La Chronique Agora

La criminalisation du cash

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La réduction du coût du crédit ne fonctionne pas. Pour contrer une nouvelle crise, il ne resterait aux banquiers centraux que deux moyens : les helicopters money et l’interdiction du cash.

L’argent, parfois, devient « totalement politique ».

Prenez ce pauvre Kenneth Rogoff, à Harvard.

Il veut un dollar muni d’une carte d’électeur, avec un drapeau américain sur le pare-brise et une arme à la ceinture : le type d’argent que soutient l’establishment qui vote pour Hillary.

Dans le Wall Street Journal, le mois dernier, il a écrit sous le titre The Sinister Side of Cash [NDLR : le redoutable revers des espèces] que « la monnaie-papier, notamment les grosses coupures de 100 dollars, facilitaient la criminalité : le racket, l’extorsion, le blanchiment, le trafic de drogue et d’êtres humains, la corruption des fonctionnaires, sans parler du terrorisme. »

Bien sûr que les grosses coupures facilitent la tâche aux criminels. Tout comme les téléphones portables. Et les lunettes de soleil. Et les voitures climatisées.

Mais c’est bien ce que l’argent est censé faire : faciliter le fonctionnement de l’économie. Vous l’utilisez comme bon vous semble.

Oui, Cher Lecteur, nous revenons à notre thème de prédilection : l’argent. Mais quoi ? Finalement, il se passe enfin quelque chose.

Rappelez-vous, les marchés ont été étrangement calmes… les actions enregistrant moins de mouvements qu’au cours des 100 dernières années.

Et alors ?

C’est peut-être bien le calme avant la tempête. Nous ne savons pas. Ou encore le calme avant encore davantage de calme.

Comment cela va se terminer

Il y a quelque chose de fondamentalement apaisant, lorsqu’une banque centrale laisse entendre qu’elle protège vos arrières.

La Banque du Japon achète des obligations et des actions (via des ETF)… poussant ainsi leurs cours à la hausse.

Dans le cadre de son QE de 1 700 milliards d’euros (1 900 milliards de dollars), la Banque centrale européenne a acheté tellement d’obligations d’Etat qu’elle n’en trouve plus assez. Alors, cet été, elle a ajouté les obligations d’entreprises à sa liste.

Selon Reuters, elle va bientôt être à court d’obligations d’entreprises, également. Alors elle devra emboîter le pas de la Banque du Japon… et s’attaquer au marché actions… si elle veut poursuivre son QE.

Pendant ce temps, aux Etats-Unis, Janet Yellen continue à baratiner et à embobiner son monde… à tourmenter les investisseurs en agitant la menace d’une « normalisation » des taux d’intérêt, mais sans avoir ni l’envie ni le courage de passer à l’acte

Nous nous demandons depuis un moment comment cela va se terminer. Les marchés baissiers sont une réalité. Mais si la banque centrale se mettait en tête de les stopper, que se passerait-il, alors ?

Les banques centrales — selon le système actuel – peuvent créer un volume illimité de fausse monnaie. Elles peuvent utiliser cet argent afin d’acheter des actifs financiers réels.

Théoriquement, elles pourraient acheter toutes les actions et obligations de la planète. Et théoriquement, elles pourraient laisser les Etats prendre totalement possession du capital présent sur Terre.

Les riches deviennent plus riches (en vendant leurs actifs aux Etats, à des prix gonflés). Les pauvres deviennent plus pauvres (à mesure que les capitaux sont de plus en plus mal répartis… que les indicateurs de prix sont déformés… et que l’on perd de la richesse réelle).

Qu’est-ce qui ne tourne pas rond ?

Tout. Comme en politique, l’abîme existant entre la théorie et la pratique est aussi vaste que la Mer des Sargasses.

La prochaine crise

Même avec les plus grands enchérisseurs au monde de leur côté, les investisseurs peuvent toujours paniquer.

Cela signifierait un effondrement du prix des actifs, d’énormes banqueroutes, et une nouvelle crise.

Les choses évoluent vite. Les Etats peuvent bien intervenir avec de nouveaux QE, mais ils vont peut-être manquer de moyens et arriver trop tard.

Une chute de 20% du cours des actions équivaudrait à une perte d’environ 5 000 milliards de dollars, rien qu’aux Etats-Unis.

Le marché obligataire est, en gros, deux fois plus important que le marché actions. Alors ajoutez une chute de 20% sur ce marché et, là, cela fait beaucoup d’argent : une perte totale de 15 000 milliards de dollars… qui pourrait facilement se produire en quelques jours.

A présent, imaginez une chute semblable au plongeon enregistré en 2008-2009…

Si l’on arrondit les chiffres, les actions ont perdu 50% à l’époque. Aujourd’hui, les actions présentes partout dans le monde représentent 60 000 milliards de dollars, alors la perte serait de 30 000 milliards de dollars.

Si le marché obligataire chutait en même temps, alors on devrait envisager 60 000 milliards de dollars supplémentaires, à peu près… Les marchés enregistreraient donc une perte totale de 90 000 milliards de dollars de capitaux.

Que feraient les Etats ?

Certes, ils achèteraient des actions et des obligations. Mais ils achèteraient aux prix du marché. Les détenteurs essuieraient tout de même d’énormes pertes.

Et les Etats ne s’arrêteraient pas là.

Cela fait presque huit ans que nous assistons aux différents programmes de « stimulus » des banques centrales, qui coïncident avec la plus faible reprise jamais enregistrée.

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En tenant compte de l’inflation, les revenus de la plupart des Américains sont plus faibles actuellement qu’en 2007.

C’est clair, la réduction des coûts du crédit ne fonctionne pas, même avec des rendements négatifs sur un volume d’obligations s’élevant à environ 13 000 milliards de dollars.

La carotte et le bâton

Alors, quelle est la suite ?
Lorsque la prochaine crise frappera, les banques centrales retourneront en courant vers leurs boîtes à outils et sortiront quelque chose de nouveau. Il ne fait aucun doute que l’helicopter money en fera partie.

C’est le terme que Milton Friedman, l’économiste, a utilisé afin de décrire l’argent fraichement imprimé que l’on donne directement, sans augmenter parallèlement le déficit budgétaire de l’Etat.

On annoncera de nouveaux projets d’infrastructures, gigantesques. Des crédits d’impôts, des réductions fiscales, des revenus minimum garantis : nous ne savons pas ce que les Etats imagineront.

Mais restez vigilant…

La carotte s’accompagnera du bâton. Les Etats mettront en oeuvre des mesures afin de tomber à bras raccourci sur les fraudes fiscales, resserrer le collet sur les acteurs du marché noir, et couper les financements de causes qu’ils n’apprécient pas.

Ils utiliseront leurs « hélicoptères à fric » pour vous endormir. Autrement dit, ils veilleront à ce que vous fassiez ce qu’ils veulent de votre argent.

Cette suggestion débile de M. Rogoff, de restreindre les espèces, pourrait devenir loi.


Vous souhaitez conserver la liberté d’utiliser les espèces, le cash ? Signez notre pétition « non à la société sans cash« , ici !

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