La Chronique Agora

Ce que la faillite d'Anglo Irish Bank professe

▪ Trois renflouages n’auront pas suffi à sauver le navire. La banque irlandaise Anglo Irish Bank est en liquidation. Les finances du pays, exsangues.

Remarquez le langage. Les autorités irlandaises se demandent si elles doivent créer une bonne et une mauvaise banque ou créer une banque de financement et une banque de recouvrement d’actifs, pour sauver les apparences.

Cela revient au même.

Revoilà la bad bank, la banque poubelle, pudiquement appelée chez nous "structure de défaisance". Dans ce dépotoir se retrouveraient les actifs pourris de Anglo Irish Bank et sa dette obligataire. Mauvaise nouvelle pour ses porteurs. L’Agefi explique que "pour rassurer les investisseurs, le ministre des Finances irlandais a déjà annoncé que tout défaut de paiement est à exclure sur la dette senior. En revanche, sur les 2,45 milliards d’euros de dette subordonnée (lower tier two, LT2), le mystère reste pour l’instant entier". Il est probable que les créanciers d’Anglo Irish Bank ne revoient jamais leur mise.

Mais quelle idée ! Chez MoneyWeek, nous n’accordons aucun crédit au crédit financier. Et, si nous apprécions particulièrement les obligations d’entreprise, nous excluons tous ces titres complexes qui pullulent dans les bilans bancaires. Notre credo : fuir ce que nous ne comprenons pas.

La nouvelle réglementation sur la capitalisation Bâle III ne fait pas peur aux banques. Elles peuvent remercier les injections publiques de fonds propres réglementaires, les augmentations de capital et tous les titres (obligations convertibles, titres super subordonnés…) qu’elles ont émis.

Alors que le bon sens appelait à plus de transparence, la dette hybride, qui a les caractéristiques de capitaux propres et de titres de dettes, avec moult spécificités, a explosé.

Certes, les stress tests européens ont seulement mis à l’index sept noms. Mais, ces résultats sont fort "complaisants", déplore Laurence Chieze-Devivier, stratégiste chez Axa IM. Il n’y aurait besoin que de 3,5 milliards d’euros supplémentaires. Pas suffisant, estime-t-elle. "Dans le scénario d’une récession, les pertes estimées sur deux ans (2010-2011) du secteur bancaire européen s’élève à 473 milliards d’euros (pour des revenus de 509 milliards d’euros)", écrivait en juillet l’économiste. Sans compter la facture liée à la détention de dettes souveraines européennes.

La perte semestrielle d’Anglo Irish Bank, de 8,2 milliards d’euros, ne serait qu’une goutte dans une mare nauséabonde. Son naufrage n’a pas de quoi nous rassurer.

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