La Chronique Agora

La classe moyenne, en première ligne de la récession aux Etats-Unis

▪ Les gros titres du journal USA Today avaient des choses à nous dire cette semaine :

« Les Etats-Unis doivent 62 000 milliards de dollars ».

Et sous le gros titre, on trouvait une photo d’Anthony Weiner, membre du Congrès US, en train de sangloter.

Pauvre homme, avons-nous pensé, il prend les choses trop à coeur. Ce n’est pas de sa faute si les Etats-Unis sont aussi endettés.

Mais M. Weiner se fiche comme d’une guigne de l’état des finances américaines. Il ne se lamentait pas sur le destin du pays mais sur le sien, sur sa pathétique carrière — menacée par une affaire de photos coquines envoyées par Internet. Maintenant que les électeurs savent quelle sorte de voyou il est, il a peur d’être mis dehors. Quant à sa campagne pour remplacer Michael Bloomberg au poste de maire de New York, elle devra attendre que les électeurs oublient !

Enfin, on a là l’histoire en quelques mots. Les Etats-Unis font faillite. Le Congrès s’inquiète de sa réélection. Faut-il en dire plus ?

USA Today rapporte que le total des dettes et des obligations non-provisionnées des Etats-Unis — que le journal mesure grâce des principes comptables acceptés un peu partout — a augmenté de 5 300 milliards de dollars l’an dernier, et se monte désormais à 534 000 $ par ménage américain.

Bon, faisons le calcul. Le ménage moyen a environ 45 000 $ de revenus… soit environ 30 000 $ de revenus « disponibles » après impôts. Si l’on considérait les 534 000 $ comme un prêt hypothécaire supplémentaire, à 5% d’intérêt par exemple, il coûterait environ 2 200 $ par mois… ou 26 000 $ par an.

Arrêtons-nous là. Les autorités ont chargé le ménage américain moyen d’une telle quantité de dette qu’il n’a aucun moyen de suivre. Il faudrait quasiment toutes ses liquidités disponibles pour y parvenir — ce qui ne laisse pas grand-chose pour l’alimentation, les transports, le logement et tout le reste.

En gros… oubliez ça. Cette dette ne sera pas remboursée.

▪ Eh bien, dans ce cas, que va-t-il lui arriver ? La réponse est facile : elle va disparaître. Les retraités n’obtiendront pas ce qu’ils espèrent. Les investisseurs obligataires n’engrangeront pas non plus les rendements qu’ils attendent.

C’est comme ça.

« D’accord, Bill, vous dites que les retraités n’obtiendront pas ce qu’ils espèrent »…

C’est vrai, mais ils recevront ce qu’ils méritent !

« Ha ha, très drôle… Mais soyons sérieux. Est-ce que vous vous êtes donné la peine de lire le reste d’USA Today ? Vous auriez vu que les retraités n’abandonneront pas sans combattre ».

« On y trouve des lettres de retraités de l’armée US. En deux mots, ils disent qu’ils méritent jusqu’au dernier centime. Et comment le leur refuser ? Ils disent qu’ils ont payé ces avantages ‘dans le sang et le sacrifice’. »

Oui, oui, oui… personne ne veut jamais renoncer à quoi que ce soit. Surtout quand ils ne l’ont pas gagné. Les retraités de l’armée sont les pires. Ils prétendent que sans eux, nos femmes parleraient toutes vietnamien.

Qu’y a-t-il de si épouvantable au fait de parler vietnamien ?

Sérieusement, l’armée a largement contribué à la faillite des Etats-Unis. Les militaires mènent des « guerres » bidon à des coûts monstrueux… et les contribuables paient ensuite les pots cassés durant des décennies. Mais qui ira dire « non » à un vieux soldat unijambiste ? A un vieil instituteur affligé de tics faciaux ? Ou encore à un vieux pompier qui aurait des problèmes de boisson ?

Pas nous. Ni les membres du Congrès US. Rappelez-vous qu’ils veulent être réélus. On n’y parvient pas en disant non.

Nous avons désormais toute une nouvelle classe de gens à qui personne ne voudra dire « non » — la classe moyenne américaine.

Devinez quelles maisons ont perdu le plus de valeur ? Les maisons à bas prix de la classe moyenne. Les maisons des riches ont perdu beaucoup moins en pourcentage de leur valeur d’avant-crise.

Devinez qui a perdu le plus de revenus et d’emplois ? Une fois encore, la classe moyenne. Il y a désormais 25 millions de personnes aux Etats-Unis qui n’ont pas d’emploi à plein temps ; bien peu sont banquiers, lobbyistes ou avocats.

Devinez qui a le plus de difficultés à assumer la hausse des prix du carburant et de l’alimentation ? Vous avez encore trouvé !

Et devinez à quels consommateurs ce gros titre fait référence :

« La tempête économique met fin aux dépenses de consommation ».

Nous ne parlons pas là des gens qui font leurs achats dans des boutiques prestigieuses. Nous parlons de gens qui vivent d’un salaire à l’autre, luttant pour joindre les deux bouts alors que le coût de la vie augmente.

Oui, cher lecteur… les classes moyennes prennent une raclée.

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