▪ La Chine est devenue un pays d’entrepreneurs… qui prennent des risques. Elle ressemble aux Etats-Unis dans les années 20 — avant que le pays soit repris par des gestionnaires et des mandarins de la politique. La Chine est un bon endroit où gagner de l’argent.
Les histoires de fortunes subites abondent. L’une de ces histoires a connu une fin malheureuse cette semaine lorsque l’un des hommes les plus riches de Chine a été condamné à 14 ans de prison pour corruption.
Aujourd’hui, la Chine ressemble plus à un pays capitaliste que les Etats-Unis. Elle est pleine de parieurs et de pionniers. Le rythme des changements est vertigineux, avec des grues de construction dans tout le pays. Les immeubles eux-mêmes sont souvent pleins d’audace… Les rues sont droites, à Pékin, mais les immeubles penchent. Certains murs penchent vers l’avant, d’autres vers l’arrière. Certains pensent vers l’avant puis vers l’arrière.
La ville — pour ce que nous en avons vu — ne ressemble pas à une ruche du "Tiers-Monde". C’est plutôt une métropole géante et moderne. Nous étions arrivé prêt à la comparer à Managua ou Bombay — elle ressemble plutôt à Chicago ou New York.
Pékin n’est pas notre genre de ville. Nous préférons les endroits où l’on peut marcher — comme Paris, Zurich ou Londres. Pékin est plus une ville pour automobilistes, comme Amarillo ou Brasilia. Les rues sont larges. Les immeubles sont hauts et isolés. On passe d’un complexe de gratte-ciel à un autre.
Mais la ville est bien plus animée que Paris ou New York. C’est une ville encore en train de prendre forme… une ville qui cherche à comprendre son rôle dans le monde. Elle "traverse la rivière en tâtant les rochers", comme disent les Chinois.
Pékin est encore une ville pour demain…
▪ Mais faut-il acheter ou vendre la Chine ? Nous avons posé la question à des experts locaux.
La réponse : ça dépend.
La Chine est probablement une économie de bulle sous de nombreux aspects. Les prix des maisons ont grimpé en flèche alors que les gens spéculaient sur l’immobilier. Les individus ont acheté des appartements et des maisons comme moyen de stocker l’argent qu’ils avaient gagné en affaires. Contrairement aux Etats-Unis, toutefois, ils payaient cash. A présent, les prix semblent baisser. Certaines régions voient les prix s’effondrer.
Mais puisqu’il y a peu de dette hypothécaire, il ne semble guère probable de voir le secteur résidentiel subir le même déclin dramatique que Las Vegas, par exemple…
On apprenait hier matin que Las Vegas vit une résurgence de l’immobilier. Plus de 1 000 unités sont en construction.
Mais attendez. La ville compte plus de 15 000 unités vides encore sur le marché.
"Mes parents ont acheté une maison à Las Vegas en 2000", a dit l’un de nos amis hier soir. "Ils ont payé 220 000 $. Puis, durant le boom, le prix est passé à 350 000 $ environ. A présent, le prix est de 190 000 $".
"J’ai vu une maison la dernière fois que je suis allée leur rendre visite. Elle était sur le marché en 2006 pour 2,9 millions de dollars. Une grande maison au bas des collines, avec une maison d’hôte et deux piscines. Un très bel endroit. On n’en demandait plus que 700 000 $".
Mais si le marché résidentiel n’a pas beaucoup fait jouer l’effet de levier en Chine, le marché commercial, lui, flotte sur une mer de dettes.
"Ce qui se passe, c’est que les gouvernements locaux passent des accords avec les promoteurs locaux", expliquait notre hôte. "Ensemble, ils empruntent des sommes gigantesques aux banques. Ensuite, ils construisent quelque chose qui fait plaisir à tous ceux qui sont associés au projet, mais qui n’a peut-être pas beaucoup de potentiel commercial. Personne ne veut voir le projet échouer, si bien qu’il tend à être refinancé… et refinancé… jusqu’à supporter une montagne de dettes".
"Je pense que nous allons voir toute cette dette s’effondrer. Ce sera le chaos pendant un temps. Peut-être pendant un long temps".
▪ Est-ce que ça signifie qu’un investisseur devrait se tenir éloigner des actions chinoises ?
"Pas nécessairement", déclare notre expert local. "Bon nombre de ces entreprises se développent encore très rapidement… et ne dépendent pas du boom de l’immobilier. Certaines ont de jolies niches… comme par exemple vendre de la bière et du savon à une gigantesque population dont les revenus augmentent. Et parce que les prix ont pris une raclée, on peut acheter ces entreprises pour environ huit fois leurs bénéfices. Il se pourrait qu’elles baissent encore durant la crise qui arrive. Mais elles pourraient quand même se révéler être d’excellents investissement à long terme".