La Chronique Agora

Crainte et avidité se livrent bataille

** "Les ventes de nouvelles maisons enregistrent une baisse record", déclare l’agence Associated Press, en référence à la chute de 26% enregistrée en 2007.

* En Floride, l’immobilier est "au point mort", ajoute le Dallas Morning News.

* Et l’économie américaine tout entière "risque la guillotine", selon Newsweek.

* La grande bataille se livre, comme toujours, entre l’avidité et la crainte. L’avidité fait grimper les prix. La crainte les entraîne par le fond.

* Pour l’instant, c’est la crainte qui gagne.

* "La crainte hante les marchés", déclare The Economist.

* Oui, cher lecteur, la crainte — la force de la déflation — fait les gros titres. La récession, selon les journaux, est soit sur le point d’arriver… soit déjà parmi nous.

* Lorsque M. le Marché a recours à la peur, M. le Manipulateur de Marchés a du mal à l’en empêcher. Les investisseurs effrayés ont mis à mal les actions — effaçant plus de 1 000 milliards de dollars de richesse implicite. Les propriétaires pris de panique ont vendu des maisons — soustrayant près de 2 000 milliards de dollars de valeur implicite des actions immobilières. La crise du subprime devrait effacer un demi-millier de milliards supplémentaire. Des milliards ici… des milliards là…

* Que peuvent faire les forces de l’inflation contre ces féroces attaques ? M. le Politicien a élaboré un plan visant à injecter 150 milliards de dollars dans l’économie américaine. M. le Directeur de la banque centrale US a baissé ses taux de 75 points de base… et menace de les baisser plus encore.
 
* Le problème, comme le formule si élégamment le Financial Times, c’est que "l’orgie de crédit" est terminée. Il n’y a plus d’alcool. La musique a cessé. Et quelqu’un a appelé la police. Bush et Bernanke arrivent avec quelques bouteilles en plus, mais les invités sont déjà en train de remettre leurs manteaux en cherchant leurs clés de voiture.

* Si nous avons raison, l’une de ces deux choses s’ensuivra :

* Si M. le Marché peut en faire à sa tête, la crainte dominera le marché… et les actions chuteront tandis que l’or stagnera.

* Si M. le Manipulateur de Marchés a le dessus, l’avidité sera de retour… mais pas forcément là où il le souhaite. Les actions stagneront, tandis que l’or grimpera.

* Plus probablement, chacun d’entre eux aura quelques victoires et quelques défaites, à mesure que Dame Fortune fait des allers-retours d’un camp à l’autre.

** Nous avons eu une petite idée de la direction que prennent les choses lundi. Le Dow a grimpé, mais toute l’action se passait dans l’or, qui a grimpé de 16 $ pour atteindre le nouveau record de 927 $. Lors d’un boom sain, personne ne s’en serait soucié… et les investisseurs ne s’en seraient pas souciés il y a quelques années de ça. Un boom sain produit une hausse des actions… laissant l’or sur place. Et ce n’est pas un boom sain du tout. C’est un boom frauduleux — et les investisseurs le savent ; ils font passer leurs spéculations des actions vers l’or.

* C’est ainsi que commence une nouvelle étape du marché haussier de l’or. Vous vous rappelez quand on pouvait acheter de l’or aux environs de 300 $ l’once — il y a sept ans ? Il grimpait de manière hésitante, abandonnant souvent ses gains. Les gens se demandaient si l’or n’avait pas été rendu complètement obsolète par des instruments financiers sophistiqués. Si vous vous inquiétez d’un marché baissier, achetez des options put, disaient les experts. Si vous vous inquiétez de la dépréciation du dollar, achetez des euros. Et si vous voulez vous protéger des faillites, achetez des swaps.

* Les experts ne pouvaient pas imaginer un jour où ils auraient à se faire du souci pour toute la structure financière basée sur le dollar… la capacité des plus grandes banques à survivre… et la capacité des plus grandes sociétés de remplir leurs obligations.

* Mais nous y voilà… et l’or grimpe. A présent, il prend 10 $… 15 $… 20 $… en une seule journée. Et les gens commencent à en entendre parler dans les journaux. Ils commencent aussi à se demander jusqu’où ira le prix… et où ils peuvent acheter des krugerrands.

* Lundi, Peter Munk, PDG de la plus grande société minière au monde, Barrick Gold, a affirmé aux grandes huiles de Davos que le marché baissier de l’or avait encore du chemin à parcourir. Selon lui, le prix atteindrait "la fourchette des 2 000 $" avant que les choses se terminent.

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