La Chronique Agora

Cellules souches et plomberie de l'extrême (2)

Une nouvelle technique a été inventée pour, littéralement, « cultiver » un nouveau coeur à partir de cellules souches, comme nous l’avons expliqué hier. Aujourd’hui, nous poursuivons votre exploration de cette technique et de ses applications potentielles.

▪ Appliquez, rincez, et répétez

Mais même après l’invention de cette nouvelle technique, la question demeurait : les marqueurs biochimiques sur la structure physique pourraient-ils être conservés ? Les détergents utilisés pour ce faire détruisaient effectivement encore des molécules nécessaires à la création d’un squelette de « coeur fantôme » utilisable comme échafaudage pour en faire pousser un nouveau. Pour remédier à ce problème, les docteurs Taylor et Ott n’ont pas ménagé leurs efforts et ont suivi le chemin tracé par Thomas Edison, qui déclara un jour que « le génie est fait d’1% d’inspiration et de 99% de transpiration ».

En essayant de faire de l’ampoule électrique une réalité commerciale pratique, Edison utilisa presque tous les matériaux possibles et imaginables pour le filament — avant de finir par utiliser un matériau tout à fait commun. Il fit une observation intéressante sur un fil de bambou alors qu’il était à la pêche. Il carbonisa donc des filaments de cette plante, et les utilisa dans ses ampoules.

De même, pour trouver un détergent capable de décellulariser un coeur entier, les chercheurs essayèrent tous les détergents possibles et imaginables, et les testèrent sur des coeurs de rats, l’un après l’autre. Ce qui est intéressant, c’est que ce qui fonctionna le mieux — comme pour les filaments de bambou d’Edison — n’était pas un composé rare, mais un produit très commun, nommé SDS, ou dodécylsulfate de sodium. Aussi connu sous le nom de laurylsulfate de sodium, vous auriez bien du mal à trouver un shampooing qui n’en contienne pas dans votre supermarché !

Cette nouvelle technique de décellularisation a aussi permis une autre avancée importante. D’autres scientifiques avaient déjà tenté d’immerger des organes dans du détergent pour en retirer les cellules, mais cette technique effaçait l’information de type « code postal » dont les cellules souches ont besoin pour se développer exactement comme elles sont censées le faire, et à la bonne adresse. Au cours de leurs expériences, cependant, le détergent SDS fut diffusé au travers du système vasculaire propre de l’organe, au lieu d’être utilisé comme bain. Une fois les coeurs tests décellularisés au SDS grâce à la nouvelle méthode par perfusion, la différence était stupéfiante. Il ne restait plus qu’un échafaudage de protéines, propre comme un sou neuf, sur lequel il suffisait maintenant d’essayer de faire repousser un nouveau coeur, doté de structures vasculaires chargées d’apporter la nourriture nécessaires aux cellules souches implantées.

Les scientifiques décidèrent donc d’aller plus loin dans leur expérience et de voir s’il leur serait possible de faire en sorte que cet organe décellularisé fonctionne à nouveau après y avoir implanté des cellules souches. Et une nuit, le Dr Harald Ott était assis dans son laboratoire, à observer le bioréacteur : incroyable mais vrai, le coeur battait. Il sauta sur le téléphone et appela ses collaborateurs : une nouvelle ère venait de s’ouvrir dans le domaine des thérapies à base de cellules souches.

▪ Une entreprise s’est créée pour développer cette technologie

Ces découvertes ont été publiées dans le prestigieux journal scientifique Nature Medicine. La découverte a reçu en 2008 la récompense Popular Science pour la meilleure innovation dans le domaine de la santé. De plus, après avoir acquis la totalité des licences pour cette technologie auprès de l’université du Minnesota, la découverte a fourni les techniques à la base de la création d’une nouvelle entreprise.

Patrick Cox et moi-même avons interviewé son équipe de gestion pour vous apporter toutes les informations concernant cette avancée technologique : pour découvrir nos recherches — et la recommandation qui va avec –, continuez votre lecture

 

[Ray Blanco était le genre d’enfant qui reste des heures dans sa chambre tous les soirs, programmant des codes dans son ordinateur Timex Sinclair 1000. Aujourd’hui, il combine sa passion de la technologie avec ses connaissances et son savoir-faire dans les domaines de la finance et des marchés boursiers au sein de la lettre NewTech Insider, dont il est co-rédacteur.]

 

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