Tandis que toute tentative de normalisation monétaire est repoussée aux calendes grecques, les résultats de Peugeot sont jugés excellents. Mais relativement à quoi ?
Depuis la secousse enregistrée sur les marchés financiers en fin d’année 2018, toutes les mesures de normalisation de politique monétaire sont désormais à l’arrêt et les marchés actions comme obligataires ont repris le chemin de la hausse.
Est-il dès lors raisonnable, pour un investisseur particulier, de s’en tenir écarté et de ne pas participer à ce grand festin d’argent gratuit ?
Peut-être y-a-t-il effectivement des plus-values à grappiller mais il faut savoir que les manants ne sont pas au même régime que l’élite et que si vous n’avez pas le privilège d’être trop-gros-pour-faire-faillite, vos risques sont bien plus élevés que ceux de l’élite.
L’élite n’a pas besoin de gagner de l’argent avant de l’investir, elle le crée ; plus exactement, elle en pilote la création au travers du système des banques centrales et des banques commerciales. L’élite est aussi à l’abri de la faillite et trouvera toujours à se refinancer.
Ceux qui n’ont pas ce pouvoir sont contraints de gagner leur argent, soit en travaillant soit en investissant de façon à avoir un retour sur investissement. Evidemment, l’argent ainsi gagné se trouve à chaque fois de plus en plus dissous dans l’argent créé par l’élite.
C’est ainsi que les inégalités se creusent, que les bulles se forment, que les crises financières se multiplient et que les zombies prolifèrent.
Comme le rappelle un article du Mises Institute, Karl Marx était favorable aux banques centrales et préconisait dans la cinquième mesure du Manifeste du parti communiste publié en 1848 :
« La centralisation du crédit auprès de l’État, à travers des banques nationales fonctionnant avec un capital d’État et un système de monopole exclusif ».
Marx était visionnaire car à l’époque, l’or et l’argent, seules vraies monnaies du peuple, dominaient les systèmes monétaires.
Aujourd’hui, la politique monétaire mondiale est marxiste. Permettez-moi une digression, cher lecteur : l’idée de l’impôt progressif, qui figure en deuxième proposition du manifeste du parti communiste, progresse également dans l’opinion, même aux Etats-Unis. Ce qui n’empêche pas de nombreux observateurs avertis de qualifier notre époque de « néolibérale ». Marx doit se tordre de rire dans sa tombe.
Fin de la digression mais comme vous le savez, il est très difficile de tirer son épingle du jeu avec une administration communiste…
Toutes les crises que nous avons déjà vécues n’ont pas suffi à ridiculiser auprès du grand public les prétentions de la monnaie administrée et centralisée et du pilotage contracyclique des activités économiques.
Ce matin, la presse française nous détaille les résultats de Peugeot ou plus précisément du groupe PSA. Chiffre d’affaires de 74 Mds€ et résultat net de 2,87 Mds€, soit une rentabilité nette de 3,88%. Ces résultats sont qualifiés de « rutilants » par Les Echos.
Résultats rutilants ? Certainement, dans un monde de taux bas ou négatifs… mais résultats très modestes comparés au risque industriel.
Je ne résiste pas à vous mettre le dessin humoristique de Hedgeye qui est parlant même pour les non-anglophones. Je précise que ce dessin illustrait la qualité des récents résultats publiés par les entreprises du S&P 500, l’indice large américain.
Rappelons que la plupart des gens achètent leurs voitures à crédit. Que les constructeurs sont tributaires de normes et d’oukases variables édictés en haut lieu, comme nous l’avons vu récemment en France. Le moteur qui se vendait bien hier peut être mis hors la loi demain.
Dans ce contexte, l’action PSA se paye un peu plus de 7,3 fois ses bénéfices. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Certainement pas dans « le monde d’avant » – celui où une obligation à 10 ans de l’Etat allemand rapportait plus de 4%. Pour mémoire, nous étions en 2008.
Aujourd’hui, l’évaluation de la valeur est faussée dans presque tous les domaines. Les marchés financiers montent sur la seule promesse que les banques centrales seront toujours là. Ce qui est vrai. Vous pouvez dès lors penser que PSA se valorisera quoi qu’il advienne comme se valoriseront les acteurs subventionnés de l’économie verte, acteurs censés rendre obsolète l’automobile à essence ou diesel.
Tout grimpera, jusqu’au moment où cela ne suffira plus parce qu’il y aura rejet de la monnaie.
Tant qu’on ne parle plus de normalisation monétaire, les amateurs de risque peuvent s’aventurer sur les marchés financiers mais la couverture – celle que même les élites utilisent – c’est l’or.