’ils ont largement contribué à créer, à savoir de graves récessions qui s’éternisent. Les récessions, au sein de l’économie réelle, sont parfaitement naturelles, voire saines. La récession remédie à la mauvaise affectation des capitaux : les mauvais investissements et les mauvaises décisions prises par les investisseurs, capitalistes et banquiers.
Dans un système de libre marché en bonne santé, l’échec fait perdre de l’argent aux idiots. Dans notre système actuel, l’échec est subventionné avec des taux d’intérêts bas et des renflouements financiers. Ce n’est pas du capitalisme. C’est du copinage financier orchestré par la planification centrale. Voilà ce que nous avons, actuellement.
Je n’ai pas l’intention de vilipender Rogoff à titre personnel. Mais l’erreur est très grave, en ce qui concerne l’origine de la richesse. Et voilà une réaction bien draconienne, pour corriger un problème issu lui-même de la planification centrale. Si des gens libres réalisant des transactions avec de l’argent qu’ils possèdent font obstacle à votre politique monétaire de la croissance à tout prix, détruisez leur liberté et emparez-vous de leurs espèces.
Cela se résume à ça. Voilà pourquoi nous avons lancé notre pétition demandant l’arrêt des mesures « anti-cash« . Voilà pourquoi nous continuons, jour après jour, à réfuter constamment, rationnellement, et avec force, tout ce qui se fait passer pour un dogme économique unilatéral. Et voilà pourquoi nous vous avons également mis en garde contre le jour où votre cash disparaîtra.
Les preuves s’accumulent, de même que les raisons et la nécessité de réagir, tant que vous le pouvez encore.