La Chronique Agora

La crise du crédit menace toujours… en Chine et ailleurs

▪ Vous ne l’avez peut-être pas remarqué mais la Chine a traversé pas moins de trois crises mineures de liquidités l’année dernière. Les taux interbancaires ont grimpé en flèche à 9,39% en juin. Ils ont augmenté à nouveau en octobre. Et en décembre, ils se sont à nouveau envolés à 8,95%.

Le niveau des intérêts que les banques se font entre elles pour leurs prêts au jour le jour est une mesure de la solidité du système financier. Si les banques ne se font pas confiance entre elles, si elles doutent les unes les autres de la qualité de leurs actifs ou de leur nantissement, alors le crédit cesse d’entrer dans l’économie. Et si cela arrive dans des économies comme celle de la Chine, alors la croissance marque également un arrêt.

La Banque populaire de Chine a réagi à chaque hausse des coûts d’emprunt au jour le jour en annonçant la liquidité du marché. "Ne vous inquiétez donc pas, banquiers de l’ombre ! Il y a assez d’argent en circulation pour tout le monde. Si vous en manquez, nous en créerons plus, tout simplement". A chaque fois, la gouvernement chinois a réagi pour que les choses reviennent à la normale (ou pour ce qui passe être la normale dans le système financier chinois).

Mais qu’est-ce qui est normal en Chine aujourd’hui ? Le gouvernement central souhaite resserrer le crédit afin de contenir la hausse des prix des terrains et la hausse de la dette des administrations régionales. Mais lorsqu’il a fait machine arrière sur le programme de stimulation économique de 2009, les prêts des banques de l’ombre (shadow banking) aux administrations régionales ont pratiquement doublé en l’espace de deux ans pour atteindre près de 36 000 milliards de yuans (5 900 milliards de dollars).

Emprunter de l’argent pour spéculer sur le prix des terrains est la recette idéale pour créer une bulle.

Deux problèmes entrent en jeu. D’abord, des prêts non réglementés peuvent conduire à des prises de risque dangereuses. Toutes les dettes ne sont pas douteuses. Mais emprunter de l’argent pour spéculer sur le prix des terrains est la recette idéale pour créer une bulle. L’histoire nous le prouve, de la bulle du Mississippi et celle de la South Sea jusqu’à la méga-bulle américaine des subprime.

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Le second problème est la contrepartie. La contrepartie de qualité se trouve de plus en plus rarement partout dans le monde entier. Ce n’est pas différent en Chine. Le système bancaire de l’ombre consiste à utiliser toute sorte d’actifs non-traditionnels comme nantissement pour plus de crédit, puisque la création de crédit par la banque centrale a été ralentie.

▪ Qu’est-ce que la contrepartie ?
Pour ne pas entrer dans des détails trop philosophiques, je dirais simplement que la contrepartie de qualité fut un temps l’argent liquide, l’or ou les biens immobiliers. Dans notre système financier mondialisé, le bon du Trésor américain a longtemps été considéré comme le nantissement le plus sûr au monde.

Le problème, comme d’habitude, c’est la dette.

Le problème, comme d’habitude, c’est la dette. Les inquiétudes sur les niveaux de dette souveraine peuvent sembler négligeables en 2014. Après tout, le marché boursier est à la hausse. Comme l’a dit un jour Dick Cheney, "Les déficits importent peu". Les gouvernements ont certainement prouvé cela depuis 2009. Ils ont supporté les dettes du système bancaire et les banques centrales se sont mises à prêter à tout va, pour des projets peu scrupuleux n’aboutissant qu’à des pertes.

Mais les déficits IMPORTENT. Ils importent parce que l’argent emprunté doit être remboursé. Pour le rembourser, des rentrées régulières sont nécessaires, de préférence en provenance des actifs productifs construits à partir de l’argent emprunté. Si vous empruntez de l’argent juste pour rembourser l’intérêt de l’argent que vous avez emprunté auparavant, vous être engagé dans ce que Minsky appelle "le système de Ponzi".

Le graphique ci-dessous montre que la situation ne s’est pas réellement améliorée depuis 2009 s’agissant des niveaux d’endettement public en pourcentages du PIB. La perspective d’un krach de dettes souveraines puis d’une crise des dettes souveraines est tout autant à l’ordre du jour aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Peut-être même plus, en fait.

Certes, personne n’aime s’entendre prophétiser une crise de la dette souveraine. Mais il faut le dire. La raison pour laquelle on en parle pas plus que cela est que les gouvernements ont utilisé leurs banques centrales pour détourner l’attention sur/pour organiser une mise en scène massive avec les marchés boursier. La hausse des marchés actions est un moyen de cacher la détérioration démographique du bilan des Etats. La crise est encore à venir.

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