La Chronique Agora

CAC 40 : les trois scénarios possibles (1)

▪ Il y a un an, le 25 septembre 2010, je rédigeais un papier intitulé « Quel avenir pour le CAC 40 ». L’environnement n’était pas aussi stressant qu’aujourd’hui et la future tenue du CAC 40 n’était pas encore sujet de préoccupations. On connaît la faible capacité de juste anticipation des marchés : le rebond semblait éternel.

L’idée de ce papier était, alors même que nous nous situions autour de 4 000 points, de tenter d’anticiper sur l’indice une tendance à horizon 12 mois. Pour beaucoup, il y avait autour de 1 500 points de hausse à attendre, ce qui aurait porté l’indice vers 5 500. En ce qui me concernait, je confirmais un sentiment franchement baissier ; plus de 1 500 points également mais dans l’autre sens, donc une zone 2 400/2 500 comme en mars 2003 et en mars 2009.

Comme chacun sait, il est impossible de prédire l’avenir. Mais il faut, autant que faire se peut, essayer de l’anticiper. Se souvenir du passé et surtout le comprendre est indispensable, même si cela ne suffit pas.

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Avez-vous ces cinq valeurs en portefeuille ?
Elles pourraient être la clé des profits en 2011, malgré la crise : solidement, facilement et en toute simplicité. Mettez-les au fond de votre portefeuille, oubliez-les… et rendez-vous en fin d’année pour voir où en sont vos profits !

Tout est là

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Sans remonter à la naissance de notre CAC 40 à 1 000 points en 1988, permettez-moi de revenir aux dates clefs de son histoire récente depuis 2000.

▪ Les quatre jours qui ont marqué le CAC 40
4 septembre 2000, le CAC 40 atteint son plus haut historique à 6 944 points. Nous étions en pleine bulle des technos-médias-télecoms ; de nombreux analystes et économistes du monde entier ne pensaient plus et, dans un bel élan d’euphorie et d’inconscience collectives, écrivaient noir sur blanc que nous vivions la fin des cycles et que l’ère de la croissance éternelle est arrivée. A cette époque, on enregistrait des plus hauts historiques sur des valeurs telles qu’Alcatel à 97 euros, France Télécom à 220 euros et Vivendi à 140 euros.

12 mars 2003, 2 401 points sur le CAC 40. Naturellement les marchés s’étaient lourdement trompés sur leur vision du modèle économique. La croissance éternelle était un leurre, non seulement parce que l’économie virtuelle n’allait pas remplacer subitement l’économie béton, industrielle et de services traditionnels ; mais aussi parce que les excès d’endettement des entreprises de la bulle se sont transformés en crise de solvabilité. Il a donc fallu assainir les bilans par un désendettement massif. Ce violent cycle boursier baissier 2000-2003 s’inscrivait également dans un contexte géopolitique instable (primes de risque liées au terrorisme dans le prolongement des attentats du 11 septembre 2001 et de la seconde guerre du Golfe au printemps 2003).

1er juin 2007, CAC 40 à 6 168 points. Cela va correspondre à la fin du cycle haussier 2003-2007 et au début de la crise financière actuelle. Ce cycle aura été alimenté par des politiques monétaires globalement très accommodantes des banques centrales occidentales, et ce, malgré les resserrements monétaires depuis 2003 pour la BCE et 2004 pour la Fed. Il aura surtout été alimenté par les liquidités extraordinairement abondantes en Europe et aux Etats-Unis injectées par les banques centrales d’Asie dans le cadre de leur politique de change. Ces politiques recourent à des émissions massives de monnaie nationale destinée à être vendue contre des dollars, euros et sterlings pour maintenir un change artificiellement bas. Elles conduisent à accroître le cash des agents économiques privés américains et européens.

9 mars 2009 le CAC retrouve son ancien plus bas de 2003 à 2 465 points. On connaît par coeur l’enchaînement : crise de la titrisation et crise bancaire de liquidité en 2007 ; défaut implicite de Bear Stearns en mars 2008, défaut explicite de Lehman en septembre 2008 ; sauvetages d’AIG, de Fannie Mae, de Freddie Mac en septembre 2008 (vous vous souvenez, ces fameux AAA au-dessus de tout soupçon en termes de solvabilité). Egalement : recapitalisation massive du secteur bancaire européen en octobre 2008. Enfin l’accélération de la chute des indices boursiers correspond à la période post-Lehman de liquidation forcée par des fonds de couverture et des fonds spéculatifs de tous leurs actifs dit risqués (actions, obligations à haut rendement, actif des pays émergents)…

Alors et maintenant ?

Ne revenons pas sur les raisons de l’enfer boursier de cet été. Ce qui nous intéresse, c’est naturellement l’avenir. En vérité, la question n’est plus de savoir si l’on va retourner vers ces anciens points bas de 2 401/2 465 points (le marché ira sans aucun doute rechercher ces niveaux). La vraie question est de savoir ce qui se passera lorsque l’on aura atteint ces niveaux. Ce sera l’heure de vérité et j’entrevois à ce stade trois scénarios.

▪ Scénario 1 : la consolidation ennuyeuse dans un climat de morosité, de pessimisme et de banalisation de la crise de la dette avec une volatilité stabilisée à haut niveau
Ce scénario correspond à l’installation « durable » du CAC 40 dans un canal 2 400/2 800 points. Cela voudra donc dire que l’on n’a pas trouvé d’autres solutions à la crise des dettes souveraines en Zone euro que d’acheter du temps par des dispositifs d’urgence type FESF-FMI et par la monétisation directe et indirecte de la BCE des dettes publiques fragiles.

Cela voudra dire aussi que l’on n’a pas une grande visibilité quant aux perspectives de croissance mondiale et que les craintes de récession sont toujours présentes.

Mais cela signifiera également que les marchés n’ont pas de nouvelles raisons de baisser et que les séances de panique liées à des ventes forcées de fonds spéculatifs et d’investisseurs sont derrière nous. Depuis une dizaine d’années, le phénomène de ventes forcées explique malheureusement presque toujours les crises des actifs financiers. Il faut le rapprocher du phénomène de la déconnexion des indices boursiers des fondamentaux économiques. Le comportement des actions depuis 2007 correspond à une rupture des corrélations classiques entre les fondamentaux et les critères de valorisation traditionnels.

J’accorde une faible probabilité à ce scénario de consolidation durable. Compte tenu de la gravité de la situation, j’ai plutôt tendance à penser que nous sommes dans un contexte binaire : soit des solutions politiques et institutionnelles fortes sont enfin à la hauteur des enjeux et les marchés boursiers finissent par retrouver une dynamique franchement haussière (c’est le scénario 2 que je vais développer) ; soit les risques s’intensifient. Auquel cas le CAC 40 n’a aucune raison d’arrêter sa chute à 2 400 points – c’est le scénario 3 que je vais également développer.

Nous parlerons dans de prochains articles des deux autres scénarios que j’envisage (dont celui que j’anticipe pour l’instant à 60% de probabilité)… et ensuite, nous verrons les moyens que vous avez de vous en tirer. Restez à l’écoute !

Première parution dans le Billet du Trader du 11/10/2011.

 

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