Un monde qui progresse fait beaucoup moins vendre qu’un monde qui brûle.
Voici les dernières informations rapportées par Associated Press :
« Préparez-vous à plusieurs années de chaleur accablante, avertissent les météorologues.
‘La hausse des températures moyennes mondiales peut sembler abstraite, mais elle se traduit en réalité par un risque accru de phénomènes météorologiques extrêmes : ouragans plus violents, précipitations plus fortes, sécheresses’, a déclaré Natalie Mahowald, climatologue à l’université de Cornell. Bien qu’elle n’ait pas participé aux calculs, elle estime qu’ils sont solides. ‘L’élévation des températures moyennes mondiales entraîne inévitablement davantage de pertes humaines.’ »
Pour autant que nous le sachions, rien ne prouve que les conditions météorologiques sont de plus en plus extrêmes, ni que le « changement climatique » en soit directement responsable. En ce qui concerne les pertes humaines, elles tendent plutôt à diminuer, notamment grâce aux avancées technologiques : climatisation, surveillance météorologique, services de secours, chauffage central… De moins en moins de personnes meurent chaque année en raison de catastrophes liées au climat.
Mais les modes évoluent, tout comme les sources d’indignation et les menaces du moment.
Teddy Roosevelt agitait le spectre des Huns. La Women’s Christian Temperance League voyait dans le rhum, « une boisson démoniaque », un fléau si redoutable qu’elle exigeait son interdiction totale aux Etats-Unis. Le sénateur Joe McCarthy, quant à lui, dénonçait les communistes tapis jusque dans les placards.
Le seul rôle honnête du gouvernement est de protéger les citoyens du danger. Mais il devient rapidement un prétexte pour racketter la population. Plus les gens ont peur, plus ils sont disposés à payer pour se sentir en sécurité. Il en découle une tendance naturelle : celle du gouvernement à trouver des croque-mitaines partout.
Les Russes, par exemple. Les porte-parole de l’industrie de la puissance de feu agissent comme s’ils pouvaient déferler sur l’Europe à tout moment et envahir les plages du New Jersey quelques semaines plus tard. Donald Trump s’est avéré être le porte-parole parfait du gouvernement à cet égard. Non seulement il augmente le budget américain de la défense, mais il insiste également pour que les Européens fassent de même.
The Independent rapporte :
« L’OTAN envisage de fixer un objectif de 5 % du PIB pour les dépenses de défense, en raison des pressions et menaces récurrentes de Donald Trump.
Cette décision intervient après plusieurs mois de pressions exercées par le président Donald Trump. En début d’année, le commandant en chef avait averti que les alliés de l’OTAN risquaient de perdre la protection des Etats-Unis s’ils ne relevaient pas significativement leurs dépenses militaires. A l’époque, nombre d’entre eux avaient balayé cette menace, la qualifiant de simple posture politique. »
Le « changement climatique mondial » mentionné précédemment constitue une autre source majeure de bruit politique. Le volume semble peut-être baisser, mais les alarmes, elles, continuent de sonner, telles des téléphones portables oubliés qui vibrent pendant un service funèbre.
La dernière nouvelle nous vient de l’Environmental Literacy Center, qui publiait la semaine dernière un rapport intitulé :
« La Terre brûlée : cartographie des zones inhabitables d’un monde en réchauffement
Quels seront les endroits où il fera trop chaud pour vivre ? La vérité, c’est qu’à mesure que la crise climatique s’intensifie, des pans entiers de la planète s’approchent rapidement de conditions invivables. Ce sont surtout les régions proches de l’équateur et des tropiques, déjà étouffantes, qui sont les plus vulnérables. »
Mais l’ironie, c’est que des millions de kilomètres carrés sont aujourd’hui inhabitables non pas parce qu’il y fait trop chaud, mais parce qu’il y fait trop froid.
Des humains vivent bel et bien dans certaines des zones les plus torrides du globe. Mais dans les régions les plus froides – la Sibérie, l’Alaska, l’Antarctique, le nord du Canada, le Groenland – la présence humaine est quasi inexistante. Quelques degrés de plus, et qui sait ? On y verrait peut-être fleurir des golfs, des stations thermales, voire des vignobles.
Prenez notre propriété en Argentine, par exemple : des milliers d’hectares de pâturages d’altitude, aujourd’hui à peine exploitables. Seuls y survivent des bovins rustiques (et quasiment immangeables), quelques moutons coriaces et des lamas semi-sauvages. Un peu plus de précipitations, quelques degrés supplémentaires, et ces terres pourraient devenir fertiles, hospitalières, productives.
Alors nous attendons les gros titres, avec impatience : « Le changement climatique ouvre des millions d’hectares à l’exploitation humaine. »
« Le réchauffement pourrait sauver des millions de personnes de la faim. »
Mais nous ne nous attendons pas à ce que cela arrive de sitôt.