▪ Les banquiers centraux des pays du G20, les ministres des Finances et les apparatchiks du FMI qui se sont rendus à Shanghai devraient ouvrir les yeux, et bien grands, sur le Ponzi chinois qui est en train de tout détruire. Le G20 ne devrait avoir qu’un seul sujet de préoccupation au sujet de la Chine : comment éloigner le danger, et vite.
La Chine n’est qu’une monumentale machine à fiasco. On ne pourrait pas plus qualifier son capitalisme de stable et durable que celui de la Nouvelle Politique économique de Lénine au début des années 1920. N’oublions pas que cette dernière fut suivie des goulags de Staline. On serait donc bien avisé d’apprendre comment on dit ce mot en chinois, et rapidement.
Le régime chinois est dans une impasse car il a monté le crédit le plus hors norme de toute l’histoire. Ce cycle indiscipliné de spéculations, de dépenses, de constructions et de surproductions alimentées par la dette a fait passer le bilan collectif de 500 milliards de dollars de dette au milieu des années 1990 à 30 000 milliards de dollars de dette qui aujourd’hui menacent de s’effondrer et d’écraser tout le pays sous son poids.
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La dette a donc été multipliée par 60 en seulement deux décennies, dans une « économie » ne possédant pas de marchés financiers intègres, pas de système légal ni de tradition de faillite ni de discipline financière. La Chine possède un système bancaire qui fonctionne comme un instrument de l’Etat, distribuant les crédits verticalement de haut vers le bas afin « d’imprimer » un montant exact de PIB chaque mois selon la théorie que tout peut être construit, devrait être construit, afin d’atteindre les objectifs fixés par Pékin.
Ces gens vivent grâce à l’héroïne financière la plus dangereuse jamais connue par l’homme et n’ont aucune chance de survivre |
▪ Une addiction mortelle
Si cette économie et le régime qui la dirige étaient un être vivant, on pourrait appeler cela une « addiction mortelle ». Ces gens vivent grâce à l’héroïne financière la plus dangereuse jamais connue par l’homme et n’ont aucune chance de survivre. C’est une économie morte-vivante.
Il suffit de regarder les terribles gains de la dette rapportés pour le mois de janvier. Le financement social total a augmenté de 342 milliards de yuan soit environ 500 milliards de dollars.
On croit rêver. En sus de son immense dette de 30 mille milliards de dollars, la Chine vient d’empiler une nouvelle dette avec un taux annuel de 6 000 milliards de dollars soit 55% du PIB par an !
Aujourd’hui les entreprises chinoises — en particulier les entreprises d’Etat géantes — sont submergées par des capacités excédentaires et des dettes irremboursables qui s’élèvent à près de 180% du PIB (comparé à 70% aux Etats-Unis). Mais peu importe. De nouveaux prêts aux entreprises en janvier étaient en hausse de 73% par rapport à l’année précédente.
Pire encore, il est évident qu’une grande partie du taux de crédit démentiel de janvier était consacré à payer les intérêts des dettes monumentales existantes des entreprises chinoises et de ce qu’on appelle les véhicules de financement des gouvernements locaux (VFGL). Même les autorités reconnaissent que plus de 60% des nouvelles émissions de dette ces dernières années ont été utilisées pour payer les intérêts. Les Chinois ne font qu’encore plus tourner en rond ; ils sont empêtrés dans une spirale de dettes dont ils ne peuvent se libérer — jusqu’à ce que tout finisse par exploser.
▪ Prochaine étape, la force brute ?
En vérité, l’économie chinoise n’est pas plus efficiente, productive, stable ou prospère que ne l’était le PIB du plan quinquennal de Staline. Ce PIB, soit dit en passant, connaissait une croissance à deux chiffres qui fit l’envie des Occidentaux pendant plus d’une décennie.
Les suzerains rouges de Pékin semblent avoir compris les avantages de l’impression monétaire |
La seule différence est que les suzerains rouges de Pékin semblent avoir compris les avantages de l’impression monétaire et les « banquiers » mettent en oeuvre leurs procédés de planification centrale plutôt que des quotas en tonnes et le contrôle des commissaires du peuple ; ils semblent avoir également compris qu’échanger une main-d’oeuvre quasiment réduite en esclavage dans leurs usines d’exportation contre les reconnaissances de dette de leurs clients aux Etats-Unis et en Europe pourrait temporairement soulager la misère et la pauvreté que Mao avait infligé aux centaines de millions de Chinois piégés dans les rizières collectivistes.
Il va sans dire qu’ayant construit une économie Potemkine, les dirigeants chinois n’ont aucune idée sur la manière de contenir les pressions incendiaires qui aujourd’hui s’approchent du point d’embrasement. En effet, puisqu’il n’y a pas de mécanismes économiques possibles ni même de plans étatiques potables viables pour stabiliser la montagne de 30 000 milliards de dollars de dette qui se tient en équilibre précaire sur son économie sous serre qui se fissure de toutes parts, ou de la guérir de son addiction fatale à la dette, Pékin n’aura bientôt aucune autre alternative que de diriger par la force brute, usant de paniers à salade voire même de pelotons d’exécution.
Les jours où une chaîne géante de prêts et de dépenses toujours croissants maintenait les entreprises à flot sont bel et bien révolus. Il n’y a rien devant, excepté une bulle de crédit qui s’effondre et qui coulera le navire du Ponzi chinois et ses 1,3 milliards de passagers. Et avec lui, une économie mondiale et un système financier souffrant de la mauvaise administration du G20.