Sur les marchés, le coût du risque se mesure toujours par rapport aux obligations américaines. Cette mesure a-t-elle encore un sens ?
Nous avons étudié le z-score de diverses classes d’actifs. Pour faire court, tout est surévalué à part l’immobilier – parce que les banquiers centraux n’achètent pas de maisons avec le quantitative easing (QE).
Les plus grands contrevenants à la loi statistique de « retour à la moyenne » sont les obligations d’Etat. Ce sont les actifs qu’achètent le plus les banques centrales.
Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur ce qui passe exactement sur le marché américain des obligations souveraines. Pourquoi ? Parce chaque actif financier dans le monde est basé sur les bons du Trésor américain.
En théorie, la dette du gouvernement américain est sans risque. Cela signifie qu’elle est utilisée dans les modèles financiers de quasiment tous les actifs financiers. Or ces modèles financiers influencent fortement les cours du marché.
Si on examine une équation de valorisation financière, on trouvera nécessairement un taux sans risque – noté rf (comme risk free) En effet, tout sur les marchés financiers a une valeur en termes relatifs. Le point de comparaison est le taux sans risque, les bons du Trésor américain. Les économistes appellent cela le coût d’opportunité ou le coût du risque.
Cette référence dépendante aux bons du Trésor comme taux sans risque signifie que, si les bons du Trésor américain se détraquent, tout le reste aussi. Des milliers de milliards de contrats sur produits dérivés deviennent soudainement des armes de destruction massive avec un bug informatique dans le système de guidage.
Mais pourquoi le marché des bons du Trésor US se détraquerait-il ? En particulier si les banquiers centraux en sont responsables ?
L’aléa politique est la principale source de danger
Le seul élément sur lequel les banquiers centraux ne semblent pas avoir de contrôle, ce sont les hommes politiques. Ils sont capables de démolir le marché du bon du Trésor US de toutes sortes de manières créatives.
En ce moment, les banquiers centraux ont un sujet d’inquiétude légitime. Les chiffres le montrent déjà.
La courbe de rendement des bons du Trésor US indique comment les obligations de différentes maturités sont évaluées. En général, les investisseurs exigent des rendements plus élevés pour des obligations à échéances plus longues parce que le risque est plus élevé sur des périodes plus longues. Cela signifie que la courbe de rendement se déplace vers le haut.
Mais lorsqu’elle se déplace vers le bas, cela laisse penser qu’une récession arrive. Les investisseurs recherchent une valeur refuge à moyen terme. Ils font monter les prix des obligations correspondantes et la courbe descend.
Bloomberg explique que la courbe des rendements obligataires américains se rapproche dangereusement du point de retournement : « la courbe de rendement des bons du Trésor s’est déjà inversée six fois par le passé depuis les années 1960, y compris avant les deux dernières récessions en 2000 et 2006. »
Une récession va-t-elle donc frapper les Etats-Unis ? Le problème avec cet indicateur vieux de plusieurs siècles est que les banquiers centraux l’ont complètement faussé avec leurs achats d’obligations. Qui peut dire à quoi ressemblerait la courbe des rendements sans leurs milliers de milliards de dollars ?
Toutefois, on peut affirmer avec certitude que les Etats-Unis n’ont pas connu de récession depuis étonnamment longtemps. La mauvaise gestion économique au niveau politique pourrait être le déclencheur.
Ce qui nous amène au second sujet d’inquiétude.
La menace du vote du budget
Obtenir du Congrès qu’il approuve le budget de Trump ne va pas être facile.
Le Secrétaire américain au Trésor est déjà autorisé à utiliser des « mesures extraordinaires » pour trouver de l’argent.
Je sais ce que vous pensez. Ce problème ne date pas d’hier et il ne sera jamais résolu. On trouve toujours un compromis de dernière minute. Vous avez raison.
Mais Donald Trump n’est pas un homme politique comme les autres. Il n’a pas peur de ce que les marchés financiers redoutent le plus : des difficultés sur le marché américain des obligations souveraines.
En mai, Trump avançait qu’un « shutdown« , une fermeture de l’administration, serait exactement ce dont le pays aurait besoin. Sur Twitter, bien sûr. Trump est persuadé de trouver un compromis chaque fois que des échéances menacent.