La Chronique Agora

Du CAC 40 au Russell 2000, une journée dans le vert

banques centrales

▪ Nous rentrons dans ce genre de période où il devient difficile de ne pas être ponctuellement d’accord avec le marché : il retourne sa veste toutes les 24 heures… et parfois à plusieurs reprises au cours d’une même séance.

Vous entendrez tout et son contraire à quelques heures d’intervalle. « Mais non, la Fed ne peut pas réduire son QE3 sinon le Trésor US risque la faillite »… « Mais si, elle va le faire dès la rentrée, le risque de gonflement de bulles d’actifs devient trop évident »…

Ce qui mettra tout le monde d’accord une bonne fois pour toute, c’est le constat d’une remontée des taux longs qui perdure au sein des pays du G7. Cela malgré une croissance absente en Europe — toujours pas la moindre embellie à l’horizon — et le renforcement du dollar face à l’euro (1,2800) et au yen (101,1).

Les Bisounours reprennent de la voix. Selon leur vision idéalisée de la conjoncture et des mécanismes boursiers, la tension des rendements obligataires aux Etats-Unis précède juste de quelques mois une croissance qui devrait s’installer entre 2,5% et 3% d’ici fin 2013. Du coup, des T-Bonds offrant 2,7% de rémunération, c’est parfaitement cohérent en regard des prévisions de la Fed à neuf ou 12 mois.

Fort bien, alors quel est le message concernant l’Espagne qui se refinance à 4,75%, ou le Portugal qui paye de nouveau 7% (à peu de choses près) ? Devons-nous espérer une croissance voisine de celle de la Chine ou de l’Indonésie en 2014… ou faut-il se préparer à de nouvelles crises, le fardeau des intérêts de la dette devenant insupportable ?

▪ Quand la politique s’en mêle
Nous saluons l’aisance avec laquelle les marchés s’accommodent de l’implosion des coalitions gouvernementales en Grèce et au Portugal… sachant que les alliances politiques les plus fragiles et les plus vulnérables ont été conclues au printemps dernier en Italie.

Qu’une seule motion de censure soit votée, qu’un seul article du budget 2014 soit rejeté — et Rome succombera à ses vieux démons (imbroglio, marchandages, compromissions), lesquels rendent la politique italienne si distrayante.

Pour l’heure, on pourrait croire les marchés en équilibre parfait, à mi-chemin entre tous les périls : récession, chaos social, tension des taux, désunion face à la Chine et aux Etats-Unis… Comme toutes ces forces négatives semblent se neutraliser, les opérateurs attendent de voir dans quel sens soufflera le prochain vent dominant… en faisant une « cure de hamac ».

Prenons la Bourse de Paris depuis 48 heures. Le volume d’activité y demeure très faible : 2,2 milliards d’euros échangés lundi — et 2,43 milliards ce mardi. Le volume d’hier a été de surcroît boosté par les 6,5 millions de titres échangés sur EDF, sur lequel on a traité cinq fois le chiffre d’affaire médian.

▪ Les marchés en ordre dispersé
A l’image du CAC 40, les places européennes terminaient en progression de 0,5% en moyenne, avec de fortes disparités entre Francfort (+1,1%) et Milan et Madrid (-0,05%).

Ce n’est peut-être qu’une coïncidence, mais les performances respectives reflétaient de façon inverse la hiérarchie des rendements respectifs des dettes souveraines : le DAX était en tête du classement, bénéficiant d’un Bund à 1,65%, tandis que l’Ibex se traînait en lanterne rouge, les Bonos étant à 4,7%.

Aux Etats-Unis également, les indices se sont mis à évoluer en ordre dispersé. Le Dow Jones (+0,5%) a accroché les 15 300 — au point près — mais donnait le sentiment de ne pas avoir varié d’un pouce depuis l’ouverture. Le Nasdaq a pris 0,55% et le S&P 500 grimpait de 0,7%, soit exactement le même score qu’à 18h puis 20h.

Il fallait se tourner vers le Dow Transport pour observer du spectaculaire. Il a bénéficié d’une véritable explosion d’euphorie avec un gain à peine croyable de 2,25%.

Le Russell 2000 n’était pas mal disposé également, avec +0,9% et un nouveau record historique absolu à 1 019 points. Les opérateurs se sont manifestement livrés à une chasse aux valeurs à forte volatilité… soit par le biais de l’étroitesse des volumes, soit par une tendance constante à exagérer les mouvements de hausse.

Et les opérateurs qui détestent s’ennuyer n’attendent certainement qu’une occasion de shorter celles qui exagèrent à la baisse !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile