La Chronique Agora

Le mécanisme d’interdiction d’un insecticide

glyphosate

L’Europe est divisée par le glyphosate… Les mécanismes de telles décisions et leurs conséquences sont mieux compris en revenant sur une affaire ancienne : le DDT.

Originaire d’Afrique, le paludisme ou malaria serait l’une des causes probables de la mort d’Alexandre le Grand en 323 avant J.C. Une vingtaine de siècles plus tard, la maladie serait responsable de près de 655 000 décès par an et 216 millions de personnes seraient infectées dans 99 pays(1).

La malaria est la maladie parasitaire la plus répandue sur la surface du globe. Ce n’est qu’en 1897 que son vecteur sera découvert… le virus est inoculé par un moustique : l’anophèle. A partir des années 1940, l’utilisation d’un insecticide pour lutter contre les moustiques va s’intensifier : c’est le DDT ou dichlorodiphényltrichloroéthane (comme ça se prononce…).

Dans son Petit Traité d’Anti-écologie, l’auteur H16 revient sur l’utilisation du DDT qui démontra son efficacité pendant plusieurs décennies, avant son interdiction au milieu des années 1970. Une décision orchestrée par ce qu’il nomme les « Fluffies », les tenants d’un « mouvement mondial lobbyiste qui vise à promouvoir l’idée que l’homme est par essence nuisible à la nature, qu’il s’en serait extrait pour en profiter unilatéralement, et que son apport sur terre serait au mieux nul, au pire infiniment négatif. »

Le DDT, bon marché et efficace, donc forcément mauvais

« Ce composé chimique permet de façon assez simple de débarrasser l’humanité d’une plaie qu’elle trimbale lourdement depuis des milliers d’années : la malaria.

Dans la seule Afrique subsaharienne, la malaria détruit 70% plus d’années de vie que tous les cancers dans tous les pays développés réunis.

Des chercheurs de l’OMS ont décrit la pulvérisation d’intérieur au DDT comme la façon la plus efficace et la plus facile de lutter à grande échelle contre la malaria. Le DDT est souvent l’insecticide de choix parce qu’il est à la fois bon marché et efficace.

Mais voilà. […] Il est à la fois bon marché et efficace. Et cela, c’est une faute de goût pour le Fluffy.

Car s’il est bon marché, un ou plusieurs industriels vont pouvoir le vendre facilement, faire une marge, et s’enrichir. S’il est bon marché, il va être massivement utilisé, et va obligatoirement provoquer des changements, qui, pour le Fluffy, seront obligatoirement néfastes (souvenez-vous du glissement sémantique : tout changement est néfaste, point).

Le DDT doit donc être mauvais.

Or, dans les années 1940, beaucoup de gens ont été délibérément exposés à des concentrations élevées de DDT par les programmes de saupoudrage ou l’imprégnation des vêtements, sans aucun effet sanitaire apparent. Comme le souligne The Lancet :

‘Il y a probablement peu d’autres produits chimiques qui ont été étudiés aussi profondément que le DDT, expérimentalement ou sur l’être humain. ‘l est rapidement apparu clairement que la toxicité cutanée du DDT sec était très basse, mais même la toxicité par ingestion dépendait de la composition du régime. L’ingestion du DDT, même répétée, par des volontaires ou des personnes tentant de se suicider, a indiqué une basse létalité.’

Flûte : le DDT sert l’humain et ne lui est pas dangereux. Oui, mais alors, il est forcément dangereux pour… la nature ! Vlan.

Et comme par hasard, on va trouver une étude pour appuyer ce point de vue, qui prouverait, par exemple, que le DDT fragilise les coquilles d’oeuf ! Rendez-vous compte ! Ca va tuer des oiseaux !

Et là, miracle, tout le monde va marcher. Depuis le milieu des années 1970, le DDT est donc interdit. Et depuis ces années, plus d’un million de personnes (principalement des femmes et des enfants) seront donc mortes tous les ans parce que, potentiellement, le DDT tend à réduire l’épaisseur des coquilles d’oeufs.

Mais que valent trente millions d’humains face à une (ou plusieurs) espèce de volatiles en péril ?

Le Fluffy a fait son choix : un coin-coin vaut mille humains. Attention cependant : ce seront les mille humains qu’on trouvera loin de chez nous, loin du coeur, loin des yeux. Le Fluffy, je vous le rappelle, est sensible. Las.

Au final, la thèse sur les coquilles d’oeufs, je vous en passe les détails, mais elle n’était pas tout à fait aussi simple : le DDT et ses métabolites (DDD et DDE) n’entraînent pas d’amincissement des coquilles d’oeufs, même à des taux plusieurs centaines de fois supérieurs que ceux expérimentés par des oiseaux sauvages (2).

Et, là, le Fluffy massacreur est démasqué. Et ses mains sont couvertes du sang de trente millions de personnes à cause… d’une étude mal boutiquée, d’un a priori faux et d’une idéologie biaisée qui place les petits oiseaux avant les humains.

Et ce sont ces mêmes Fluffies qui viennent vous demander, ensuite, de voter pour eux, de respecter le protocole de Kyoto, de ne pas manger d’OGM, de ne plus utiliser votre voiture, de décroître, de vous soumettre.

Ca laisse songeur. »

***

Dans le livre Petit Traité d’Anti-écologie, H16 vous démontrera que l’interdiction du DDT suit un mécanisme bien rodé et répétable à souhait. Cette lecture courte et distrayante s’adresse aux lecteurs méchants, en recherche d’un peu d’esprit critique.

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1- Chiffre 2011, Institut de Recherche pour le Développement (IRD)

2- Cecil, HC et al. 1971. Poultry Science 50: 656-659

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