La Chronique Agora

Ce que le Dakota a en commun avec la Mongolie

▪ Jusqu’en 1881, aucun boisseau de blé cultivé dans le Dakota n’avait encore été vendu en dehors du Territoire du Dakota. Six années plus tard, il y en avait pour 62 millions de boisseaux.

Qu’est-il arrivé ?

Dernièrement, j’ai lu L’histoire américaine de Garet Garrett, un ouvrage publié en 1955. D’une plume alerte, l’auteur nous raconte l’histoire de l’Amérique, une histoire inhabituelle dans le sens où il met l’accent sur la puissance économique qui a permis au pays d’atteindre un tel niveau. Avec l’histoire du Dakota racontée dans ce livre, Garrett nous rappelle la façon dont les économies croissent et se développent.

Que s’est-il passé dans le Dakota ? Les agriculteurs ont investi dans les machines. La charrue à siège, la moissonneuse et la moissonneuse-batteuse ont permis aux exploitations agricoles de devenir beaucoup plus productives. Tout d’un coup, le travail d’un seul homme pouvait produire 5 000 boisseaux de blé. Un seul meunier pouvait transformer ce blé en une demi-tonne de farine.

Et ce n’est pas tout. De nouvelles voies ferrées ont relié l’agriculteur au moulin et le moulin aux marchés et aux ports de l’Est. Les énergies libérées étaient énormes. Garrett écrit :

« Le travail de quatre hommes — un agriculteur dans le Dakota, un meunier à Minneapolis et deux cheminots — plus un taux très faible de transport maritime — pouvait donc apporter en Europe assez de farine pour nourrir mille personnes pendant un an ».

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Tout est là…

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Autre exemple : l’acier. En 1870, il n’y avait à proprement parler pas d’industrie sidérurgique aux Etats-Unis. Les Américains achetaient leur acier en Europe. Pourtant, trente années plus tard, les Américains produiront plus d’acier que l’Allemagne, la France et l’Angleterre réunies.

Là encore, l’investissement dans les machines, le chemin de fer et les routes ont libéré un énorme potentiel économique.

▪ La Révolution industrielle en marche
Perceuses à vapeur. Machines à coudre. Ampoules électriques. Rotatives. Grues et monte-charges. Machines à vapeur. Navires en acier. Freins à air comprimé. Plomberie. Réfrigération. Tout cela est apparu dans les années qui ont suivi.

Les millionnaires poussaient comme des champignons. « La plupart de ces nouveaux riches venaient de la terre — des mines, des aciéries, des puits de pétrole, des entrepôts — et puaient leur travail », écrit Garrett.

Wall Street a financé de grandes entreprises, au-delà de ce qu’auraient pu faire cinq ou six hommes riches. D’énormes capitaux se sont dirigés vers les nouvelles industries en développement. Beaucoup de grandes entreprises étaient cotées en bourse.

La première entreprise à un milliard de dollars aux Etats-Unis fut United States Steel, assemblée de toutes pièces par J.P. Morgan. Elle possédait non seulement des aciéries mais aussi des mines de charbon, des carrières de calcaire, des navires, des chemins de fer et tout ce qui avait un rapport avec l’acier.

Wall Street l’a mis sur le marché à 40 $ l’action. Le cours chuta par la suite à 9 $. Mais quelques années plus tard, Wall Street la rachetait au public à 100 $ le titre. Elle atteint bientôt 200 $. C’était une époque grisante, risquée. Si vous achetiez cinq actions, il y avait de fortes chances que deux d’entre elles se retrouvent à zéro. Mais les trois restantes, si elles étaient gardées assez longtemps, vous rapportaient une fortune.

C’est là l’oeuvre d’un peuple libre. Tester les choses. Les essayer. Réussir et échouer. C’est un laboratoire brutal, duquel les gagnants et les perdants apparaissent au travers des essais et des erreurs. C’est ce qui construit les grandes richesses, les grandes économies et les grands pays.

C’est l’histoire américaine des deux siècles passés.

▪ Et aujourd’hui ?
Même s’il ne reste plus aucun endroit vierge pour qu’une nouvelle histoire américaine s’enracine, plus de continent vide où un peuple pourrait essayer de construire quelque chose à partir de zéro, on trouve de nouvelles versions de l’histoire américaine dans des endroits aptes à produire de la même manière une richesse époustouflante.

Ainsi, on peut trouver le Territoire du Dakota d’aujourd’hui dans des pays comme la Mongolie ou le Myanmar par exemple. Non que les Mongols soient aussi libres que les pionniers américains l’étaient, mais il y a un énorme potentiel à libérer en appliquant des technologies, du savoir-faire et des capitaux. Ce sont ces grands changements — et l’attrait du gain qu’ils représentent — qui me poussent à explorer le monde au-delà de l’Occident développé.

Par exemple, dans 10 ans, la Mongolie pourrait bien faire partie des pays les plus riches au monde, par habitant. En attendant, bon nombre d’opportunités intéressantes se présenteront.

Comme d’autres idées que j’ai partagées avec mes lecteurs, investir en Mongolie sera, je pense, fait de hauts et de bas, tout comme l’exemple de U.S. Steel dans l’histoire américaine. Mais les tendances long terme ici sont indéniables et prendront des années à se faire. Il vous faut croire dans cette vision globale. Vous devez croire que quelques entreprises sont en train de faire ce qu’il faut au bon moment.

Je sais qu’il est difficile d’avoir une vision sur le long terme. Je reçois continuellement des mails paniqués de lecteurs s’inquiétant à propos de tel ou tel titre parce qu’il n’a pas haussé depuis six mois ou un an. Je sais que la plupart des gens ne me suivront pas, quoi que je dise. Ils garderont une action pendant quelques mois voire peut-être un an et lorsqu’elle ne répondra plus à leurs attentes (ou même lorsqu’elle ne montrera aucun bénéfice), ils vendront. Et ils se mettront en recherche du prochain super investissement !

Mais dans la vie réelle, les grandes histoires se déroulent lentement. Comme pour l’histoire américaine, il faut prendre son temps pour la raconter, avec beaucoup de digressions. Apprenez à profiter de l’histoire et à penser sur le long terme. Ne vous laissez pas distraire par la marche quotidienne et hebdomadaire des informations et des cours.

Ne perdez pas de vue la vision d’ensemble et collez à la thèse initiale tant qu’elle reste valide !
[NDLR : Deux de nos spécialistes se sont intéressés à l’une de ces grandes histoires… et en ont tiré de magnifiques opportunités d’investissement : plus d’informations à venir très bientôt — restez à l’écoute !]

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