La Chronique Agora

Créance douteuse : La hausse des taux de la Fed a déjà eu lieu

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Même sans hausse du taux directeur de la Fed, les taux d’intérêt montent. Le niveau d’endettement est tel qu’une faible différence se traduit vite par des charges d’intérêt insurmontables. De quoi mettre le feu au système bancaire européen.

La puissance du verbe des banquiers centraux est divine. La Fed n’a pas encore augmenté ses taux directeurs mais M. Le Marché a déjà acté.

Le taux directeur, qui fixe à quel prix les banques commerciales ont le droit de créer de l’argent, est un plancher. Si ce taux monte, les taux de tous les autres crédits montent d’un cran.

Juste derrière le taux directeur, on trouve le taux des prêts interbancaires. Théoriquement, rien de plus fiable qu’une banque (à part peut-être un Etat immortel avec des contribuables dociles), n’est-ce pas ? Donc le tarif des prêts interbancaire est ce qu’on peut trouver de plus proche du taux directeur.

Comme vous le montre ce graphique, depuis juin 2016, le taux interbancaire a bondi de 0,65% à 0,85% ; même le taux directeur dit effectif évolue dans la bande 0,36%/0,40% depuis la dernière hausse.

Les banques commerciales ont déjà anticipé la hausse…


Cliquez sur le graphique pour l’agrandir

Donc le plancher commence à se soulever, et alors ?

Les taux montent, les intérêts montent, et le ratio des prêts « non performants » aussi

C’est ici qu’il faut tailler votre crayon et faire un peu de calcul.

Les entreprises sont endettées, les particuliers sont endettés, les Etats sont endettés. Tout ça nous fait un petit stock de 152 000 milliards de dollars de « promesses de payer ». Dans le même temps, dans le monde, en gros, 70 000 milliards de dollars de produits et services se monnayent tous les ans.

Et comme nous l’avons déjà calculé, +0,25% d’intérêt sur le stock de dettes fait 380 milliards de plus à payer. Soit 0,54% du PIB mondial, soit encore 0,54% de « croissance » en moins. Et si c’est 0,50% de plus, cela fait 1,08% de croissance en moins.

A ce stade vous reposez votre crayon et vous connectez deux neurones.

Avec quoi paye-t-on les intérêts d’un prêt ? Avec l’argent qu’on espère gagner. Et si on n’en gagne pas ? On ne peut plus payer. Evidemment, on ne le dit pas comme ça à son banquier. On dit simplement qu’on a une difficulté passagère, une fin de mois difficile, balablabla…. Le banquier, lui, classe votre prêt en « non performant » car vous avez raté une échéance de remboursement. Vous négociez un « refinancement », un rééchelonnement. Sauf que comme les taux montent, cela devient de plus en plus douloureux.

Voilà comment le stock de créances douteuses grandit dans les banques.

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Ha, à propos…

La Banque centrale européenne vient de rappeler à l’ordre la banque italienne Banca Carige à propos de ses créances douteuses insuffisamment provisionnées. Problème : la banque vient de boucler une augmentation de capital et il lui en faudrait déjà une autre du même montant.

Deutsche Bank a réussi à afficher des bénéfices mais malgré cette annonce, la banque est valorisée 18 milliards d’euros, largement en dessous de ses capitaux propres (47,7 milliards d’euros) et les déposants fuient. « Le troisième trimestre a été marqué par des sorties de capitaux des clients : les réserves de liquidité s’élevaient à 200 milliards d’euros en septembre contre 223 milliards en juin », selon L’Agefi.

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Ironie du sort, qui plaira à Bill Bonner, les chiffres de croissance du Royaume-Uni post-Brexit défient les économistes qui voyaient l’île couler après son vote populiste. Pour le moment, le système bancaire britannique affiche un niveau de créances douteuses enviables.

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