La Chronique Agora

Le CAC 40 à 10 000, le Dow Jones à 50 000, c’est pour 2030

▪ C’est le carton plein : 100% des indices américains ont inscrit de nouveaux records à la clôture mercredi soir.

Record absolu sur le Nasdaq : +0,68% à 4 045 points. Idem sur le Dow Transport (+0,6% à 7 261 points) et le Russell 2000 (+0,6% à 1 142). Record de clôture sur le S&P 500 (+0,25%) qui revient tutoyer le zénith des 1 808 points ; le Dow Jones s’est quant à lui calé au contact des 16 100 points (+0,16%).

Wall Street avait marqué le pas à la mi-séance, certains indices faisant une incursion dans le rouge vers 19h45 (Dow et S&P). Pas question cependant de laisser le doute s’installer ni de montrer le moindre signe de faiblesse.

Les robots-traders ont été réalimentés en liquidités et ils n’ont pas fait de quartier au cours des deux dernières heures de cotation. Ils nous ont régalés d’une splendide démonstration de « hausse invincible » qui écrase toute velléité de consolidation sur son passage — un scénario vu et revu une bonne centaine de fois cette année.

Cette séance préparatoire au pont de Thanksgiving/Black Friday a été à la hauteur des enjeux : faire « se sentir plus riches »… les consommateurs déjà les plus riches (les résultats de Tiffany sont là pour le prouver).

Pour ceux qui ne jurent que par la poursuite du QE3, les commandes de biens durables aux Etats-Unis ont rechuté de 2% au mois d’octobre, sur fond de blocage budgétaire à Washington.

Petit bémol avec l’indice PMI de Chicago pour novembre. Il recule, certes, mais symboliquement, vers 63 au lieu d’une diminution vers 60,5 anticipée après 65,9 en octobre.

▪ Un scénario à la japonaise
La question du tapering apparaît cependant presque secondaire en comparaison de la promesse implicite de maintien de taux zéro jusqu’en 2016… voire 2020… voire quasi éternellement dans le cadre d’un scénario à la japonaise.

C’est que les partisans d’un Dow Jones à 20 000 points et d’un Nasdaq à 5 100 (réédition du zénith du 10 mars 2000) pensent avoir abattu leur carte maîtresse : aucune correction indicielle majeure ne s’est jamais produite à Wall Street avant que la Fed ne relève à plusieurs reprises son taux directeur.

Pas de hausse de taux avant deux à trois ans (au minimum), c’est synonyme de hausse inexorable des indices boursiers jusqu’à qu’une hypothétique consolidation.

Ajoutez à cela que le Mont St Yellen de liquidités va continuer de s’élever toujours plus haut, de se gonfler, de se dilater à l’infini tout au long de l’année 2014 — de nombreux facteurs tels que la multiplication des faillites de municipalités américaines et les défauts en masse sur les prêts étudiants vont interdire toute réduction durable des injections monétaires — et vous obtenez le scénario haussier du siècle.

Ceux qui évoquent un risque de bulle sont ridicules, hors sujet, se complaisent dans le contresens boursier le plus consternant. Une bulle, c’est quand les marchés s’envolent de 20% en un mois comme en décembre 1999 ou février 2000.

Une bulle, c’est quand le Bitcoin passe de 145 à 1 050 $ en 36 jours (car la valeur du Bitcoin est calculée, chaque heure, chaque seconde, 365 jours par an, y compris le 4 juillet et le 31 décembre à minuit).

Puisque le S&P 500, le Nasdaq ou le Russell 2000 ne gagnent pas plus de 4% à 5% par mois cette année, il s’agit d’une progression sur un tempo raisonnable, sans emballement. Elle ne traduit aucun excès de valorisation et — tenez-vous bien –, elle est bien entendu entièrement justifiée par les perspectives de croissance qui se dessinent en 2014 et 2015, une fois que la « transmission » de la politique quantitative sera complète et viendra à bout des derniers îlots de faiblesse économique.

▪ L’Europe ne sera pas en reste
En Europe, la BCE ira au bout de ses promesses de « faire tout ce qu’il faut » pour sauver l’euro et vaincre la « fragmentation ». Cela passe par la mise en oeuvre d’un quantitative easing lorsque l’union bancaire sera achevée (ce qui fera disparaître pour de bon et à tout jamais le risque systémique).

Aucune des réfutations que nous exposons au fil de nos chroniques n’entame la confiance des haussiers dans un avenir radieux — pas plus que l’inexistence de la Grande rotation (actions contre obligations) qu’ils nous avaient annoncée en début d’année.

Ils ne s’étonnent pas que, malgré la persistance de taux zéro durant 20 ans, les actions japonaises aient par exemple perdu 65% entre juillet 1995 et mars 2003 (en plusieurs vagues successives, entre 22 500 et 7 600 points), puis de nouveau 62% entre juillet 2007 et mars 2009 (entre 18 300 et 7 000 points) avant de stagner sous les 11 000 jusqu’en décembre 2012.

Ils ne s’étonnent pas que plus la Fed injecte, plus le taux de rotation du crédit (le seul critère fiable de mesure d’une reprise de l’économie réelle) ralentit.

Ils ne s’étonnent pas que le principal poste de dépenses des entreprises en 2012 puis 2013, ce n’est pas l’investissement productif… mais le rachat de leurs propres titres en bourse. Quant à la préservation des marges, elle s’obtient au détriment des effectifs salariés, tandis que le partage de la richesse est complètement déséquilibré, au profit exclusif des actionnaires qui n’investissent pas un sou dans le long terme.

En ce qui concerne l’Europe, Jean-Claude Trichet affirmait mercredi dernier que c’est « open bar » sur les liquidités pour les banques qui refinancent les Etats (Portugal, Espagne, Italie…). Lesquels Etats font à leur tour semblant de sauver tel ou tel établissement financier en difficulté (Bankia, BMPS, Emporiki, etc.).

Le QE, cela fait longtemps que la BCE le pratique en douce, par la bande… et la taille de son bilan en témoigne : il est supérieur à celui de la Fed.

En imaginant la mise en oeuvre d’un programme d’injection direct et pleinement assumé dans les caisses des Etats européens en difficulté, cela ferait littéralement exploser l’encours de dette souveraine qu’elle absorbe « furtivement » depuis quatre ans.

Mais plus les réfutations sont énormes, plus ceux qui les profèrent sont jugés à côté de la plaque et totalement inconscients de l’ampleur de la hausse séculaire qui a débuté sur les actions il y a deux ou quatre ans (selon les écoles)… et qui va se propager sur les deux prochaines décennies, comme de 1981 à 2000, portant le CAC 40 à plus de 10 000, le Dow Jones au-delà de 50 000 points et le Nasdaq vers les 20 000.

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