La Chronique Agora

Constat d’échec

On sent une atmosphère de fin de partie dans les titres de journaux, les gros comme les petits.

Le discours ambiant du style "vous allez voir ce que vous allez voir, les banques centrales et les autorités reprennent les choses en main, des actions inédites et inouïes vont être entreprises, 2008 ne sera pas 1929" est progressivement remplacé par un constat incrédule d’échec. Les flèches de l’Abenomics, le gonflement des bulles immobilières et boursières, le ralentissement économique même aux Etats-Unis, la montée du chômage ou plutôt la baisse du taux d’activité et une étrange petite poussée d’inflation aux Etats-Unis…

Encore une chronique désabusée me direz-vous.

Oui, mais je n’y peux rien. L’immense majorité des commentateurs a décidé de regarder l’actif des bilans, je me concentre sur le passif. Ce qui est indissociable pour une entreprise l’est aussi pour les Etats depuis que ceux-ci se mêlent de la vie économique. L’actif n’est que la transformation du passif, ce sont les deux faces d’une même médaille. L’actif (immobilisé ou circulant) ce sont les biens (équipements, usines, stocks, produits finis, brevets) et le passif ce sont les ressources, c’est à dire comment ces biens ont été acquis : par des capitaux propres ou du crédit.

En principe, l’actif est égal au passif.

▪ En principe seulement et au début. Mais quand on dépense bêtement, l’actif à la revente ne vaut pas cher et l’intérêt de l’emprunt du passif devient très lourd.

Entre 2000 et 2013, le PIB de la France a gagné 600 milliards d’euros et la dette a progressé de 1 200 milliards d’euros. Ce qui conduit au brillant résultat que deux euros de dette achètent un euro de croissance.

Le passif gonfle et l’actif ne vaut pas tripette. Tant que de complaisants créditeurs souscrivent à notre dette, tout va bien. L’important, c’est de ne pas avoir votre épargne prise en otage quand ces complaisants créditeurs voudront s’enfuir très vite

Le jour où le taux de l’OAT à 10 ans commencera à se tendre, tout ira très vite aussi en France.

Pour le moment, tout va encore très bien, nous avons un répit…

D’autant plus que si l’inflation se réveille aux Etats-Unis, les bons du Trésor en dollars paraîtront de moins en moins alléchants au taux actuel ce qui donnera un sursis aux obligations libellées en euro.

▪ Qu’est-ce que cela signifie pour vos investissements ? Cette fois ne sera pas différente : un jour, l’actif et le passif devront se rééquilibrer. Le passif est devenu énorme tandis que l’actif se détériore.

Adieu assurance-vie en euro, livrets, etc.

Lorsque je dis cela, la question suivante est invariablement : "alors j’investis dans quoi ?". Investir, c’est rechercher du rendement ; le reste (rechercher un actif qu’on espère pouvoir vendre plus cher un jour), c’est de la spéculation.

La réponse étrange de notre époque étrange est que les investissements ont été détruits par les politiques monétaires des banques centrales : les prix ont tant monté que les rendements de tout se sont écroulés.

Dans l’immobilier, pensez en termes de rendement, de valeur locative et pas en termes de plus-values avec des mantras tels que "l’immobilier à Paris, ça montera toujours et c’est un bien tangible débancarisé".

La situation actuelle n’est pas facile à négocier mais vous devez jouer la sécurité. Votre premier objectif doit être de ne pas perdre d’argent dans la débâcle qui s’annonce.

Pour terminer aujourd’hui sur le chapitre investissement vs spéculation, l’or n’est pas spéculatif. Avoir de l’or, c’est simplement acheter une assurance contre le krach obligataire et monétaire.

Meilleures salutations,

Simone Wapler
Pour la Chronique Agora

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