▪ Jouons au petit jeu de « Vrai ou Faux ». J’avance une assertion et vous répondez soit « vrai », soit « faux ».
1) Deux policiers dans le Colorado ont été limogés ; ils sont accusés de crime pour avoir tiré sur un élan.
2) Deux policiers dans l’Etat de Washington ont été limogés ; ils sont accusés de crime pour avoir tiré à seize reprises sur un homme couché dans son lit.
3) Les Etats-Unis dépensent chaque année plus d’argent avec l’Administration pour la sécurité des transports (Transportation Security Administration, TSA) que ce que gagne le Nicaragua.
4) Les morpions sont en voie de disparition du fait de l’épilation des poils pubiens.
5) Les coupes budgétaires automatiques qui ont débuté vendredi dernier réduiront la dette publique américaine de 85 milliards de dollars cette année.
6) Les sorcières lisent le Daily Reckoning.
Les bonnes réponses sont, dans l’ordre : vrai, faux, vrai, vrai, faux, vrai. Je parlerai dans cet article uniquement de la plus surprenante de ces assertions, c’est-à-dire la numéro 5.
Mais pour ceux qui douteraient de nos réponses, voici nos sources (en anglais) :
1) Vrai, lire ici : Police Shoot Trophy Elk
2) Faux. Certes, la police a tiré à seize reprises sur un homme dans son lit mais la justice a déterminé que cet usage de la force était « justifié ». Police Shoot Man 16 Times.
3) Vrai. Voir le tableau ci-dessous :
4) Vrai. Les morpions sont les dernières victimes en date d’une destruction de leur habitat. Voir : Bikini Waxing.
5) Faux. Voir plus loin.
6) Vrai. Suite à notre article sur la « sorcellerie des banques centrales », nous avons reçu dans nos bureaux américains plusieurs courriers de Wiccans, qui nous ont critiqués pour avoir été « extrêmement insultants envers les sorciers et les Wiccans ».
__________________________
Votre patrimoine n’est pas à la hauteur de vos espérances…
Votre revenu suffit tout juste à couvrir vos dépenses — et ces dépenses grimpent…
On est en pleine crise ; les économistes prédisent que les choses vont empirer…
QUE POUVEZ-VOUS FAIRE ?
La réponse est étonnamment simple… et étonnamment efficace : tout est là…
__________________________
▪ Un sujet qui fâche…
A présent… revenons à notre phrase numéro 5, « les coupes budgétaires automatiques qui ont débuté vendredi dernier réduiront la dette publique américaine de 85 milliards de dollars cette année ».
Faux. Totalement faux.
La vérité blesse, comme on dit — c’est pourquoi dire des vérités trompeuses est une pratique très prisée. Pour illustrer le pouvoir trompeur des vérités, étudions la remarque suivante :
« Au cours de ces dernières années, les deux partis [démocrate et républicain] ont travaillé main dans la main pour réduire le déficit de plus de 2 500 milliards de dollars. Résultat, nous avons parcouru plus de la moitié du chemin pour atteindre l’objectif de 4 000 milliards de dollars de réduction des déficits dont nous avons besoin, selon les économistes, pour stabiliser nos finances ».
Le président Obama a prononcé cette phrase dans son discours sur l’état de l’Union… cela doit donc être vrai.
Mais cela est également très trompeur. D’une manière ou d’une autre, la réduction des déficits de 2 500 milliards de dollars d’Obama s’est en fait traduite par 5 000 milliards de dépenses déficitaires au cours des cinq dernières années. Autrement dit, au cours des quatre premières années d’Obama à la Maison Blanche, le pays a creusé le trou de son déficit de 5 000 milliards de dollars supplémentaires.
En pourcentage du PIB, la dépense publique non financée d’Obama a atteint un pourcentage de 8,3% du PIB, ce qui est digne d’une république bananière. C’est plus du double que le pire déficit jamais enregistré par un président en quatre ans au cours des trente dernières années.
Nous ne faisons pas cette observation pour tirer les oreilles du président, ni pour promouvoir un programme politique en particulier. Les républicains savent eux aussi dépenser l’argent qu’ils n’ont pas. Nous faisons cette observation pour rappeler à nos chers lecteurs combien les vérités peuvent être trompeuses.
▪ Comment se ruiner… moins vite que prévu
En tant que pays, nous sommes ruinés. Voilà la vérité. Mais cela fait mal. Donc, au lieu de faire face à cette vérité avec honnêteté, le débat national tourne autour de comment devenir plus ruiné moins vite que prévu.
La plupart des gens imaginent que tous les débats organisés à propos des « coupes budgétaires automatiques », des « réductions budgétaires » et des « réductions des déficits » ont pour but de trouver comment rendre le pays plus solvable.
Ce n’est pas le cas. Pas du tout.
Ces grands débats politiques ne portent que sur le calibrage de la vitesse à laquelle nous nous appauvrissons.
Voici une vérité qui fait mal :
Une réduction budgétaire ne produit pas des économies ; elle ne réduit même pas la dette publique ; elle réduit simplement la taille de l’augmentation de la dette.
Une réduction budgétaire est simplement un engagement à emprunter moins d’argent qu’on ne prévoyait de le faire. C’est comme si vous ou moi n’utilisions seulement que neuf de nos 10 cartes de crédit au lieu des dix… et que nous appelions cela « austérité ».
La terrible coupe automatique qui a taillé dans le vif le budget américain vendredi dernier a retiré 85 milliards de dollars de dépenses prévues. Mais même en supposant que ces réductions restent en vigueur, la dette publique augmenterait encore de 845 milliards de dollars cette année (selon le CBO), soit environ quatre fois plus vite que la croissance économique prévue.
En outre, un déficit de 845 milliards de dollars serait le cinquième plus grand de tous les temps. Les déficits de 2009, qui se comptent en milliers de milliards de dollars, jusqu’en 2012 ont enregistré les quatre premières places au classement de la honte budgétaire.
Par conséquent, la prochaine fois que vous entendrez un homme politique parler avec passion des réductions budgétaires ou des réductions des déficits, rappelez-vous ce vieil adage : « les chiffres ne mentent pas mais les menteurs adorent les chiffres ».