La Chronique Agora

CAC 40 contre CAC 40 GR : avons-nous rattrapé le DAX 30 ?

▪ J’adore décortiquer les thèses « rationalisantes » qui tentent de nous expliquer pourquoi le CAC 40 n’a pas fini de grimper après +26% en 11 semaines — dont 20% au cours des six dernières semaines.

Parmi les plus grosses âneries qui reviennent en boucle dans la bouche de professionnels chevronnés et autres investisseurs revendiquant une longue expérience de la bourse, il y a toujours ces 35% à 40% de potentiel de hausse du CAC 40 pour retrouver les sommets de juillet 2007 et septembre 2000 à respectivement 6 150 et 6 950 points… soit un gigantesque retard à combler sur le DAX 30, qui affiche 11 400 points.

Ceux-là n’ont toujours pas eu vent des 13 records historiques absolus battus par le CAC 40 « global return » en février (le CAC GR résulte du même mode de calcul que le DAX 30 : dividende inclus). Un CAC 40 GR qui — cocorico — a culminé à 11 416 points vendredi dernier tandis que le DAX 30 plafonnait à 11 402 points.

LA LISTE NOIRE DE L’INVESTISSEMENT
Ces quatre placements présentent un danger immédiat pour vos finances : en êtes-vous protégé ?

Pour le savoir, continuez votre lecture…

 

Et que les journalistes qui hochent la tête d’approbation lorsqu’on leur assène comme évidence le retard du CAC 40 sur le DAX 30 ne viennent pas nous dire que le global return affiche un score de parité avec le DAX par le plus grand hasard. En effet, ces deux indices sont nés officiellement le même jour (le 31 décembre 1987) avec exactement la même base de calcul, c’est-à-dire une valeur initiale de 1 000 points.

L’autre forte conviction, c’est que les acheteurs n’ont plus aucune intention de prendre des bénéfices après plus de 1 000 points gagnés en ligne droite avec les 1 140 milliards d’euros qui vont se déverser dans le système.

Je vous rassure, ils n’avaient pas non plus l’intention d’acheter… Plus que tout, cependant, ils n’ont pas l’intention de se laisser prendre de vitesse par le benchmark — réplication de la performance moyenne des actions et des émissions obligataires (surtout celles à haut rendement). Ils se lancent dans ce qui ressemble à une fuite en avant dans le risque… mais ce n’est pas leur choix, c’est celui des banques centrales.

▪ « On ne défie pas une banque centrale, on lui obéit »…
… et il faut ajouter « aveuglément » !

Les banques centrales ont aboli le libre-arbitre des investisseurs — le processus de fixation de la valeur des actifs

Les banques centrales ont aboli le libre-arbitre des investisseurs — le processus de fixation de la valeur des actifs : plus le risque est élevé, moins il devient correctement rémunéré. Pour les dettes jouissant des meilleures notations, le rendement devient négatif, épargner devient destructeur de valeur, sauf naturellement à opter pour le choix unique des actions.

En Allemagne, 66% de l’encours de dette souveraine offre un rendement négatif. En France, ce seront bientôt 50% des OAT… et en Suisse, toutes les maturités entre trois mois (-0,75%) et dix ans (0,00%) détruisent l’épargne.

Alors tout le monde le martèle : il n’y a pas de choix autre que les actions. Cela même si, comme pour le Nasdaq Composite, le rendement ressort désormais inférieur à 1%… Il s’enfonce également inexorablement sous les 2% sur le S&P 500 alors que le rythme de progression des bénéfices décroît depuis la mise en œuvre du QE3 de la Fed… et ça va continuer en 2015 avec le QE de la BCE.

La réalité non perçue, toutefois, c’est que l’appétit absolu pour le risque expose les investisseurs à un risque absolu

Pas de choix, donc pas d’intention… et pas non plus de perception du risque puisque les banques centrales s’emploient à l’abolir. La réalité non perçue, toutefois, c’est que l’appétit  absolu pour le risque expose les investisseurs à un risque absolu.

Quant au choix, il est tellement évident — et d’une consternante banalité — qu’aucun épargnant ne l’envisage, tant l’avidité l’emporte sur la raison : se mettre 100% liquide quand les seuls actifs sont à 100% dans un processus de bulle.

Pour les asset managers, la question se résume théoriquement à l’arbitrage entre « coller au benchmark » et « sortir à temps » pour éviter de tout perdre.

Sauf que les gérants n’ont d’autre choix que d’être investis ; or ils ont peur de perdre leur place en ne collant pas au « benchmark ». Cette peur-là l’emporte largement sur celle de tout faire perdre à leurs clients.

Mais que la peur de tout perdre effleure quelques gros clients intrigués que tout soit trop beau pour être vrai… et la pyramide de Ponzi s’effondre, les banques centrales jouant volontairement le rôle des derniers pigeons du « super-Madoff ». Ceci dit, que le dernier pigeon soit ignorant ou agisse en toute connaissance de cause… un Ponzi reste un Ponzi.

Les banques centrales s’acharnent simplement à repousser l’échéance en imprimant toujours plus de fausse monnaie.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile