La Chronique Agora

Mes quatre règles pour ne pas se tromper de small caps dans des marchés tendus

▪ La consolidation actuelle des marchés touche aussi les small caps même si, comme vous le voyez ci-dessous, les rebonds sont bien plus fulgurants. Regardez la différence de rebond entre le CAC 40 (en rouge ci-dessous) et l’indice Mid&Small 190 (en noir) depuis 2009.

Pour agrandir le graphique, cliquez dessus

Cependant, les chutes sont aussi importantes et rapides. En fait, les small caps amplifient les variations de marché — même si elles ne réagissent pas exactement au même contexte macro-économique que les big caps. Mais j’aurai l’occasion d’y revenir.

Pour l’heure, j’ai décidé de vous dévoiler mon « carré d’or » des bonnes décisions pour résister à la tempête actuelle sur les small caps. Voici donc quatre conseils pour passer l’orage boursier.

▪ 1. Investissez sur des valeurs liquides où le flottant est assez important
Je ne le répèterai jamais assez : vous devez absolument prendre en compte la liquidité du titre quand vous décidez d’acheter une small caps.

Pour cela, vous devez regarder en détails l’actionnariat de la société. Je considère qu’un titre dont le flottant est inférieur à 10% est potentiellement dangereux — si l’on reste bien sûr sur des petites capitalisations. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en cas de forte baisse des marchés ou en cas de mauvaise nouvelle sur la société, il est parfois impossible de vendre.

Prenez par exemple Sical. Voilà une très belle société, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation d’emballages. Son bénéfice net a atteint 6,4 meros (million d’euros) pour des capitaux propres de 115 meros. Sa capitalisation actuelle n’est que de 48,4 meros, ce qui fait un PER de 7,5. Vraiment pas cher pour ce genre de dossier…

Sauf que le flottant n’est que d’à peine 8% avec en plus une cotation au fixing (cotation fixe à 15h30). Difficile d’être exécuté au prix demandé, ou même d’être sûr d’entrer ou de pouvoir sortir du titre. Imaginez ce que donnerait une panique baissière sur un tel titre ? Le carnet d’ordres serait plein à craquer d’ordres de ventes, à n’importe quel prix… et là, vous n’êtes même pas sûr d’arriver à vendre. Evidemment, ce risque est d’autant plus important en période crispée comme en ce moment. Le risque est moins présent en pleine période euphorique.

Mais pour l’heure, malgré la qualité du dossier, je vous préconise de rester à l’écart. A la moindre mauvaise nouvelle vous pouvez rester collé, c’est à dire dans l’impossibilité de vendre.

▪ 2. N’investissez pas comme au loto sur des valeurs échappant à toute rationalité économique

C’est mon grand dada et j’en parle souvent, que ce soit sur notre site ou sur BFM… Cela me vaut d’ailleurs de nombreuses critiques en tout genre sur les forums… mais je n’achète JAMAIS des dossiers qui échappent à toute rationalité économique — du moins, à la mienne !

Comment justifier par exemple de payer S.T. Dupont sur un PER de 100 alors que sa marge opérationnelle ne dépasse pas 5% ? Comment accepter de payer Carmat 700 millions d’euros alors que le coeur artificiel n’a pas encore fait ses preuves et que la société fait zéro de chiffre d’affaires ?

Je pense qu’il faut vraiment analyser en détails les chiffres d’une société avant de l’acheter au risque de subir une sérieuse déconvenue.

Prenez par exemple Eurodisney… La valeur est hors de prix, et il n’y aura pas d’OPA chinoise dans l’immédiat. L’action a cédé 15,3% en un mois pour une baisse du CAC 40 de l’ordre de 3,5%, soit presque 5 fois plus. Vous allez me dire… Votre raisonnement ne tient pas car Eurodisney gagne encore 77% depuis le 1er janvier. Certes. Mais le titre perd deux euros en un mois, soit plus de 20%.

Ce genre de mésaventure peut arriver à n’importe quelle valeur mais la probabilité est plus grande sur des valeurs dont le cours est artificiellement gonflé. Regardez S.T. Dupont : le titre valait 0,99 euro le 25 mai et ne s’échange plus qu’à 0,68 euro trois semaines plus tard…

▪ 3. Ne prenez jamais le train en marche
Vous l’avez vécu : regarder une small caps prendre 7%… 10%… 30% après une heure de cotation sans aucun fondement. Vous vous demandiez alors, minute après minute, si vous deviez entrer là-maintenant-tout-de-suite afin de profiter d’une hausse qui semble ne jamais s’arrêter… Mais une part de votre bon sens vous raisonnait : « tu SAIS qu’il ne faut pas rentrer maintenant ; la probabilité que le cours rechute après cette frénésie à la hausse est trop importante ! »

Faites très attention… Il y a évidemment des excès spéculatifs sur certaines actions. Il faut connaître vraiment un dossier (surtout dans la période actuelle) avant d’investir, surtout quand le cours s’emballe. Il faut avoir bien potassé en amont pour comprendre pourquoi, ce qu’il se passe, qui achète, qui vend… quel est le newsflow ? Contrairement à ce que pensent certains esprits mal intentionnés la Bourse, ce n’est pas du casino. Il faut analyser en détails les dossiers avant d’investir…

Bien sûr c’est parfois tentant d’acheter une valeur qui prend 7% dans un volume de 120 000 titres. Mais dites-vous bien qu’il peut y avoir manipulation. C’est souvent facile de faire courir une rumeur totalement stupide pour faire progresser une valeur. Je vous en parlais à l’instant : une rumeur courait qu’Eurodisney allait être racheté par un groupe chinois. Et où est-il ce rachat ? Il n’a pas eu lieu et n’aura certainement pas lieu car la structure juridique de Disney rend l’opération quasiment impossible.

▪ 4. Surveillez de près la communication des dirigeants
C’est pour moi l’un des points clefs. Pour avoir formé de nombreux dirigeants à communiquer, vous savez combien j’attache d’importance à leur discours. Au-delà des communiqués obligatoires que sont les publications semestrielles (pour Alternext) ou trimestrielles (pour les autres marchés), une entreprise se doit de diffuser largement toutes les informations la concernant.

Les one to one sont pour moi très importants. Si une entreprise refuse de me rencontrer ou ne me répond même pas malgré de multiples appels (j’ai eu le cas récemment avec une SSII), je suis à l’écart quoiqu’il se passe.

Car, pour moi, être coté sur un marché implique une certaine transparence. Il est vrai que pour un investisseur particulier il est quasiment impossible d’avoir une discussion avec un dirigeant — il est bien compréhensible qu’ils ne peuvent passer leur journée à recevoir les particuliers. C’est une des raisons qui m’a poussé à lancer cette lettre : vous faire partager mon expérience, et les discussions auxquelles j’ai accès en tant « qu’infiltré » dans le monde des small caps. Raison pour laquelle je multiplie les news sur le site.

Tout discours est important et se doit d’être analysé. Non seulement sur le moment… mais également de manière rétrospective. Si une entreprise indique lors de sa réunion SFAF qu’elle fera une rentabilité d’exploitation de 5% et que finalement cette rentabilité se mue en une perte d’exploitation, je serai très méfiant. Bien sûr des éléments exogènes peuvent intervenir, provoquant des estimations totalement pris en défaut. Mais il ne faut pas que cela se reproduise trop souvent. Sinon le dirigeant perd toute confiance de la part des investisseurs.

Et une fois la confiance perdue, elle est difficile à retrouver avant de longues années. Voilà. Si vous suivez bien ce « carré d’or » de l’investissement en small caps, vous ne devriez pas avoir de trop grande déconvenue. Mais cela prend du temps. Ca tombe bien, c’est mon métier et je fais tout ce travail pour vous.

Première parution dans Small Caps Confidentiel le 21/06/2011.

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