** J’ai regardé le journal télévisé cette semaine — un fait assez rare pour être signalé… Et par un complet hasard, je suis tombée juste à la fin d’un reportage concernant les ménages américains poussés à la faillite par le réajustement de leurs prêts à taux variables.
"Chômage, saisie, camping", énonçait lugubrement le commentateur, en décrivant le parcours d’un ménage américain moyen, ni particulièrement pauvre ni particulièrement riche, mais qui avait acheté une maison trop grande pour lui. Le chef de famille avait été licencié… et avec des mensualités en hausse depuis le début 2008, la situation financière du foyer était vite devenue ingérable. Sa maison saisie, le couple s’était retrouvé dans l’un de ces trailer parks en bordure des villes américaines, obligé de vivre dans une caravane en attendant d’hypothétiques jours meilleurs.
Le reportage ironisait ensuite sur le fait que les prochains voisins du couple pourraient bien être l’un des ex-magiciens de Wall Street, tombé — par une sorte de justice immanente — sous les coups de la crise du subprime. J’en parlais d’ailleurs mardi dernier : "dans la Grosse Pomme, la conjoncture vire au noir d’ébène : ‘les profits de Wall Street réalisés au titre de 2007 devraient avoir chuté de 80% et ne représenter que 3,2 milliards de dollars, le plus bas niveau depuis 1994’, lisait-on ce matin dans La Tribune".
"On anticipe 20 000 suppressions de postes environ entre 2008 et 2009 dans le secteur de la finance. ‘Les salaires versés par les banques et les sociétés de Bourse représentent près de 35% du total des rémunérations versées à New York. La fonte des effectifs à Wall Street pourrait avoir un effet boule de neige dans la mesure où chaque emploi créé dans le secteur financier en induit deux autres dans d’autres secteurs, y compris dans les loisirs’, continue le journal.
Sur les marchés, cependant, la fête semble avoir repris comme si tout cela était derrière nous, si l’on en croit le rebond de ces derniers jours. Raphaël Garaud, de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine, reste cependant prudent : "nous n’allons pas nous plaindre d’une remontée des cours tout de même, mais dans le contexte actuel mieux vaut s’assurer qu’une reprise n’est pas une simple hirondelle annonçant le printemps. Je reste attentif car je n’aime pas les brusques variations de la cote, elles traduisent souvent une ‘nervosité’ qui n’est pas toujours en concordance avec la réalité".
Il est d’autant plus important de rester vigilant que d’après Goldman Sachs, les prêts subprime n’ont pas fini de faire parler d’eux : "Goldman a fait les gros titres hier", déclarait Bill jeudi, "avec une estimation du total des pertes liées aux prêts subprime ayant mal tourné se montant à 460 milliards de dollars. C’est à peu près le triple de ce qui a été annoncé à ce jour. Ce qui signifie que d’autres révélations sont à venir… Personne ne sait vraiment où les pertes vont apparaître… et l’effet qu’elles auront sur les valeurs en capital. Ainsi, même si l’argent coule comme du sirop depuis le robinet des banques centrales… lorsqu’il arrive aux banques elles-mêmes, il ressemble plus à du miel, collant aux doigts des banquiers et bouchant tout le système financier".
Un conseil d’investissement, cher lecteur : positionnez-vous sur les vendeurs de caravanes américains !