La Chronique Agora

La Chine bientôt au sommet

La Chine s’impose dans la course à la technologie et les institutions défaillantes de l’Occident font des dégâts…

Est-ce vrai ? Les institutions les plus importantes de l’Occident sont-elles en train d’échouer ?

La démocratie ? L’Etat-nation ? La presse « libre » ? Les combustibles fossiles ? Le capitalisme manipulé par le gouvernement… et l’argent géré par le gouvernement fédéral ? La supériorité technologique ? La puissance de feu ?

Tout ce qui a permis à l’Occident de se hisser au sommet a-t-il été corrompu ? L’Occident a-t-il épuisé tous ses avantages ? Est-il en déclin, comme l’avait prédit Oswald Spengler il y a plus de 100 ans ?

Selon notre modèle d’allocation d’actifs, nous aurions dû vendre nos actions américaines il y a près de 30 ans. Le modèle est « bête », dans la mesure où il ne nous dit rien sur l’état du monde, l’avenir des taux d’intérêt ou quoi que ce soit d’autre. Il est conçu pour nous aider à éviter les « grandes pertes », en nous indiquant simplement quand les actions sont chères en termes d’or. Un investisseur évite les grandes pertes en achetant des actions lorsqu’il peut obtenir les 30 actions du Dow Jones pour moins de 5 onces d’or. Il les vend lorsqu’elles dépassent les 15 onces.

C’est ainsi que notre modèle nous a conseillé de privilégier l’or (aux actions) dès 1996. Nous ne le savions pas à l’époque, mais le modèle nous signalait peut-être quelque chose de beaucoup plus important. Les actions américaines ont atteint leur plus haut niveau historique en août 1999, les actions du Dow Jones se négociant à 42 onces d’or. Il semble aujourd’hui qu’il ne s’agissait pas seulement d’un sommet pour les actions américaines – mais de l’apogée de la puissance, de la richesse et du prestige de la civilisation occidentale. Le budget américain était plus ou moins équilibré. La dette américaine était encore gérable. A l’exception de leur engagement désastreux au Kosovo, les Etats-Unis étaient en paix. Depuis, les choses se sont dégradées.

Trop humains

Vendredi, nous nous sommes penchés sur le sujet de la démocratie. Comme nous l’avons vu, celle-ci n’est pas extensible. Les électeurs ordinaires ne peuvent pas prendre de décisions pour un empire lointain. Ils peuvent voter, mais leurs votes ne signifient presque rien. Les groupes issus de l’élite sont les véritables décideurs. Comme Nietzsche l’a dit, ils sont trop humains et prennent des décisions qui leur profitent, à eux… et non au « peuple ». Peu à peu, le gouvernement devient corrompu, égoïste et incompétent.

Aujourd’hui, nous allons nous tourner vers la technologie et la puissance de feu. Deux nouvelles annonces – toutes deux en provenance de la Chine – suggèrent que l’Occident a perdu son avance technologique. Voici ce qu’en dit defenseone.com :

« Les Etats-Unis perdent leur avantage en matière d’IA au profit de la Chine, selon des experts.      

‘Si vous comparez en pourcentage de leur investissement militaire global, l’APL [l’agence de défense chinoise] dépense entre un et deux pour cent de son budget global pour l’intelligence artificielle, alors que le DoD dépense entre 0,1 et 0,2 de son budget pour l’IA.’

Tara Murphy Dougherty, PDG de Govini, a déclaré aux journalistes lundi :  

‘La Chine dépasse les Etats-Unis en matière d’innovation.’ » 

C’est grâce à sa puissance de feu supérieure que l’Occident a pu conquérir la majeure partie de la planète – l’Amérique du Nord et du Sud, l’Australie, la majeure partie de l’Afrique et une grande partie de l’Asie.

Un exemple : la bataille d’Omdurman, en 1898. Les Britanniques et leurs alliés disposaient de 25 000 hommes. Les Soudanais en avaient 52 000. Mais les Britanniques disposaient également de fusils, de mitrailleuses et d’artillerie modernes. Les Soudanais n’en avaient pas. A la fin des combats, 47 Anglais (et leurs alliés égyptiens) avaient été tués, contre 12 000 soldats ennemis.

Une puissance de feu ancestrale

Mais les grosses dépenses en armement ne suffisent pas. Au contraire, elles sont même un obstacle. L’industrie de la puissance de feu gagne de l’argent en vendant les armes d’hier. Plus vous dépensez, plus votre matériel devient obsolète. C’est pourquoi une agence de défense plus jeune et plus dynamique est souvent bien plus efficace qu’une bureaucratie militaire plus riche et mieux établie.

La Chine, qui n’a pas à soutenir une industrie de la puissance de feu héritée du passé, peut consacrer une plus grande partie de son budget de défense aux nouvelles technologies, notamment à l’IA et aux drones. Lors de la prochaine guerre, ces innovations seront probablement décisives. Warontherocks.com rapporte :

« La technologie des drones de mer va transformer la guerre navale

 Alors qu’en Ukraine, cette technologie est déployée pour résister à une nation d’envahisseurs, des Etats voyous pourraient en profiter ailleurs.

Les progrès des technologies autonomes sont en train de démocratiser l’accès aux capacités navales de base : les nations et les groupes qui ne disposent pas d’une marine importante pourront rapidement devenir des concurrents en mer.     

Ils [les drones navals] sont également conçus pour fonctionner en essaims, ce qui permet des missions coordonnées avec plusieurs véhicules, comme celle de Sébastopol, où au moins sept navires de surface ukrainiens sans équipage ont franchi les défenses du port. En outre, les systèmes de propulsion hybrides combinent l’énergie électrique et l’énergie conventionnelle pour augmenter la portée opérationnelle et l’endurance des véhicules marins autonomes. »

N’ayant pas de marine de type « seconde guerre mondiale » à entretenir, la Chine est en mesure de se concentrer sur une puissance de feu maritime plus récente et plus moderne.

Et c’est un phénomène similaire qui est à l’origine du miracle chinois. En 1979, lorsque la Chine a emprunté la « route capitaliste », elle n’avait que peu d’industries héritées du passé et a dû en créer de nouvelles. La Chine, qui ne disposait plus que d’une infrastructure défectueuse après les débâcles du Grand Bond en avant et de la révolution culturelle, a dû construire de nouveaux trains, avions, automobiles, autoroutes, chemins de fer et ports de marchandises.

C’est pourquoi la Chine dispose d’un réseau complet de trains à grande vitesse – y compris un train maglev à Shanghai qui atteint 600 km/h. La Chine teste actuellement un autre train à grande vitesse qui peut atteindre plus de 800 km/h, ce qui est bien différent des trains Amtrak qui passent par Baltimore, qui sont lourds et traînants.

Informations haut débit

Mais attendez… Les Etats-Unis ont inventé Internet. Le pays est toujours le leader des technologies de communication, n’est-ce pas ?

Hier, le South China Morning Post a jeté un peu plus d’eau froide sur la toile :

« La Chine lance l’Internet le plus rapide du monde avec une liaison de 1,2 térabit par seconde, avec des années d’avance sur les prévisions      

La Chine a devancé une échéance mondiale en lançant le premier service Internet de nouvelle génération au monde – de 10 fois plus rapide que les principaux axes existants – avec deux ans d’avance sur les prévisions du secteur. 

Le réseau dorsal – ainsi appelé parce qu’il constitue la principale voie de transmission de données entre les villes – peut transmettre des données à une vitesse de 1,2 térabit (1 200 gigabits) par seconde entre Pékin, dans le nord, Wuhan, dans le centre de la Chine, et Guangzhou, dans la province méridionale de Guangdong.

La plupart des réseaux dorsaux de l’internet dans le monde ne fonctionnent qu’à 100 gigabits par seconde. Même les Etats-Unis n’ont que récemment achevé la transition vers leur réseau Internet2 de cinquième génération à 400 gigabits par seconde. » 

Ce qui ne veut pas dire que toute la technologie américaine est aussi décrépite qu’Amtrak.

Mais il y a toujours une suite à l’histoire… Rendez-vous demain.

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