La Chronique Agora

Un candidat inédit à la présidentielle américaine…

▪ Eh bien, nous y voilà. Les débats ont commencé aux Etats-Unis. Nous y avons échappé grâce à un continent, une barrière des langues et une chaîne de montagnes. Mais même si nous avions eu la télévision, nous n’aurions pas regardé. Pourquoi perdre son temps ?

Les médias ont rapporté un peu partout que M. Romney n’a fait qu’une bouchée de M. Obama.

Lassé des deux… et de tous le processus, nous avons décidé de nous y mettre. Absolument : nous annonçons notre candidature à la présidence des Etats-Unis d’Amérique. Et vous, cher lecteur, être le premier à le savoir.

Il y a quelques années, nous avions dit en plaisantant que nous nous présenterions. Notre slogan de campagne allait faire un tabac : « trop riche pour voler, trop bête pour mentir ».

Des amis bien intentionnés nous en avaient découragé. Ils avaient peur que nous gagnions. Nous leurs avions assuré qu’en cas de victoire, nous clamerions à la tricherie électorale.

Mais sous la pression, nous avions abandonné la course et George W. Bush l’avait emporté. Tant pis pour les Etats-Unis.

Cette fois-ci, c’est différent. Oui, qu’on sorte les drapeaux… qu’on déroule les fanions… qu’on nous donne des bébés à embrasser et qu’on nous glisse des enveloppes pleines de billets. Des petites coupures dont les numéros ne se suivent pas, s’il vous plaît. Nous n’accepterons pas les donations de campagne, mais nous prendrons les pots-de-vin en toutes sortes de devises.

Cette fois-ci, nous sommes sérieux. Le temps du CHANGEMENT est venu. Pourquoi ce besoin de changement ? Le Financial Times explique :

« Le revenu du ménage américain médian en 2011, à 50 054 $, était inférieur de 570 $ au revenu médian de 1989. Les 111,4 millions d’emplois du secteur privé actuels sont à peu près aussi nombreux qu’il y a 12 ans ».

« Cette crise du marché de l’emploi a tout naturellement assombri l’humeur [des Etats-Unis]. Dans un récent sondage, seuls 27% des Américains étaient convaincus que la vie de leurs enfants serait meilleure que la leur. Trop de familles se demandent avec anxiété : ‘où sont les emplois ? Comment est-ce que tout cela va finir ?' »

▪ Des promesses de campagne encore jamais vues
Le Financial Times aurait aussi pu mentionner que le système est truqué au détriment de ceux-là mêmes qui décideront de l’élection — les électeurs de la classe moyenne. Les autorités donnent de l’argent gratuit à leurs amis — les initiés. Lorsque les électeurs s’en rendront compte — s’ils s’en rendent compte un jour — ils seront de très mauvaise humeur. Et prêts à voter pour un vrai CHANGEMENT.

Mais peut-être ne comprendront-ils jamais. Ici en Argentine, le chef d’un syndicat avait la solution à la crise financière du pays. « Arrêtons tous de voler pendant un an », a-t-il suggéré avec bonne volonté.

Lorsque cette proposition a été rejetée par toutes les parties, il a lâché du lest. « Alors un mois sans voler ? »

Là aussi, on a ri. Un gouvernement qui ne vole pas, c’est comme de l’alcool qui ne rendrait pas ivre. A quoi bon ? Si tout ce qu’on obtient du gouvernement, c’est ce qu’on y met soi-même, pourquoi se donner tant de mal ? La chasteté ne sert à rien à une prostituée. Idem pour l’honnêteté et les politiciens.

Ce n’est pas comme si nous pouvions changer le système. Les politiciens seront toujours des politiciens, et le gouvernement sera toujours le gouvernement. Nous ne pouvons pas en changer la nature. Mais nous pourrions certainement faire avec moins ! C’est de ce changement que nous voulons parler.

Nous ne sommes pas le premier à avoir cette idée. Thomas Jefferson :

« Ma vision de l’histoire me convainc que la plupart des mauvais gouvernements proviennent d’un excès de gouvernement ».

Oui, d’autres candidats ont promis le « changement ». Mais nous, nous le pensons vraiment. La preuve se trouve dans nos promesses de campagne.

D’abord, nous promettons de ne tenir aucune promesse que nous ferions durant la campagne. Rien que ça fait de nous le seul candidat honnête et la seule personne digne d’un bulletin de vote.

Deuxièmement, nous pouvons prouver que nous sommes né aux Etats-Unis… à l’hôpital général d’Annapolis en l’an de grâce… eh bien… peu importe en quelle année. Mais nous certifions que nous sommes assez âgé pour être président. Nous sommes assez âgé pour savoir que nous ne devrions pas l’être !

Troisièmement, nous promettons de ne pas nous lancer dans des débats avec quiconque. Les débats ne sont qu’un spectacle bidon, ne servant qu’à prouver lequel des candidats est le plus beau parleur. Qui s’en soucie ?

Quatrièmement… pour en venir aux spécificités… nous ne proposerons pas des « réformes » vagues, creuses et sans signification. Nous parlons de vrai changement. Nous équilibrerions le budget fédéral du jour au lendemain. Comment ? En divisant le budget du Pentagone par deux. Pour commencer. Les Etats-Unis seraient bien mieux défendus avec moins de « défense ».

Ensuite, nous couperions aussi en deux le budget national. La sécurité sociale, les allocations santé, le Département des Choses Dont Nous N’Avons Jamais Entendu Parler et Dont Nous N’Avions de Toute Façon Pas Vraiment Besoin — tout ça. Nous serions deux fois plus prospères avec la moitié de l’aide des autorités.

Oh, nous anticipons déjà les hurlements de mépris et les cris de douleur. « Vous adoptez l’approche du hachoir à viande », diraient nos critiques. Oui. « Et comment ! », dirions-nous même avec un panache tout reaganesque. Un hachoir à viande, c’est exactement ce dont a besoin le gouvernement fédéral. Ou une tronçonneuse.

De toute façon, quasiment toutes les dépenses gouvernementales sont une combinaison de pots-de-vin et d’usines à gaz. Ils se valent tous, pour autant que nous en sachions. Que les ronds-de-cuir du Congrès s’occupent des détails. Selon les pots-de-vin, ils peuvent décider qui recevra les usines à gaz. Nous avons en contrepartie un budget équilibré, et nous nous sommes débarrassés de la moitié des zombies, avec moitié moins de ressources siphonnées par les autorités.

Du beau travail.

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