▪ "Le Jour du Jugement est venu !"
Ainsi parlait le nouveau gouverneur de l’état du New Jersey.
Le New Jersey n’est pas franchement unique. Quasiment tous les gouvernements du monde développés sont confrontés au même problème, qu’ils soient nationaux ou locaux. Les dépenses ont augmenté durant les années de boom. Nous savons tous pourquoi. Les politiciens préfèrent dépenser plutôt qu’épargner. Ils achètent des votes avec l’argent des autres. Voilà pourquoi ils aiment les programmes pour les pauvres. Ils sont bon marché.
Mais les votes qu’ils achètent à crédit sont encore moins chers. Distribuez des emplois… des allocations… des subventions pour le logement — et envoyez la facture à la génération suivante. Avec des taux d’intérêt en déclin et une économie qui se développe, les gouvernements pouvaient s’en tirer. Avec les taux bas, on pouvait facilement financer les déficits et réduire le coût de refinancement de la dette existante.
La tendance était insoutenable même quand les choses allaient bien. On ne peut pas éternellement dépenser plus qu’on ne peut se permettre. Tout le monde savait que la facture allait arriver. Et devinez quoi… elle est là.
Ces nouveaux gouverneurs ne sont pas des idiots. Ils ont une marge de manoeuvre. Ils peuvent accuser leurs prédécesseurs d’avoir causé les problèmes. Et ils peuvent devenir des héros en résolvant ces problèmes. En réduisant les dépenses maintenant, ils feront ce qui doit être fait. La chose la plus intelligente à faire serait d’amplifier la gravité de la situation. Sauf que dans le cas présent, l’exagération est plutôt superflue. Les problèmes financiers sont si sérieux qu’il n’est pas nécessaire d’en rajouter.
▪ Jerry Brown, le gouverneur nouvellement élu de Californie, est dans la même position. A peine les votes avaient-ils été comptés que Jerry s’est lancé dans un inventaire soigneux. Naturellement, ce qu’il a trouvé l’a surpris. Il a été choqué — choqué, on vous dit — par la gravité des problèmes budgétaires. Il s’est engagé à entrer dans la capitale de l’état armé d’un balai de la taille de la faille de San Andrea… pour balayer les dépenses inutiles et nettoyer les finances locales.
C’est la même histoire un peu partout. Les états et les municipalités ont dépensé plus qu’ils ne pouvaient se le permettre. Ils ont accumulé les obligations en matière de retraites. Ils ont emprunté pour construire des stades et des piscines. Et maintenant, comme l’Irlande et la Grèce, ils ne peuvent en assurer le remboursement.
Que leur reste-t-il comme solution ? Le défaut de paiement, bien entendu !
Certes, mais avant ça, ils doivent montrer qu’ils essaient d’être responsables. Ils doivent parler de réductions budgétaires et d’intégrité financière. Ils essaieront de réduire les salaires, de fermer les bibliothèques et de renégocier les contrats.
Certains réussiront. Beaucoup échoueront. Tout ce dont nous sommes certain, c’est que ce sera amusant à regarder.
Nous savons également que les gens qui ont prêté de l’argent à ces gouvernements souhaiteront ne pas l’avoir fait. Aux Etats-Unis comme en Europe, les crises de dette sont inévitables. Les villes comme les Etats en viendront au bord de la faillite. Il y aura des programmes de renflouage. Des manifestations d’austérité. Des affrontements avec les syndicats.
La ville de New York a presque fait faillite, dans les années 70. Le maire demanda un renflouage au gouvernement fédéral.
"Allez vous faire voir", répondit le président Jerry Ford… du moins d’après les journaux de New York. Les autorités refusèrent. New York devait d’abord faire le ménage. Bien entendu, elle y parvint, grâce en partie à un gigantesque boom du secteur financier entamé en 1982.
Y aura-t-il un autre gigantesque boom aux Etats-Unis ? Peut-être. Mais d’abord, il y a un krach à subir. Et dans les crises qui s’annoncent, les municipal bonds vont chuter, ça ne fait quasiment aucun doute.
Soyez prudent.