▪ Le pape François dans la Ville éternelle… Bill di Blasio dans la Grosse pomme… Obama à la Maison Blanche… De la chaire au Bureau ovale en passant par la mairie… le capitalisme est attaqué de toutes parts en 2014.
Obama a fait de l’inégalité des revenus un croquemitaine pour les deux dernières années de sa présidence. Di Blasio est lui aussi très enthousiaste sur le sujet. Il s’est rendu compte qu’il y avait plus de voix à prendre dans les quartiers pauvres que dans les quartiers riches, et que les habitants du mauvais côté de Brooklyn et du Bronx commençaient à en avoir assez de voir les gens de Manhattan gagner gros. Il a raison sur tous les points.
Rien n’est plus vexant que de voir un voisin s’enrichir… à moins que le voisin en question soit votre beau-frère. Dans ce cas, c’est intolérable.
Dans les circonstances actuelles, les pauvres ont des raisons légitimes de s’énerver. Ils affirment que les riches s’enrichissent plus encore, et de manière injuste ; ce n’est pas sans fondement. Les riches possèdent des actions et des obligations. Grâce aux manipulations du gouvernement (par le biais de sa banque centrale), les actions américaines valent 3 700 milliards de dollars de plus qu’au début de l’année dernière. Sans aucun effort de leur part, les actionnaires riches ont désormais une gigantesque part supplémentaire de la richesse mondiale.
L’argent n’est jamais qu’un titre, après tout. Il vous indique comment vous vous situez par rapport aux autres. La quantité de biens et de services disponibles est toujours plus ou moins limitée. Si vous vous enrichissez à un rythme plus rapide que l’augmentation générale de la production, c’est que vous dépouillez quelqu’un d’autre. Vous avez plus. Il a moins. Avec une croissance de 2% du PIB, les Etats-Unis ajoutent environ 350 milliards de dollars de richesse additionnelle. Par conséquent, si les actionnaires ont gagné 3 700 milliards de dollars, ils ont dû prendre cette richesse à d’autres. Ils ont gagné 3 350 milliards de plus que la croissance du PIB. Ils gagnent. D’autres perdent.
▪ Qu’y a-t-il de mal à ça ?
Quelqu’un doit pouvoir acheter la plus belle maison du quartier. Quelqu’un doit pouvoir acheter la voiture la plus luxueuse ou prendre les vacances les plus opulentes. Quelqu’un doit gagner au grand jeu de la vie économique.
Eh bien, les riches ne sont pas seulement en tête. Ils administrent une véritable raclée à leurs concurrents dans toutes les autres catégories. Seuls les 10% des ménages les plus aisés ont vu de véritables augmentations de leurs revenus au cours des 10 dernières années. Tous les autres ont perdu du terrain. Et les 1% les plus élevés ont fait mieux encore — grâce en grande partie aux hausses spectaculaires du prix des actions et de l’immobilier.
Qu’y a-t-il de mal à ça ? Rien, sinon peut-être que cette sorte de fourberie sournoise en collaboration avec les autorités donne mauvaise réputation au capitalisme. Ce ne sont pas les capitalistes qui ont empoché le plus d’oseille grâce aux renflouages, taux zéro et assouplissements quantitatifs de la Fed. Ce sont les initiés.
C’est dommage, mais les gens pensent que les riches sont des capitalistes et que les capitalistes sont riches. Ce n’est pas le cas. Un vrai capitaliste encaisse ses pertes aussi bien que ses gains. Il fait des erreurs… et il les paie lui-même. Parfois, ce n’est pas une question d’argent. Souvent, il ne sait pas combien il a… et ne s’en soucie pas. C’est le voyage qu’il apprécie, pas forcément la destination.
Le capitaliste est mal compris, tout comme le capitalisme. Ce n’est pas tant un "système" que ce qui se produit quand il n’y a pas de système. C’est ce qu’accomplissent les gens quand on les laisse faire. Bien ? Mal ? Nous n’en savons rien… mais c’est mieux que de se laisser dicter sa conduite par quelque canaille ayant ses propres objectifs.