La Chronique Agora

Le premier président « décliniste » des Etats-Unis

croissance

A quoi est due la croissance molle américaine ? Janet Yellen pense que c’est en raison de la drogue, des chercheurs universitaires pointent les jeux vidéo…

Les personnages et évènements publics relèvent presque toujours de l’imposture, d’une certaine manière.

Le jour de la prise de la Bastille, en France, ne fait pas exception. On le célèbre comme un symbole de liberté.

Mais l’assaut mené par les révolutionnaires sur la prison de la Bastille, ce fameux jour de 1789, n’a abouti qu’à la libération de sept misérables pervers et faibles d’esprit.

Par ailleurs, cette action a été suivie du massacre de milliers de personnes, pendant la Terreur – la période la plus sanglante de la Révolution française – et à la mort de cinq autres millions lors des guerres napoléoniennes.

Aujourd’hui, toutefois, nous nous détournons des arnaques de la politique et revenons à nos bonnes vieilles absurdités. Nous allons parler d’économie et de finance !

Dans la presse, nous avons découvert deux nouveaux éléments expliquant pourquoi ce siècle est si décevant.

D’abord, la présidente de la Fed, Janet Yellen, a proposé cette idée, parue sur MarketWatch :

« Depuis plusieurs dizaines d’années, nous constatons une baisse de la participation à la main-d’oeuvre chez les adultes âgés de 25 à 54 ans, et je pense que cela reflète toutes sortes de tendances défavorables liées en particulier au bouleversement technologique qui a fait disparaitre de nombreux emplois offrant un revenu intermédiaire.

Un grand nombre de personnes peu qualifiées ont du mal à trouver des emplois offrant un salaire médian. Et, donc, cela s’est peut-être amplifié pendant la récession, mais il s’agit d’une tendance bien plus durable. Nous constatons désormais, malheureusement, qu’il y a probablement un lien avec le fléau des opiacés.

Je ne sais pas si c’est une cause, ou l’un des symptômes des maux économiques qui durent depuis longtemps et frappent ces communautés. »

Ensuite, le Wall Street Journal, a pointé du doigt ce qui suit :

« Des universitaires de Princeton, Chicago et Rochester affirment qu’il existe énormément d’indications selon lesquelles, depuis l’an 2000, des hommes qui travailleraient en temps normal sont entraînés dans des univers virtuels immersifs et renoncent à gagner leur vie.

En outre, ces hommes disent éprouver des niveaux de bien-être supérieurs, par rapport à ceux qui travaillent, et comptent sur le soutien de papa et maman pour maintenir cette situation.

Les marginaux, essentiellement, ne s’en sortent pas grâce aux aides du gouvernement. Ce sont plutôt des membres de leur famille qui le leur permettent. Les chercheurs ont découvert qu’en 2015, près de 70% de ces hommes qui ne travaillent pas vivaient avec un proche parent, contre 46% en 2000. »

Qu’ils prennent de la drogue ou qu’ils jouent à des jeux vidéo ne nous regarde pas. Et si leurs familles veulent les soutenir… eh bien… bravo pour cette prouesse.
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Nous essayons simplement de relier les données entre elles…

Le meilleur est derrière nous

Donald J. Trump est le premier président « décliniste » des Etats-Unis.

En fait, il est le premier à admettre que les beaux jours du pays sont probablement derrière nous. « Restituer sa grandeur à l’Amérique » est une promesse contenant un aveu.

Mais on ne peut pas revenir en arrière, à moins de bien vouloir cesser d’avancer. A la grande consternation de nos lecteurs, nous avons douté que ce soit possible. Les empires ne font pas marche arrière. Et M. Trump n’a montré aucun signe indiquant qu’il savait dans quel train il était monté, ni où il allait.

A présent, au bout de six mois de ce nouveau gouvernement, il devient de plus en plus clair que nous avions raison lui et moi : l’Amérique décline. Le président Trump ne va pas y remédier.

Selon la revue Foreign Policy :

« Selon un nouveau rapport rédigé par le Pew Research Center, qui a publié jeudi après-midi les résultats d’une étude portant sur 38 pays : si une majorité des personnes interrogées pensaient, avec raison, que les Etats-Unis étaient la première économie mondiale, 12 pays y compris le Canada, la Russie et la majeure partie de l’Europe de l’ouest, pensaient que la Chine était la première économie mondiale.

Pew a détecté un changement spectaculaire ; lorsque cette question avait été posée entre 2014 et 2016, seuls six pays avaient dit que Pékin possédait l’économie la plus robuste du monde. Depuis, le nombre de pays pensant que les Etats-Unis arrivent deuxième après la Chine a doublé. Ce qui est encore plus frappant, c’est que ce changement s’est produit au cours de l’année dernière : le Canada, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie ont tous changé d’avis, et font passer la Chine en tête, à la place des Etats-Unis.

Les taux de croissance des Etats-Unis ne représentent plus que la moitié de ce qu’ils étaient au cours de la période de gloire du pays, et moins de la moitié des taux de croissances de la Chine… et ils ne montrent aucun signe d’augmentation.

Ceux qui ont créé le problème ne proposeront pas de solution

Ce n’est pas tout. Ni les démocrates, ni les républicains n’ont envie de débattre du véritable problème, et ils ne sont pas assez audacieux non plus pour proposer des solutions de redressement.

Pourquoi ?

Parce que ces deux partis font partie du problème et non de la solution.

Avant la Révolution française, l’élite était devenue corrompue, décadente et inefficace. Elle bénéficiait des accords gagnant-perdant imposés au peuple par le gouvernement. A présent, c’est l’élite actuelle qui bénéficie des accords gagnant-perdant… et elle n’est pas près d’y renoncer.

Pourquoi la croissance est-elle si faible ?

Parce que trop de gens et trop de ressources sont détournés vers les compères et les zombies au lieu d’être investis dans l’économie réelle. Certains zombies jouent à des jeux vidéo. Certains se droguent. Certains font les deux.

Peut-être vous souvenez-vous de la maxime n°3 de La Chronique : les gens ne sont ni toujours bons ni toujours mauvais, mais ils sont toujours influençables.

Ce qui nous intéresse, ce sont les influences qui ont fait diminuer cette participation à la main-d’oeuvre des hommes en âge de travailler, passée de 76% en 1990 à 69% à l’heure actuelle.

Cela représente environ six millions d’hommes qui devraient contribuer, en temps normal, à la croissance et à la production. Or au lieu de contribuer à la production de précieux biens et services, ils les consomment.

En tout, 102 millions de personnes en âge de travailler seraient sans emploi. Comme 200 millions de personnes sont en âge de travailler, cela signifie que plus d’une personne sur deux est sans emploi.

Des emplois de type « du pain et des jeux »

Pire encore, ceux qui ont un emploi travaillent de plus en plus dans des secteurs à « faible productivité » : la fonction publique, les loisirs, l’éducation et la santé.

Notre ami David Stockman, ex-membre du cabinet de Reagan, a accompli un excellent travail, dans sa lettre d’information Contra Corner : il y détaille comment on a basculé, au cours de ce siècle, de l’emploi « permettant de faire vivre une famille » ou « gagne-pain » vers l’emploi de type « du pain et des jeux ».

Depuis l’an 2000, le nombre d’emplois offrant une rémunération élevée dans les mines, la fabrication et la construction – secteurs employant traditionnellement des hommes – a chuté d’environ 15%.

Dans le secteur manufacturier US, le nombre d’emplois est retombé à un niveau enregistré pour la dernière fois il y a 72 ans.

La plupart des nouveaux emplois ont été créés dans les secteurs des services : garer des voitures, servir dans un bar, faire le ménage. Une grande partie de ces emplois à temps partiel et offrent un salaire moyen annuel de 21 000 $ seulement.

Diable, face à ces alternatives, nous aussi nous préfèrerions peut-être jouer aux jeux vidéo dans le sous-sol de papa et maman !

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