La Chronique Agora

De la Grèce à l’Italie, qui va payer la crise des dettes souveraines ?

▪ Quoi de neuf ? D’autres tentatives de la part de l’Europe d’oublier son propre délitement.

Papandréou est parti et les Grecs essaient de mettre en place un nouveau gouvernement de coalition plus crédible. C’est du moins ce que nous disent les journaux. En ce qui nous concerne, nous ne pensons pas que le nouveau gouvernement aura plus de crédibilité que l’ancien. Pourquoi serait-ce le cas ? Papandréou n’était pas un mauvais gars. Il était juste dans une situation impossible… et cette situation n’a pas changé.

« En Grèce, les événements sont cataclysmiques », déclare Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand. « Chaque jour, il y a un nouveau problème ».

Oui. Et la Grèce, c’était hier.

Désormais, c’est l’Italie, le problème du jour. Ou peut-être devrions-nous dire le problème del giorno. Les analystes font des comparaisons et des contrastes. Tant l’Italie que la Grèce ont des oliviers. Les deux pays produisent du vin. Ils ont un climat ensoleillé et de belles plages. Et tous deux ont un souci de crédibilité. Mais seule la Grèce a une dette qui a dépassé le point de non-retour.

Les dettes de l’Italie ne sont pas si épouvantables. Certes, le ratio dette gouvernementale/PIB est à 120%. Mais les ménages sont relativement peu endettés, à seulement 40% du PIB, contre 75% dans le reste de la Zone euro. On attribue ça au fait qu’une grande partie de l’économie est « hors bilan »… de la main à la main. Lorsqu’on fonctionne de la sorte, on n’a pas beaucoup de dettes. Du moins pas en Italie. Les Italiens savent comment faire marcher une économie « au noir »… et comment récupérer leurs dettes.

En revanche, ils ne sont pas très doués pour récupérer des impôts. La fraude fiscale est un point d’honneur chez les Italiens. Ils se soucient de leurs pâtes et de leurs fêtes bunga-bunga. Pour ce qui est des impôts, ils savent que l’argent sera gaspillé — ils préfèrent donc le jeter eux-mêmes par les fenêtres.

De nombreux Italiens gagnent de l’argent par des méthodes qui n’apparaissent jamais dans les comptes de la nation. Voilà pourquoi l’Italie est probablement un pays plus riche que les chiffres le suggèrent. Une bonne partie de la production n’est jamais enregistrée… et jamais imposée. On ne peut qu’admirer un peuple capable d’un tel exploit.

▪ Le problème en Italie, selon les journaux, c’est que les investisseurs ont perdu foi dans le gouvernement. Cela ne nous surprend guère. En revanche, nous trouvons stupéfiant qu’ils aient eu un jour foi dans le gouvernement. Il ne faut pas faire confiance aux gouvernements : toute personne sensée le sait.

Le déficit de l’Italie est deux fois plus petit que celui des Etats-Unis. La difficulté, c’est que l’Italie doit renouveler un quart de sa dette lors des prochaines années. Ce qui ne serait pas un problème — parce que l’Italie peut se le permettre — tant que les taux d’intérêt restent bas. Mais lorsque les investisseurs perdent confiance dans la capacité ou la volonté du gouvernement de mettre les contribuables sous pression… les choses commencent à s’effriter. Aux dernières nouvelles, les bons du Trésor italien à 10 ans avaient un rendement de 6,66%. Voilà qui semble bien sinistre… voire mortel.

Selon le Financial Times, l’Italie est dans la « zone dangereuse ». Silvio Berlusconi a juré de « continuer le combat »… mais on dirait que la guerre est peut-être déjà perdue.

Qui sait ? Chaque jour apporte un nouveau problème. Qui est exactement le même vieux problème. Le monde a trop de dettes. Tout le sturm und drang en Europe… ou aux Etats-Unis… concerne en réalité qui les remboursera, comment et quand.

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