La Chronique Agora

La classe moyenne américaine perd du terrain

▪ Oui, cher lecteur, les classes bavardes sont perturbées par "les inégalités". Une personne possède beaucoup. Une autre, peu. Naturellement, celui qui a peu n’est pas content.

Jésus-Christ a dit, "les pauvres seront toujours parmi nous". Mais faut-il qu’ils soient si nombreux ? En plus, ils sont de plus en plus pauvres, disent les experts.

D’autres coeurs saignent pour la classe moyenne — dont la part du revenu national a considérablement baissé.

Riche ? Pauvre ? Nous avons été les deux. Franchement, nous nous en fichons comme d’une guigne. Mais tout le monde veut être le héros de sa propre histoire. Notre but, au ranch, est de rendre l’entreprise profitable… d’embaucher plus de monde et d’augmenter les salaires. Nous vous tiendrons au courant de la manière dont tout cela se passe au cours des prochaines années.

En attendant, gémissons tous ensemble sur le triste sort des lumpen-Américains de la classe moyenne

En attendant, gémissons tous ensemble sur le triste sort des lumpen-Américains de la classe moyenne. Mais d’abord, nous allons vous donner une petite longueur d’avance. Contrairement à Thomas Piketty, nous n’allons pas accuser le capitalisme ; le libre-échange, ce n’est que les choix agrégés des consommateurs, travailleurs, producteurs et investisseurs libres. De même, contrairement à Paul Krugman, nous n’accuserons pas les républicains au coeur dur : nous n’avons jamais rencontré de démocrate qui ne soit pas tout aussi coupable. A la place, nous attribuerons le blâme à qui de droit…

… C’est-à-dire aux crétins qui ont créé la bulle du crédit en constante expansion. Johnson… Nixon… Reagan… Greenspan… Bernanke…

▪ Un déclin encore plus important qu’on le croit
La destruction des revenus des classes moyennes n’est jamais qu’une seule des misères que leurs politiques ont forgées. Voici ce qu’en dit le Washington Post :

"De nombreux économistes s’inquiètent de ce que les salaires médians ont stagné depuis les années 70 [aux Etats-Unis]…

C’est en réalité pire que cela. Le meilleur ouvrage récent sur les changements affectant les salaires des hommes provient de Michael Greenstone et Adam Looney du Hamilton Project, et ils ont découvert que les revenus médians pour les hommes ont en fait décliné depuis 1969 :

 […] les salaires médians des hommes en 2009 étaient plus bas qu’ils ne l’étaient au début des années 70. Et il y a pire. Le déclin est en fait sous-estimé, parce qu’il ne tient pas compte de l’exode massif des hommes de la main-d’oeuvre depuis cette période. Entre 1960 et 2009, la proportion d’hommes travaillant à plein temps est passée de 83% à 66%, et la proportion de ceux ne gagnant pas de salaire formel a triplé, de 6% à 18%. Lorsqu’on tient compte de tous les hommes, et non uniquement ceux qui travaillent à plein temps, le léger déclin devient un plongeon de 28% des salaires médians réels entre 1969 et 2009".

Attendez, ce n’est pas tout. Ted Bauman rapporte :

"La semaine dernière, le New York Times a jeté un pavé dans la mare : la classe moyenne américaine n’a plus les salaires les plus élevés au monde. Les classes moyennes de nombreux autres pays rapportent plus de revenus réels chez eux que [celle des Etats-Unis]. Cela inclut notre voisin au nord, le Canada. Les Hollandais et les Norvégiens […] le suivent de près.

Mais lorsqu’on regarde la valeur nette per capita pour la classe moyenne américaine, on s’aperçoit que les Canadiens ne sont pas les seuls à les battre. C’est quasiment le cas de tous les pays développés. La valeur de la classe moyenne au Royaume-Uni, au Japon, en Australie et même en Italie a plus que doublé par rapport à celle de leurs homologues américains. Le Luxembourg, l’Islande, Singapour, l’Autriche, le Qatar et le Koweït sont également devant les Etats-Unis. Sur l’ensemble, les Etats-Unis sont 24ème.

Le véritable tableau est pire encore. Les calculs de valeur nette per capita pour les Etats-Unis comprennent des plans de retraite personnels et les retraites des entreprises. Dans la plupart des pays qui sont devant les Etats-Unis, les citoyens perçoivent d’excellents versements retraite, qui ne sont pas compris dans la valeur nette personnelle. Par conséquent, ils tendent à épargner beaucoup moins pour leur retraite que nous. Pourtant, ils ont encore plus de valeur nette que nous.

En d’autres termes, non seulement la classe moyenne américaine gagne moins que celles des autres pays — mais elle devient aussi plus pauvre".

C’est le plus grand programme de relance de tous les temps. C’est aussi un désastre

Cela ne peut-être qu’une bizarrerie de plus. Les autorités créent un boom du crédit qui ajoute 33 000 milliards de dollars aux dépenses (et à la dette) américaines sur les 40 dernières années. C’est le plus grand programme de relance de tous les temps. C’est aussi un désastre.

Résultat : les gens deviennent plus pauvres.

Réaction des élites : critiquer le capitalisme parce qu’il cause "des inégalités". Et exiger plus de contrôle de la part des autorités !

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