La Chronique Agora

Consommer ou ne pas consommer

** D’une manière ou d’une autre, en dépit d’improbabilités statistiques impressionnantes, le consommateur américain semble toujours inventer de nouvelles manières de dépenser de l’argent qu’il n’a ou n’a pas — pour des choses dont il a ou n’a pas besoin.

– Depuis la Grande Dépression, le consommateur américain n’a jamais fait de pause dans ses emprunts et ses dépenses infatigables. La guerre de Corée, la guerre du Vietnam, l’embargo pétrolier, la stagflation de l’ère Carter, le krach pétrolier du milieu des années 80, le krach boursier post-2000, le début de krach immobilier qui a suivi — rien de tout cela n’a réussi à freiner la consommation.

– Au contraire, chaque nouvel obstacle semble nourrir des moyens plus créatifs encore de financer une consommation épique. Et si cette dernière a des limites, les consommateurs US ne les ont pas encore trouvées. Il se pourrait, cependant, que ce jour approche. Le consommateur américain n’a jamais endossé tant de dettes qu’aujourd’hui. Malgré cela, les ventes post-Thanksgiving ont grimpé de près de 19% par rapport à l’année dernière. Lors d’une stupéfiante vague de consommation, les acheteurs ont dépensé le record de 360,15 milliards de dollars durant le week-end de Thanksgiving.

– "Quasiment toutes les tendances financières actuelles nous recommandent de ralentir nos dépenses", explique Addison Wiggin, auteur avec Bill Bonner du livre L’Empire des Dettes, "mais nous avons clairement la ferme intention de vivre au-dessus de nos moyens".

** Nous ne savons pas exactement d’où provient cet argent, ou pendant combien de temps encore il continuera d’affluer. Nous savons seulement que les Américains dépensent bien plus d’argent que ne leur fournissent leurs salaires. Aujourd’hui, "l’épargne" est devenue une pièce de musée. A un moment ou à un autre, les Américains devraient donc commencer à dépenser moins.

– Durant les années 60 et 70, les Américains ont dépensé environ 9 $ pour chaque dollar épargné. Mais ces cinq dernières années, les Américains ont dépensé plus de 60 $ pour chaque dollar épargné !

– Loin de nous l’idée de reprocher aux Américains leurs plaisirs financés par la dette. Non, nous ne jugeons pas — nous sommes simplement muets de stupéfaction.

– Nous sommes stupéfaits par l’ampleur de la consommation américaine. Nous sommes stupéfaits de voir que tant d’Américains peuvent soutenir des niveaux de vie insoutenables. Nous sommes stupéfaits de voir le plus grand pays capitaliste au monde emprunter des milliers de dollars chaque année à la plus grande nation communiste. Nous sommes stupéfaits de voir que les Etats-Unis peuvent dépenser 1 000 milliards de dollars pour une campagne militaire à l’étranger — mais semblent incapables d’épargner un sou.

– Nous ne comprenons pas entièrement ces curiosités. Et nous ne comprenons certainement pas pourquoi elles devraient continuer. Etant donné les tendances actuelles, nous nous attendons à voir la popularité des actifs US décliner. Les actions US devraient chuter, les obligations US devraient chuter, et la devise US devrait chuter. Quant aux Américains devraient commencer à réduire leur consommation.

– Si les prix de l’immobilier chutent, si l’épargne disparaît et si les dettes sont déjà ingérables, comment les Américains vont-ils continuer à dépenser ce qu’ils n’ont pas ?

– Peut-être ne le feront-ils pas. Peut-être qu’enfin, les consommateurs se trouveront à court de moyens de dépenser plus qu’ils ne gagnent. En fait, peut-être qu’ils ont déjà commencé à épuiser les mécanismes d’emprunt et de dépense. La chute des ventes enregistrées ce mois-ci par Wal-Mart suggère que les consommateurs à revenus bas ont commencé à réduire leurs dépenses, en tout cas.

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