Contrairement aux idées reçues, l’or ne chute pas lorsque la Fed relève ses taux directeurs. Ce qui est important pour le cours de l’or, ce sont les anticipations d’inflation et non les hausses de taux.
Janet Yellen et sa bande confirment qu’un relèvement des taux est possible en décembre. A la date du 15 novembre, la probabilité assignée par les marchés à une hausse des taux par la Fed dépasse 85,1%.
Des taux d’intérêt plus élevés devraient entraîner un renforcement du dollar. Qui à son tour entraînerait une baisse de l’or. Par conséquent, l’or doit-il se préparer à se prendre une bonne raclée si la Fed relève les taux le mois prochain ?
N’y comptez pas. Pas si on en croit l’histoire…
Truewealth Publishing a étudié le cas de l’or par rapport aux taux d’intérêt, de 1976 à 2016. Cette durée de 40 ans couvre sept périodes de hausses importantes des intérêts. Les résultats ? Un extrait :
« Durant trois de ces périodes, le prix de l’or a chuté environ deux ans après qu’a commencé la hausse des taux. Sur une série de hausses, le prix de l’or est resté relativement stable. Et durant les trois autres périodes, le prix de l’or a augmenté en même temps que les taux d’intérêt. »
L’or a même gagné 118% dans les deux années qui ont suivi la série de hausses des taux par la Fed à la fin des années 1970, observe Truewealth.
Verdict final : « La corrélation entre le prix et l’or et les taux des fonds fédéraux est faible. »
Là, la sagesse conventionnelle se reçoit une claque en pleine figure. Et cette corrélation pourrait même être négative. Du moins depuis 1986…
Adrian Ash dirige le bureau de recherches chez BullionVault. Il affirme que l’or monte en général avec les hausses de taux :
« Au cours des 30 dernières années, le prix de l’or a grimpé plus souvent lorsque la Fed a remonté les taux d’intérêt que lorsqu’elle les a abaissés.
[…] En fait, sur le long terme, une hausse des taux est également suivie par des gains de l’or beaucoup plus importants que lors d’une baisse des taux, et plus fréquemment également.«
Comment diable expliquer cela ? Selon Adrian, tout est question… d’anticipation :
« Sur le court comme sur le long terme, il semble que ce soit l’anticipation — d’abord de la décision de la Fed elle-même, mais surtout de l’inflation. »
Il explique :
« Vendre à l’avance a pour effet de faire baisser le prix de l’or avant que la Fed ne fasse son annonce … ce léger déphasage auto-porteur donne lieu à un réel décalage entre ce que l’intuition nous dit que l’or devrait faire lorsque la Fed remonte (ou abaisse) les taux et ce qui arrive réellement après. »
Adrian mentionne les prévisions d’inflation. Et c’est là que cela devient intéressant :
« Lorsque la Fed relève les taux, toutes choses étant égales par ailleurs, c’est parce que la banque centrale sent que l’inflation arrive… L’augmentation importante de l’or en 2016 indique un pressentiment de l’inflation, du moins en ce qui concerne les investisseurs et les traders professionnels. »
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Nous avons dernièrement beaucoup écrit sur la possibilité d’un retour de l’inflation. C’est encore très ténu pour le moment, tout juste un bruissement…
L’essence à la pompe augmente. Tout comme les coûts des soins de santé. Les principaux indicateurs montrent que le secteur des services, crucial, est en train de légèrement chauffer. Cela fait dire à Business Insider aujourd’hui que « l’inflation est là : une majeure partie de l’économie américaine vient de le prouver. »
Le célèbre gestionnaire de fonds Paul Singer doit lire les mêmes infos :
« Cela peut sembler étrange de s’inquiéter de cela dans les circonstances actuelles, mais le courant qui mène vers l’inflation pourrait brusquement s’intensifier. »
Paul Singer doit également lire Jim Rickards. L’inflation est restée à l’état latent pendant des années. Mais elle peut se réveiller au moment où on s’y attend le moins, selon Jim. Puis elle pourrait se propager, rapidement :
« L’inflation peut réellement échapper à tout contrôle très rapidement. Nous pourrions la voir passer de 2% à 3%, puis grimper à 6% puis à 9% ou 10%. »
Cette brave Janet Yellen n’a cessé dernièrement de radoter sur les vertus d’une économie « à haute pression ». Elle laisserait l’inflation dépasser sa précieuse cible de 2%. Cela pourrait doper la croissance, selon elle.
Comme l’analyse Jim Rickards, Yellen joue avec le feu. Elle voudrait juste une petite flambée pour réchauffer le moral économique.
Mais si elle n’y prend garde, elle pourrait finir par brûler la maison.