La Chronique Agora

Le come-back inattendu du pétrole

▪ Le pétrole est de retour aux alentours des 100 $. Quel retour ! Nous pensions que le pétrole, les actions et l’or baisseraient considérablement… et ne remonteraient pas avant longtemps. Pour l’instant, nous avons tort. Les gens envoient toujours de l’argent à Wall Street pour acheter des actions et de l’or.

D’où provient tout cet argent ? Nous ne le savons pas avec exactitude, mais bon nombre des enveloppes portent des timbres étrangers. Les marchés du reste du monde sont en baisse. Idem pour beaucoup de grandes obligations souveraines. Les investisseurs regardent l’Italie, ils voient le Vésuve. Ils regardent la France, ils voient Dunkerque. Ils regardent l’Inde, ils voient un trou noir.

Les investisseurs ont peur. Ils se tournent vers les Etats-Unis pour la sécurité.

Mais le pétrole ? Hmm… nous ne connaissons pas la cause, mais nous avons une idée assez claire des conséquences. Lorsque le prix du carburant est élevé, les ménages ont d’autant plus de mal à joindre les deux bouts… renforçant ainsi le ralentissement des dépenses de consommation.

Oui, la Grande Correction se poursuit. Des niveaux limités de dépenses de consommation, un chômage élevé, avec, périodiquement, des banqueroutes, des explosions et des crises financières.

Et que voyons-nous arriver d’autre ?

… une baisse des prix de l’immobilier US… qui pourraient perdre encore 30% environ.

… un krach du marché boursier (qui n’est pas encore arrivé).

… une zombification accrue de l’économie, avec de nouveaux « investissements » dans des secteurs improductifs.

… plus de ressentiment à l’encontre des riches… des augmentations d’impôts… des révolutions… et de la répression.

… une augmentation de la corruption à mesure que les gens deviennent plus cyniques… « Profitons-en pendant que c’est possible », diront-ils.

▪ Depuis la nuit des temps, les initiés ont toujours eu l’avantage. Voilà pourquoi les gens veulent être des initiés ; ils savent que c’est là qu’on peut gagner gros.

En matière d’investissement, c’est parfaitement normal, sain et inévitable. Les initiés en savent toujours plus que les personnes à l’extérieur du cercle. On a donc tendance à écouter les initiés. On espère qu’on peut leur faire confiance. Et quand un initié veut vous vendre quelque chose… prudence. Caveat emptor.

Puis les autorités sont arrivées. Elles ont tenté de prétendre que les initiés et les non-initiés étaient au même niveau. Elles voulaient que les non-initiés aient l’impression qu’ils pouvaient donner leur argent aux initiés sans s’inquiéter.

Les autorités et les initiés travaillent ensemble. Les initiés donnent aux autorités du travail et de l’argent. Les autorités veillent aux intérêts des initiés. En mettant en place un système de réglementation lourd et coûteux, par exemple, la SEC les a protégés de la concurrence. Cela a également transféré les revenus des activités productives et profitables vers les zombies — les avocats, administrateurs et régulateurs qui (et ce n’est pas entièrement une coïncidence) sont les autorités elles-mêmes.

Depuis, les parasites se sont multipliés… et les initiés s’en sortent mieux que jamais. Les employés de Wall Street gagnaient autrefois à peu près autant que leurs équivalents dans d’autres secteurs. A présent, ils gagnent beaucoup plus. En tant que pourcentage du total des entreprises cotées aux Etats-Unis, les profits de Wall Street ont été multipliés par quatre — passant de 10% à 40% — depuis les années 70. Tyler Cowen rapporte qu’au milieu des années 2000, « les gestionnaires des 25 plus grands hedge funds gagnaient à eux tous plus que tous les PDG du S&P 500 dans son intégralité. Le nombre d’investisseurs à Wall Street gagnant plus de 100 millions de dollars par an était neuf fois plus élevé que les dirigeants d’entreprises cotées gagnant cette somme ».

Et les PDG qui gagnaient autrefois 40 fois plus que le plus bas salaire de leur entreprise dans les années 70 gagnent désormais 400 fois plus.

La balance a été si lourdement trafiquée en faveur des initiés que les non-initiés ont du mal à tenir debout.

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