La Chronique Agora

Comment le Venezuela est arrivé au bord de l’abîme

Venezuela Maduro faillite

Les dirigeants populistes arrivent au pouvoir en promettant de voler les riches. Puis ils deviennent riches et les ennuis commencent.

Nous vivons une ère de rêves brisés.

La révolution bolivarienne n’est que l’un d’entre eux.

Lorsque nous vous avons quitté la semaine dernière, il semblait que le gouvernement du Venezuela luttait pour sa vie.

L’économie vénézuélienne tombe en ruines, avec une inflation à 1 300 000% et un exode de masse. Un rival politique du président Nicolás Maduro s’est auto-proclamé président légitime — il a été quasi-immédiatement reconnu par les Etats-Unis.

Cela a provoqué une contre-manœuvre de la part de Maduro, qui a donné aux diplomates américains 72 heures pour quitter la ville. Cela a également engendré une démonstration de force et de solidarité de la part de l’armée du pays — qui a proclamé sa loyauté éternelle à Maduro.

Les militaires resteront du côté de Maduro  jusqu’au bout… ou jusqu’à ce qu’ils changent d’avis, selon ce qui se produira en premier.

Les plus hauts gradés se sont enrichis grâce au gouvernement de Maduro ; ils perçoivent une part des revenus pétroliers… mais aussi, selon certains, des gains illégaux dus à la drogue.

Les sangsues, les dictateurs et le Deep State n’abandonnent pas facilement. Ils doivent leur pouvoir, leur argent et leur statut aux incompétents qui gèrent actuellement le pays. Ils ne resteront pas les bras croisés pendant qu’un autre groupe d’incompétents les dépouillent.

Nous y reviendrons dans un instant… pour tenter de relier quelques points sordides…

Du Venezuela au Nicaragua

Avant cela, un rapide point sur notre emploi du temps. Notre agréable séjour aux Etats-Unis parmi famille et amis a pris fin. Nous sommes en route pour la Floride et le Nicaragua.

Ce dernier a son propre rêve brisé, le gouvernement Ortega se cramponnant au pouvoir malgré une vaste opposition. Le pays n’a pas d’inflation galopante, en revanche.

Curieusement, c’est une tentative de protéger la devise et l’économie qui a déclenché le cycle de mécontentement actuel. Les autorités nicaraguayennes ont augmenté les impôts !

Ou, pour être plus précis, elles ont augmenté les contributions au système de Sécurité sociale afin de lui éviter la faillite.

Cela prouve quelque chose… mais nous ne savons pas précisément quoi.

Nous vous donnerons des nouvelles du Nicaragua lorsque nous y serons. Le pays a la plus belle côte maritime — et certains des gens les plus amicaux — au monde.

Nous avons investi des millions… et près d’un quart de siècle… pour y développer une enclave côtière, contribuant à en faire un lieu de vie confortable, moderne et agréable. Il serait dommage que tout s’effondre.

Mais nous n’avons pas la prétention de contrôler les événements. Nous ne faisons qu’observer… attendre… et tenter de comprendre. C’est pour cela que nous surveillons avec beaucoup d’intérêt ce qui se déroule au Venezuela. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un système d’argent factice obtenir ce qu’il mérite !

Méfiez-vous de la fausse monnaie

On avait là un pays riche… le quatrième pays le plus riche au monde en 1950. A présent, il est au bord du chaos, de la guerre civile et de la famine. Comment est-ce arrivé ?

Les Vénézuéliens sont-ils idiots ? Paresseux ? Pourquoi ont-ils laissé un politicien insensé ruiner le pays ?

M. Chávez, de son vivant, était un homme vif, intelligent et charmant, avec quelques idées loufoques… comme sa conviction que l’homme n’a jamais été sur la Lune… et que les attentats du 11 septembre 2001 avaient été commandités par les Etats-Unis (un point de vue partagé par pas mal de monde des deux côtés du Rio Grande).

Mais il n’était ni fou ni idiot.

Quant au reste des Vénézuéliens, les quelques-uns que nous connaissons personnellement sont parmi les personnes les plus intelligentes, les mieux éduquées et les plus industrieuses que nous ayons jamais rencontrées. A présent, ils vivent en Espagne ou à Miami… forcés de fuir Caracas pour éviter soit la politique soit la pauvreté.

Alors que se passe-t-il ? Et que pouvons-nous en apprendre ?

Commençons par la fin : méfiez-vous de la fausse monnaie. Premièrement, elle fausse les prix, trompe les investisseurs et réduit la production.

Deuxièmement, en la partageant entre eux et leurs compères, les initiés l’utilisent pour transférer la richesse, qui passe de ceux qui la gagnent à ceux qui la volent.

Troisièmement, la fausse monnaie finance l’expansion du gouvernement lui-même — détournant de plus en plus de ressources réelles vers des activités gouvernementales improductives.

Enfin, lorsqu’une crise se produit, la propriété reste… les entreprises survivent ou non… et le véritable argent garde sa valeur. La fausse monnaie, en revanche, ne vaut plus rien.

[NDLR : En Europe aussi, beaucoup de fausse monnaie a été émise et il serait prudent de vous couvrir contre une baisse de l’euro avec de l’or… mais pas n’importe lequel ! Choisissez ces pièces avec un statut bien particulier qui leur confère une fiscalité douce : tous les détails sont ici.]

Quand les populistes deviennent les riches

Quasiment tous les pays d’Amérique latine ont un profil démographique similaire : généralement, il y a un large fossé entre les riches et les pauvres. Ce gouffre n’est pas seulement financier. Il est racial et social.

Les classes supérieures sont généralement plus « européennes » que les masses. C’est évidemment une source de tension — et de sottises.

Les dirigeants « populistes », comme Fidel Castro à Cuba, Evo Morales en Bolivie, Daniel Ortega au Nicaragua et même Juan Perón en Argentine… visent le fond du gouffre.

Ils s’adressent aux pauvres et aux classes moyennes et les utilisent pour obtenir le contrôle du gouvernement. Ensuite, ils les récompensent en leur accordant des logements gratuits, de l’alimentation gratuite, de l’éducation gratuite, des soins de santé gratuits ou du carburant subventionné. Les gros bonnets, de leur côté, obtiennent contrats, pots-de-vin et profits.

Le dirigeant populiste commence par arriver au pouvoir en promettant de voler les riches. Mais après quelques années, lui et ses amis sont les riches. Quant aux autres grosses fortunes, soit elles les ont rejoints, soit elles ont fui le pays.

Le gouvernement se tourne alors vers le crédit. Mais qui irait prêter de l’argent à un gouvernement socialiste d’Amérique latine ? La plupart des pays sont protégés, la plupart du temps, par leur propre pauvreté. Ils ne peuvent pas se permettre trop de largesses.

Le Venezuela, en revanche, avait quelque chose que les autres pays n’avaient pas : un nantissement.

Le Venezuela flotte sur un océan de pétrole. C’était le cinquième plus gros exportateur de pétrole en 2000. Le prix n’était que de 30 $ le baril, mais le pétrole représentait 85% des exportations du pays. Sur les sept années qui suivirent, le pays profita d’une aubaine sans précédent, le prix du pétrole étant multiplié par cinq.

Puis — un choix particulièrement stupide — Chávez mit un professeur gauchiste en charge de l’industrie pétrolière. Et en 2015, le prix du pétrole s’effondra.

A présent, le rêve est brisé. Chávez est parti. Maduro sera peut-être bientôt parti lui aussi. Ce n’est peut-être pas la fin de la révolution bolivarienne… mais elle ne tardera sans doute pas.

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