On est dans l’avion, on est dans l’avion.
— Populaire — Folklore de supporters français
La morosité ambiante ; l’inquiétude systématique ; la haine farouche du changement ; ou bien encore, cette curieuse manie, pour un officier des services secrets, de noircir et d’archiver, là où tout le monde pourra les lire, des dizaines de petits carnets bourrés de renseignements compromettants. Voilà, en vrac, quelques manifestations d’un syndrome qui suscite l’étonnement du monde, et que j’appellerais volontiers le "mal français".
… Nous sommes un peuple à nul autre pareil. Comment, dotés de ce caractère si paradoxal, de cette nature impénétrable aux yeux de l’humanité, espérer nous faire entendre ? Comment trouver encore, dans le vaste concert des nations, ce rang légitime auquel notre génie national aspire ? Oui, cher Journal, la France doute d’elle-même. A l’aube du XXIe siècle, le pays qui a donné au monde Bonaparte, Chateaubriand ou Félix Faure se replie sur lui-même, remâchant la douloureuse rancoeur d’être incompris par son temps.
Une lueur dans les ténèbres
Pourtant rien n’est perdu ! Assez de sinistrose ! Il faut croire à nouveau en nos prodigieuses ressources. L’heure a sonné de faire souffler, sur ce pays, un gigantesque vent de renouveau, attisant le brandon presque éteint de l’espoir ! Car la France n’est jamais aussi grande que dans l’adversité ; et c’est lorsque tout est perdu qu’on la voit redresser orgueilleusement la tête.
… Comme en écho à ces réflexions que je me faisais ce matin devant mon café crème, je suis tombé sur un article relatant les conclusions d’une enquête effectuée par un site consacré au tourisme, WAYN, auprès de 6 000 internautes. Or il se trouve que notre pays s’y taille la part du lion, figurant en première place dans trois des quatre catégories retenues : rentrez donc sous terre, pessimistes de tout poil ! Et reprenons, sans honte, ce cri triomphal qui jaillissait, il y a encore peu, de toutes les poitrines : champions du monde !
Je concède, cher Journal, que le détail de l’article a tempéré quelque peu mon enthousiasme. J’y ai découvert, en effet, que la France figure au premier rang (46% des réponses) des pays les moins hospitaliers — devant l’Allemagne et l’Espagne ; au premier rang des pays les moins généreux, devant l’Allemagne et les Etats-Unis ; au premier rang des pays les plus ennuyeux, devant l’Allemagne et l’Autriche ; enfin, au deuxième rang des pays les plus cultivés, après l’Italie et devant le Japon.
… Au temps pour moi. Mais je suis rompu aux diableries des statistiques et sais qu’il faut se méfier de ce genre d’enquête. Un rapide examen du site WAYN m’a toutefois représenté qu’il était essentiellement fréquenté par une population de jeunes gens anglophones, davantage portés sur les piercings et la musique techno que sur l’histoire des Capétiens. Tout de même, ce sont les touristes de demain. Et si l’Hexagone, comme on nous le prédit, est appelé à devenir la destination incontournable du tourisme mondialisé, ce premier bilan augure mal de nos relations avec le monde anglo-saxon.
La vie en rouge
C’est un indice d’autant plus préoccupant que les vrais leviers de l’économie future, je le comprends aujourd’hui, résident dans l’espace informel et miroitant des loisirs, du tourisme, et des mille passions qu’ils suscitent. Faut-il donc s’étonner qu’à la veille des vacances, les investisseurs désertent soudain les marchés ? La vie, la vraie vie, est loin de ces chiffres sans âme que mes attributions me forcent à examiner !
J’ai beau scruter mon écran de contrôle, cher Journal, et faire défiler les colonnes : je n’y vois que du rouge. L’ensemble des indices mondiaux est engagé, depuis quelques jours, dans une correction brutale. Pas un n’y échappe ! Les poids lourds mondiaux accusent de 8% à 9% de baisse, retraçant en un peu plus d’une semaine une progression qui s’était étalée sur 76 jours. Mon analyste technique, Egisthe, me signale que le Nasdaq 500, sur lequel nous fondions de grands espoirs, a déclenché un signal inquiétant d’accélération baissière, enfonçant (de très peu) une ligne de support oblique en place depuis l’automne 2002, laquelle passait par les 2 175 points. Il faudra surveiller ce seuil, et vérifier qu’il ne s’agit pas d’un simple excès.
Par ailleurs, ce sont les vedettes d’hier — l’Asie et les marchés émergents — qui payent au prix fort cette désertion des capitaux. Des indices tels que le Sensex de Bombay — qui s’est même vu forcé de suspendre provisoirement ses cotations –, ou encore le dynamique indice turc, le National 30, plongent de près de 20%. Jakarta, Singapour, Séoul suivent le même mouvement. La correction est sévère, certes ; elle s’accompagne aussi, dans la plupart des cas — notamment pour notre CAC 40 — de volumes significatifs. Mais au vu des gains remarquables enregistrés par ces marchés (+100% en un an pour le Sensex ou encore pour l’indice turc), elle n’a rien de catastrophique, et surprend davantage par sa brutalité que par son ampleur.
Dire, depuis le temps que nous l’attendions, que nous ne l’avons pas vue venir ! Egisthe l’Analyste et moi-même n’avons pas cessé, depuis la fin de l’hiver, de nous exciter à la prudence, surtout sur les marchés européens. Bien qu’ayant décelé les premiers signes de secousses, Egisthe a vu ses résistances-clés franchies et n’a pu, en fin de compte, que valider la poursuite de la hausse. A tort : les réactions brutales, à proximité des seuils techniques mais pas exactement sur les points, sont caractéristiques de marchés où l’incertitude domine.
Le regain de volatilité sur les marchés d’indices est, à cet égard, éclairant. Egisthe l’Analyste m’a remontré la courbe de volatilité du Dax allemand (un indicateur fiable, parce qu’il est traité sur outre-Rhin) qu’il avait étudiée en juin dernier : tout comme il le supposait alors, le franchissement de la résistance des 18% s’est accompagné d’un décrochage significatif du cours. Dans ce contexte incertain, mais positif, on peut voir affluer des intervenants sûrs d’eux-mêmes, résolus à jouer contre les clés techniques les plus évidentes : d’où le décalage vis-à-vis des points. Le risque, pour ces parieurs, reste modéré, dans la mesure où leur enjeu n’est pas la vente à découvert, mais la prise de bénéfices. C’est ainsi qu’il faut, à mon sens, expliquer les mouvements récents des indices : non par une crise brutale de confiance, mais par un débouclage de positions gagnantes.
Bonne communiquance
Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer le revirement des marchés. Les inquiétudes concernant l’inflation américaine prédominent. "Ça, c’est vraiment le problème de Bernanke, m’assurait mon cousin Werther le Trader.
– … Le nouveau directeur de la Fed ?
– Il manque d’expérience. Tu as vu comment il s’adresse aux marchés ? Il est ternement clair, Bernanke.
– J’ai des doutes sur la correction de ton ‘ternement’.
– Peu importe, je me comprends. Il est terne, Bernanke ; en plus, on comprend tout ce qu’il raconte. Il est ternement clair. Tout le contraire de Greenspan, en fait. Parce que Greenspan, lui, il était…
– … Etincelamment obscur ?
– … Voilà. Quand Bernanke dit qu’il sera très attentif à l’inflation, tout le monde le comprend et surveille l’inflation. Quand Bernanke dit qu’il ne regardera pas n’importe quelle inflation, mais uniquement le core price index, l’évolution des prix hors alimentaire et énergie, tout le monde le comprend et surveille le core price.
– Et puis, quand les chiffres tombent, qu’ils se révèlent moins bons qu’attendu…
– … Alors, tout le monde sait quoi faire, conclut Werther : les marchés d’actions plongent ; la demande resurgit pour l’obligataire : les prix repartent en hausse, les rendements baissent en sens inverse… Et les contrats de futures sur taux courts complètent le tableau, révélant que les marchés anticipent de nouveaux hikes par la Fed. Voilà ce qui arrive, quand on parle ternement trop clair aux marchés : banquier central, mon vieux, c’est un métier.
– A qui le dis-tu, soupirai-je ; à propos, tu savais qu’on m’avait promis la place à Francfort ? Mais que de mesquines intrigues…
– A tout prendre, me coupa Werther le Trader, mieux vaut leur parler comme notre Banquier central à nous.
– C’est-à-dire ?
– … Embrouillamment terne".
Dollar, yen ou yuan ?
L’autre facteur décisif, c’est, encore et toujours, la situation du change. En tendance de dépréciation depuis près d’un an, le dollar a déclenché à la mi-mai un rebond brutal face à la plupart des grandes devises mondiales. Mais là encore, ce retour technique ne signifie pas grand-chose face à l’ampleur du mouvement d’ensemble : -8% contre le yen, -10% face à l’euro… Pour Egisthe l’Analyste, des niveaux de support important ont été touchés à la mi-mai, notamment contre le yen ; ils militent pour une pause intermédiaire dans une tendance qui reste baissière à long terme pour le billet vert.
Une telle glissade, tacitement encouragée par le gouvernement US, favorise les exportations américaines en les rendant plus compétitives ; par ailleurs, elle diminue d’autant la dette publique du pays ; mais elle fait courir le risque d’augmenter les pressions inflationnistes sur l’économie américaine… Suscitant de nouvelles prises de bénéfices sur les marchés d’actions.
"Chose intéressante, observait mon ami Baptiste le Cambiste, le rebond récent du dollar apparaît plus disputé face à des devises fortes comme la livre sterling, l’euro, le franc suisse que face à des devises comme le baht, le peso, les roupies indienne et indonésiennes. On peut y voir la conséquence directe du débouclage des opérations de carry trade…
– Par exemple, emprunter des yens à taux zéro pour acheter des obligations d’état américaines ? lança Werther. Mais le débouclage, s’apparentant à l’opération inverse (je rachète mes yens) devrait plutôt soutenir le cours du yen ?
– On ne parle pas de carry trade dollar/yen, précisa Baptiste. On parle plutôt d’emprunter des yens, à taux zéro, voire des dollars, pour les investir dans des actifs risqués : des obligations de pays émergents asiatiques, par exemple ; des actions ; voire des matières premières. Dans un contexte de normalisation des taux, favorisé par les craintes inflationnistes, les intervenants estiment que le jeu n’en vaut plus la chandelle. Ce que la remontée du dollar exprime, c’est le coup porté à ces marchés émergents par le débouclage massif de positions courtes : leurs devises locales plongent, leurs marchés s’effondrent. Ce n’est pas le dollar qui reprend des forces, c’est le baht qui part à la trappe.
– C’est pour cela que les matières premières corrigent elles aussi ? demandai-je.
– Qui dit inflation dit ralentissement de la croissance, observa Werther. Les marchés anticipent une baisse de la demande.
– D’un autre côté, on pourrait parier sur un dollar baissier à long terme… Cela ne pourrait pas soutenir les anticipations sur les cours de l’or ou du pétrole ?
– Il faut croire que les intervenants en doutent pour l’instant, répliqua Baptiste. Il y a peut-être une troisième explication : le 15 mai dernier, la banque centrale chinoise s’est décidée, pour la première fois, à laisser filer le cours du dollar sous la barre des 8 yuans ; là, contrairement à toute attente, le greenback a violemment rebondi, les matières premières plongé, les marchés d’indices dévissé. Peut-être faut-il n’y voir que les craintes sur l’inflation américaine ; mais la perspective d’un yuan plus flexible, donc plus cher, avec sa conséquence immédiate — une perte de compétitivité pour l’usine du monde — pourrait expliquer, elle aussi, ce revirement. D’où les anticipations de ralentissement ; les replis des marchés ; les corrections sur le cours des matières premières. Cela signifierait alors que les leviers de l’économie mondiale ne sont plus outre-Atlantique, mais à Pékin… La Chine aurait-elle voulu démontrer sa puissance nouvelle aux banques centrales du monde entier qu’elle ne pouvait pas mieux s’y prendre."
220 grammes
C’est Werther le Trader qui posa une question cruciale : "Une chose est sûre en tout cas : un tas de gens ont décidé, tout d’un coup, de reprendre leurs billes. Ils avaient peut-être besoin de liquidités ?"
Cela me paraît être la voix de la raison. Mon cousin Werther parle d’or (657 $ l’once) : car n’est-ce point la passion, et non l’argent, qui fait tourner ce monde ? Et à quoi bon spéculer sans fin dans les eaux glacées du calcul égoïste, si l’on n’y peut jamais verser l’anisette des plaisirs ? Tel est, d’ailleurs, le raisonnement que doivent se tenir — après leurs cousins américains — nos ménages français : car leur niveau d’endettement vient d’atteindre des records historiques.
… Alors, oui, peut-être qu’ils envisageaient des dépenses, tous ces gens. Même les traders acharnés ! Même les gestionnaires de fonds ! Pourquoi les gestionnaires de fonds n’auraient-ils, pas, eux aussi, des passions — comme tous les autres gestionnaires ? Des vacances à préparer ; des cocotiers à louer ; des télévisions haute définition à acheter… Les vrais leviers de l’économie, comme je le disais, sont ailleurs !
Il m’a fallu du temps pour le comprendre ; la révélation m’est venue l’autre jour, quand Paris était envahi par de joyeux touristes en tee-shirts bariolés, venus pour les uns d’Angleterre, pour les autres d’Espagne, et attirés chez nous non par les charmes inouïs de notre civilisation, mais par la finale de la Ligue des Champions. Sortant du bureau pour aller poster une lettre, j’ai été abordé par un charmant jeune homme, revendeur à la sauvette de son état, qui m’a proposé une place de choix pour ce glorieux événement sportif — contre la somme de quatre mille euros en liquide.
Quatre mille euros ! 220 grammes d’or ! La capitalisation tout entière d’Eurotunnel d’ici à quelques années ! Etonnons-nous, après cela, que l’on veuille sortir des marchés ! Mais après tout — comme disait la bonne amie d’un ministre que je connais un peu –, que valent quatre mille euros contre quatre-vingt dix minutes de bonheur ?
… C’est à ce moment-là, cher Journal, que j’ai compris. Un footballeur vedette peut espérer des revenus annuels de quinze à trente millions d’euros — soit, à lui tout seul, dix salaires de dirigeants du CAC 40 ! Dont chaque centime, à mon avis, est amplement justifié ! Il n’est qu’à voir l’impact psychologique d’un footballeur : quel patron, quel ministre pourrait se vanter de savoir mettre debout, d’un seul coup de pied, vingt millions de personnes ? Les incidences démographiques (témoin le pic de natalité d’avril 1999) sont spectaculaires ; les enjeux économiques, colossaux.
Selon une enquête menée par la banque hollandaise ABN Amro, un pays remportant une finale de la Coupe du Monde bénéficie, en moyenne, de +0,7 point de croissance supplémentaire ; tandis que l’autre malheureux finaliste encaisse un malus de -0,3%. Football scientifique, quand tu nous tiens… Ces analystes hollandais ont, par ailleurs, remarqué que la consommation annuelle de bière par habitant progressait de quelque 10%, les années où leur pays jouait le dernier tour.
La banque HSBC, quant à elle, s’est penchée sur le cas des marchés d’actions : ses statistiques montrent que les pays vainqueurs de la Coupe depuis 1966 (4 sur 10 étaient aussi l’organisateur) ont vu leur indice national surperformer de 9% en moyenne la moyenne des marchés mondiaux. La "merchandisation" croissante dont la discipline s’entoure, sous le regard vigilant de la FIFA, donne à penser que ces impacts économiques iront s’amplifiant. Les chaînes allemandes de télévision publique ARD et ZDF ont précisé leurs tarifs publicitaires pour l’événement : jusqu’à 320 000 euros la minute, 5 300 euros par seconde ! Quel Monsanto pourrait se targuer d’un meilleur rendement, avec moins d’un hectare de gazon, vingt-trois bonshommes et un ballon ?
Finalistes
Voici donc les leviers de la croissance à venir : Panem et circenses ! 2006 sera-t-elle, pour la première économie d’Europe, l’année du grand rebond ? La croissance allemande restait en berne en fin d’année ; le premier trimestre révèle un mieux notable, tiré essentiellement par la demande intérieure. Mais l’endettement public reste considérable et les mesures fiscales décidées par le gouvernement de Mme Merkel (la TVA passera de 16% à 19%) pèseront sur la reprise.
Cependant, elles n’entreront en vigueur que l’année prochaine. En attendant, il y a de quoi motiver, surtout dans un contexte de Coupe du Monde, un "dernier baroud" de surachat, d’autant plus spectaculaire si l’équipe nationale fait un bon parcours dans la compétition… Mais d’autres pays pourront également tirer leur épingle du jeu : et les indices du vainqueur comme du deuxième finaliste seront à étudier de près. Pour un maximum d’impact sur la croissance mondiale, les pronostiqueurs d’ABN Amro préféreraient une finale Allemagne-Italie. Une aimable utopie, bien sûr : car le sport a ses dures réalités, et mariant un modèle de calcul économique éprouvé aux solides données des bookmakers, nos analystes éclairés concluent — avec le consensus des amateurs du monde entier — que ce sera France-Brésil.
J’ai voulu prendre là-dessus l’opinion professionnelle d’Egisthe l’Analyste : il a catégoriquement refusé. "Je ne peux rien te dire ; pas assez d’historique.
– Mais la vie, Egisthe, la vraie vie, ne gît pas dans un historique ! C’est l’avenir de l’Europe, la grandeur de la France, qui commencent à se jouer le 13 juin ! A ton avis ? … 3-0 ? … Deux points de PIB ?
– Je te répondrai le 14 juin.
– Très bien, ai-je soupiré. Parle-moi du CAC : j’en tirerai mes propres conclusions.
– Regarde, me dit-il en étalant un graphique. Malgré sa correction, l’indice évolue toujours dans un canal de tendance haussière, bien au-dessus de sa moyenne mobile à 50 semaines (pointillés), qui se confond avec la borne basse du canal…
– C’est plutôt encourageant, non ? Tu penses à un 3-0 ?
– … A long terme, la configuration militerait pour une poursuite de la tendance. Néanmoins un plus haut a été marqué sur la borne haute du canal, à 5 330 points environ, initiant la correction spectaculaire des derniers jours. Or plusieurs signaux renforcent l’éventualité d’une sortie baissière. En premier lieu, le repli s’accompagne de forts volumes. En second lieu, le RSI 21 accusait une nette divergence : l’oscillateur, en congestion, s’inscrivait dans une tendance baissière tandis que le cours du CAC 40 continuait de monter. C’est l’indice d’un essoufflement de tendance ; cela annonce un basculement brutal du consensus, qui s’est trouvé concrétisé par l’enfoncement d’une droite de support en place depuis trois ans.
– Et ton canal ? m’impatientai-je. On en sort, ou pas ?
– Ma préférence reste à un rebond sur la borne basse vers les 4 720 points ; si la sortie avait lieu, le potentiel de l’événement nous emmènerait à 3 900 points, sans doute pas au-delà. Je ne crois pas, en tout cas, que l’on revoie très vite les sommets du premier semestre : la confiance est durablement affectée. Je préconise donc de couper les positions dans un rebond."
… Pour moi, cher Journal, cette étude n’est que trop claire : cela fera du 2-0 minimum, à notre avantage. Une fois encore, le génie français, qui n’a jamais manqué dans les grandes occasions, trouvera sur les terrains d’outre-Rhin l’occasion d’exprimer son prodigieux talent !
Au reste, quand je considère la remarquable cohésion de notre équipe, où les adolescents les plus explosifs côtoient les champions les plus admirés — bonne idée que d’avoir gardé Platini, Kopa et Just Fontaine –, je ne vois vraiment pas comment la Coupe pourrait nous échapper.