La Chronique Agora

Ce serait impossible aux Etats-Unis

▪ En fin de semaine dernière, les marchés se sont montrés un peu plus animés… On a perçu une étincelle de vie.

Malheureusement, l’ambiance n’était guère à la fête. Le Dow a chuté de 131 points. Par contraste, l’or a augmenté, de 32 dollars par once. Si les acheteurs d’or semblent anticiper encore plus d’assouplissement quantitatif, les investisseurs en actions, de leur côté, semblent en avoir abandonné l’idée.

Je ne vais pas perdre mon temps et le vôtre à essayer d’analyser les mouvements jour après jour. Ils n’ont pratiquement aucune signification. Et de toute façon, les investisseurs ne savent pas ce qu’il faut en penser. Ils reviennent au travail après quelques semaines de vacances. Ils rattrapent toutes les lectures qu’ils n’ont pas faites afin de se mettre au courant de ce qui s’est passé et vont essayer de donner un sens à tout cela… en choisissant les derniers boniments en date comme s’il s’agissait de la nouvelle saison de mode automne-hiver.

Mais par cet article, je me propose de les aider. Non pas que j’aie de meilleures idées que les autres, mais je suis plus suspicieux et cynique que la plupart des investisseurs. Et je consacre plus de temps à la réflexion. La plupart des gens ont de vrais emplois ! Ils sont trop occupés pour perdre du temps à réfléchir.

« Le problème avec vous les Américains, » m’a confié hier une femme lors d’un dîner entre amis, « est que la seule chose qui vous intéresse, c’est de gagner de l’argent… travailler, travailler, travailler. Mais ce qui est important, c’est d’apprendre comment vivre mieux. J’ai passé beaucoup de temps aux Etats-Unis. Les gens ont de l’argent… mais la qualité de vie n’y est pas souvent très élevée. »

Elle avait raison. Mais surtout, elle était jolie ; je voulus en savoir plus…

« Oh, mais il y a beaucoup de combines en France, » déclara un autre de mes nouveaux amis. « Rien n’y est exactement comme cela est censé être… et certainement pas comme nous le disons. »

Je commence à apprécier le nouveau président de la France, le socialiste François Hollande. Il me rappelle les Argentins : prêts à faire précisément la mauvaise chose, précisément au mauvais moment.

En France, l’économie stagne. Le coût de la vie y est beaucoup plus élevé qu’aux Etats-Unis — le salaire minimum est au moins le double de celui en Amérique. Le taux de chômage des jeunes et des classes défavorisées est élevé. Et les employeurs rechignent à embaucher, en partie parce que cela leur coûte très cher et en partie parce qu’ils savent qu’ils devront consacrer la moitié de leur temps à des conflits sociaux.

Entre-temps, tout le pays risque à présent de couler sous l’endettement et les dysfonctionnements — tout comme la Grèce, l’Espagne et le Portugal. En fait, notre collègue Simone Wapler vient d’écrire un livre qui montre pourquoi la faillite de la France est à présent inéluctable.

« Oh, nous les Français aimons les défis, » m’explique un de mes compagnons de tablée. « Nous travaillons avec un boulet et des chaînes autour des jambes. Nous devons donc utiliser notre tête ! »

Règlements… ingérence… interventionnisme — exactement comme aux Etats-Unis. Les gens consacrent de plus en plus de temps à essayer de respecter — ou détourner — les règlements et de moins en moins de temps à produire.

« C’est bien pire ici. Même pour les choses sans importance. Par exemple, la police a installé des barrages routiers tard dans la nuit pour attraper les fêtards. Ils vous font souffler dans un alcootest. S’il est positif, ils vous confisquent votre permis de conduire.

« La prochaine chose qu’ils prévoient ? Ils vont obliger chaque automobiliste à avoir des éthylotests dans sa voiture. Vous savez ces trucs dans lesquels on souffle. Nous sommes censés nous auto-tester pour déterminer si oui ou non nous sommes aptes à prendre le volant. Je suppose qu’ensuite, si nous avons dépassé la limite, nous sommes censés appeler la gendarmerie du coin et leur demander de venir nous arrêter !

« Certes, nous sommes encore en France… Les gens sont très raisonnables, même les gendarmes, lorsqu’on les connaît personnellement. Un jour, j’étais en voiture avec ma mère lorsque j’ai été arrêté à l’un de ces barrages. J’avais bu quelques verres de vin et j’étais donc inquiet que mon permis ne me soit retiré. Mais ma mère, lorsqu’elle vit le gendarme se pencha par la portière et lui demanda :

« Est-ce que vous n’étiez pas un de mes élèves au catéchisme ? »

Il la regarda… et la reconnu ! Il la salua… et nous laissa passer.

« Ce que font les gens est de décider qui va boire et qui va conduire. En général, c’est le mari qui boit et la femme qui conduit au retour. Mais je connais un couple qui s’est rendu à une soirée… et tous les deux se sont bien amusés. Puis, lorsqu’il fut l’heure de partir, ils se rendirent compte qu’ils étaient venus de différents endroits dans des voitures différentes. Pas de problème : ils reprirent la route avec le mari qui suivait sa femme, chacun dans sa propre voiture.

Eh bien, ils furent arrêtés à un barrage. Elle se gara sur le bas-côté et lui derrière elle. Excepté que la femme, dans la première voiture, fit rapidement descendre sa vitre.

Elle dit au gendarme : « Dieu merci, vous voilà ! Ce type derrière moi me suit depuis 15 kilomètres ! »

« Ne vous inquiétez pas, Madame, » dit le policier galamment. « Continuez votre chemin… Nous nous occupons de lui !' »

Que fait donc le président Hollande pour essayer d’améliorer les choses ? Il veut augmenter les impôts, en particulier pour les « riches ». « Je déteste les riches » a-t-il déclaré alors qu’il proposait d’élever le seuil d’imposition maximal à 75%, ce qui est de loin supérieur à ses voisins européens et garantit pratiquement à coup sûr un exode des gens les plus productifs du pays. Et il augmentera encore plus le salaire minimal. Cela devrait aider aussi, n’est-ce pas ?

Une autre raison d’apprécier le président français, en plus des dégâts divertissants qu’il fait à l’économie, est que sa vie personnelle est très mouvementée. Hollande a l’apparence terne d’un fonctionnaire — âge moyen… courtaud… bedonnant… épaules étroites.

Il est certainement intelligent et on dit qu’il a un grand sens de l’humour. Mais pour autant que nous le sachions, il n’a jamais eu de pensée originale, n’a jamais rien construit qui vaille la peine d’être détenu, n’a jamais rien écrit qui vaille la peine d’être lu ou n’a jamais rien fait qui vaille la peine d’être fait.

« Toutefois, son histoire est très intéressante, » m’explique la femme assise à côté de moi. « Il a eu trois enfants avec Ségolène Royal [une très belle femme politique socialiste]… un enfant avec une autre femme  puis est revenu vers Ségolène et lui a fait un quatrième enfant. Il vit aujourd’hui avec une troisième femme, Valérie Trierweiler. Nous l’appelons la ‘Rottweiler’. Il n’en a épousé aucune. »

« Cela serait impossible aux Etats-Unis » ai-je expliqué aux convives.

Hollande reproche au capitalisme de creuser l’écart entre les riches et les pauvres. Mais ce fait n’est pas la faute au capitalisme ; c’est la faute de ceux qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas, de ceux qui fourrent leur nez partout… et des combines montées sous forme d’arnaques par des gens comme le président français et les élites au pouvoir. En voici une preuve, lue dans le journal britannique The Guardian :

« Les 10% des ménages les plus riches en Grande-Bretagne ont vu la valeur de leurs actifs augmenter de plus de 322 000 livres, résultat des tentatives de la Banque d’Angleterre d’utiliser la création électronique de monnaie pour relever l’économie de sa pire récession depuis l’après-guerre. »

« La Banque d’Angleterre a déclaré que les familles aisées ont été les plus grandes bénéficiaires de son programme d’assouplissement quantitatif de 375 milliards de livres, dans lequel il a acheté des obligations d’Etat contre de l’argent liquide depuis début 2009. »

« Elle a calculé que la valeur des actions et des obligations a augmenté de 26% — soit 600 milliards de livres — résultat de la politique, ce qui équivaut à 10 000 livres pour chaque ménage au Royaume-Uni. Toutefois, elle a ajouté que 40% des bénéfices sont allés aux 5% des ménages les plus riches. »

« Même si la Banque a déclaré qu’elle ne pouvait pas fournir des chiffres précis sur les gains dus à l’assouplissement quantitatif, des estimations peuvent être produites en utilisant les données de distribution de la richesse en provenance de l’Office for National Statistics. Ces estimations montrent que la hausse moyenne des possessions d’actifs financiers et de fonds de pensions, pour les 10% des ménages les plus riches, serait soit de 128 000 livres par ménage soit de 322 000 livres — en fonction de la méthode de calcul utilisée. »

« Toutefois, selon la Banque d’Angleterre, l’assouplissement quantitatif avait aidé toutes les couches de la population en épargnant au pays une récession encore plus forte. La hausse des prix des actifs après l’assouplissement quantitatif a été annoncée début 2009, après de fortes baisses lors des deux précédentes années. »

« Sans les achats d’actifs par la banque, la plupart des gens au Royaume-Uni auraient été encore plus appauvris » a-t-il déclaré dans un article préparé en réponse aux questions de la commission parlementaire des affaires économiques. »

Faux ! Les Britanniques ne sont pas plus riches. Ils sont plus pauvres. La Banque d’Angleterre a pris des ressources réelles qui étaient en grande partie détenues par le peuple britannique et les a données à une petite partie de la population. Cela a permis à beaucoup de riches — et à leurs banquiers — de faire faillite. Et pourtant, c’est exactement ce qui aurait dû leur arriver.

Et si on les avait laissé faire faillite, les riches ne seraient pas si riches… mais l’économie britannique serait peut-être en train de se relever maintenant… au lieu de rester engluée dans une dépression à la japonaise qui pourrait durer encore entre 10 et 20 ans.

Voilà mon point de vue… et je m’y tiens.

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