▪ Le mois de janvier a d’ores et déjà donné le ton. 2010 risque fort d’être une année bipolaire. D’un côté, nous avons toujours nos craintes et incertitudes sur l’état de l’économie réelle ; de l’autre nous avons l’espoir que, finalement, nos économies se redressent mieux que prévu.
Pour l’heure, il n’est pas possible et surtout pas raisonnable pour moi de privilégier l’un ou l’autre de ces scénarios. Toutefois, comme chaque année, je me suis rendu aux traditionnelles présentations des stratégistes des grandes maisons. Je vous relate leurs prévisions et scénarios depuis plusieurs années maintenant, et force est de constater… qu’ils restent dans leur grande majorité assez éloignés de la réalité. Normal.
Pour eux, l’exercice n’est probablement pas d’avoir raison mais est éminemment marketing : il faut choisir son camp entre les bulls et les bears. Blanc ou noir.
▪ Les small caps, souvent mal analysées par les "experts"…
Je me souviens avec bonheur des discours enflammés de ces éminents experts qui, l’an dernier, affirmaient haut et fort que les valeurs moyennes seraient absolument à éviter en 2009 en raison de leur illiquidité structurelle.
Une nouvelle fois, nos chères petites valeurs ont très largement surperformé les indices des grandes capitalisations. Elles ont montré leur dynamisme et leur capacité à s’adapter plus rapidement aux changements d’une économie globalisée. L’erreur principale de ce type de raisonnement tient simplement au fait que ces experts considèrent les small caps comme un segment homogène… alors que c’est exactement l’inverse. Il y a quasiment autant de modèle économique et de positionnement dans un secteur d’offres que de small caps ! Chacune a son propre modèle et c’est ce qui les rend certes, fragiles, mais également plus souples et plus flexibles face aux changements économiques.
▪ … l’actionnaire récompensé
Une étude intéressante parue dans la presse économique a montré que plus un patron était à la tête d’un gros groupe, moins il créait de valeur pour l’actionnaire. Cette étude est fondée sur la comparaison de la rémunération des dirigeants des sociétés cotées sur Small 90 et celles du CAC 40.
Le résultat ne m’étonne pas du tout : la création de valeur pour l’actionnaire est une quasi-nécessité pour les petits groupes, puisque, dans la majorité des cas, les premiers actionnaires sont les dirigeants qui les ont fondées. C.Q.F.D.
▪ Soyons optimistes… du moment que nous avons la bonne stratégie !
Parmi toutes les présentations auxquelles j’ai assisté, une a particulièrement retenu mon attention par son côté résolument optimiste : celle de Lazard Gestion. Il nous voit un CAC 40 progresser entre 15% et 20% en 2010.
A leur crédit, les stratégistes de Lazard tablaient en 2009 sur un rebond de plus de 25% des indices actions en Europe (+30% pour l’Eurostoxx) ; ils conservent donc un biais positif pour ces mêmes marchés en 2010.
"Pourvu que les soutiens à l’activité ne soient pas retirés trop tôt, la reprise devrait être durable. Un facteur de soutien important est la fin du déstockage par les entreprises et leur retour à un niveau normal d’investissement. Ce mouvement sera particulièrement vigoureux aux Etats-Unis et son impact sera rapide. La reprise devrait se pérenniser grâce à la mise en place de cercles vertueux liés à l’amélioration des marchés de l’emploi. Les dernières statistiques sur ce front sont encourageantes", explique cette grande gestion internationale.
La perspective d’une rechute de l’économie mondiale s’éloigne et Lazard accrédite le scénario selon lequel le CAC 40 pourrait donc terminer l’année dans la zone des 4 600 points, ce qui constituerait une très bonne nouvelle pour nous tous !
Ce scénario me paraît tout à fait crédible. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai pris volontairement un biais acheteur sur des sociétés comme Touax, qui présentent non seulement une valorisation faible mais surtout une exposition au redémarrage de la croissance mondiale et des échanges.
D’autant que les problèmes qui touchent certaines économies européennes ont un effet positif sur les exportatrices qui améliorent leur compétitivité par le simple mécanisme de la baisse de l’euro. Si ce mécanisme comporte un risque pour le système monétaire européen, le battage médiatique qui est fait autour de cette question par les médias anglo-saxons est finalement, et pour une fois, une chose très positive pour l’Europe.
Donc en résumé, je vous promets certes une année sportive — musclée ! — mais de laquelle nous sortirons, encore une fois, par le haut.
[NDLR : Touax et toutes les autres… les petites valeurs ont rapporté aux lecteurs de Jean Chabru des gains de l’ordre de 28%, 25,9% ou encore 62,4% l’an dernier : n’attendez pas pour profiter des prochaines plus-values !]