▪ Les récents tests de résistance des banques européennes étaient « une blague » selon Jim Chanos, le célèbre vendeur à découvert qui a gagné une fortune en pariant contre des entreprises vouées à l’échec comme Enron, Conseco et Boston Chicken.
« Les [stress] tests sont une vaste blague », a clamé Chanos au cours d’une interview il y a quelques jours sur Bloomberg TV. « La comptabilité est une blague et les marchés commencent à dire ‘Plus jamais !' » Chanos a déclaré qu’il vendrait à découvert ces banques immédiatement si les régulateurs européens n’avaient pas rendu la pratique illégale le mois dernier.
La « blague » des stress tests n’est qu’une partie du jeu d’illusionniste des Européens. Les banquiers centraux et les responsables politiques de toute l’Europe continuent de prétendre que plusieurs banques et gouvernements insolvables sont en bonne santé… tant qu’ils reçoivent un peu d’aide de la BCE.
Mais les marchés financiers offrent la preuve du contraire. Le cours des actions de bon nombre de banques européennes plongent, tandis que les rendements de beaucoup d’obligations d’Etats européens atteignent des sommets. Les désormais tristement célèbres bons à deux ans du gouvernement grec rapportent un pourcentage énorme de 134% !
Autrement dit, même si les banques européennes réussissent haut la main un stress test qui manque de naturel, elles sont recalées au « test de normalité ». Beaucoup de banques européennes, comme beaucoup de gouvernements européens, ont érigé une structure financière si fragile et si précaire que la faillite semble inévitable, même sans stress supplémentaire.
▪ Une aggravation de la crise est certaine, en particulier parce que l’économie américaine reste ébranlée par la crise du crédit de 2008. Par peur d’une répétition de 2008, la Réserve fédérale américaine est passée à l’action — ce qui garantit à coup sûr une réédition de cette annus horribilis. La Fed a lancé la semaine dernière l’opération « Twist » — un projet d’achat massif de bons du Trésor à long terme.
Vous ne comprenez pas ?
Ne vous inquiétez pas. L’opération Twist est simplement une nouvelle forme d’assouplissement quantitatif — qui était simplement une nouvelle forme d’impression de monnaie sans rien pour la garantir. (La Fed affirme qu’elle paiera ses nouveaux achats par le produit de la vente des bons du Trésor court terme qu’elle possède déjà. Nous ne le croyons pas. Quelle qu’en soit la manière, le bilan de la Fed augmentera probablement au cours des prochains mois. Nous garderons un oeil là-dessus).
Par conséquent, « Op Twist » est simplement l’étape suivante illogique d’une regrettable progression vers la dévalorisation du dollar. Après Op Twist, on attend Opération Contorsion, Opération Zig-Zag, Opération Leurre, Opération Contrôle de Capital en enfin, Opération Dévaluation.
Plus la Réserve fédérale continuera ses opérations insensées, plus l’avenir du dollar américain sera morne et désolé. Mais le billet vert n’est pas la seule monnaie sur la sellette ces jours-ci. Les Européens anciennement conservateurs — et barbants — commencent à envisager des scénarios tirés de la Notice de la Banque centrale américaine.
La Banque centrale européenne (BCE), en réponse à la crise de la dette souveraine qui se déroule à la périphérie de la Zone euro, s’est embarquée dans un programme d’assouplissement quantitatif de son cru — achetant pour des milliards d’euros d’obligations d’Etat grecques, espagnoles et italiennes sur le marché libre. Au même moment, la BCE prend également part à la cabale des banquiers centraux et fournit des quantités gardées secrètes de crédits court terme aux banques européennes. Et à en juger de récents titres dans la presse, la BCE commence à peine à rentrer en action.
Le CERS (Conseil européen du risque systémique) a annoncé la semaine dernière que les risques systémiques au sein du système financier de l’Union européenne « ont considérablement augmenté » au cours des trois derniers mois. Selon le sombre diagnostic du CERS, « les principaux risques résultent d’une aggravation potentielle à la fois des risques de dettes souveraines, des difficultés que rencontre le secteur bancaire européen à se refinancer et des faibles perspectives de croissance au niveau européen comme au niveau mondial… Les signes de détresse sont évidents dans beaucoup de marchés obligataires européens, tandis que la forte volatilité des marchés actions indique que les tensions se sont étendues aux marchés de capitaux au niveau mondial. La situation a été aggravée par l’assèchement progressif du marché interbancaire. La disponibilité du refinancement en dollar pour les banques européennes a également connu une baisse significative »…
« Le degré élevé d’interdépendance dans le système financier européen a conduit à une augmentation rapide du risque de contagion », conclut le CERS. « Cela met en péril la stabilité financière dans toute l’Union européenne et impacte défavorablement l’économie réelle en Europe et au-delà ».
Le CERS prescrit un remède : continuer à faire plus sur tout ce qui n’a pas fonctionné. Le CERS — qui me fait penser à un policier criant dans sa radio « alerte à toutes les patrouilles ! Alerte à toutes les patrouilles ! » — a appelé « toutes les autorités » à se rassembler pour agir de conserve.
« Une action décisive et rapide est nécessaire de la part de toutes les autorités », a averti le CERS. « Elles doivent agir à l’unisson avec un engagement total pour sauvegarder la stabilité financière. Les dirigeants européens doivent coordonner leurs efforts pour renforcer le capital des banques, y compris en se portant garant en dernier ressort … [Et si nécessaire] prêter aux gouvernements afin de recapitaliser les banques, y compris dans les pays hors programme ».
Autrement dit, imprimer des euros, des dollars, des francs suisses ou tout ce qui pourrait être imprimé et en inonder les institutions financières défaillantes et/ou les Etats en faillite.
Je ne me permettrais pas de juger ici les mérites ou les défauts de la directive du CERS ; mais je la considère comme un signal d’achat supplémentaire pour l’or et l’argent-métal.