La Chronique Agora

La bulle la plus inattendue

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Vous souhaitez acheter une voiture d’occasion ? Même si vous avez les moyens, réfléchissez-y à deux fois !

Au cours des deux dernières décennies, j’ai identifié un grand nombre d’investissements fructueux pour The Oxford Communiqué. Et j’ai fait autre chose qui me semble tout aussi important : j’ai mis en garde mes lecteurs contre toutes les grandes bulles financières. Et il y en a eu beaucoup.

J’ai lancé des avertissements avant la bulle internet, celle du pic pétrolier, la bulle immobilière, celle des prêts hypothécaires garantis et, plus récemment, avant la bulle du marché obligataire, la bulle des meme stocks et celle des cryptomonnaies.

Aujourd’hui, je vais vous mettre en garde contre une bulle que je n’aurais jamais cru voir un jour… celle des voitures d’occasion.

Toujours plus de bulles

Certains analystes jurent que les bulles ne peuvent être reconnues qu’a posteriori. Ce n’est absolument pas le cas.

Prenons l’exemple de la bulle du marché obligataire. Au cours des 6 000 premières années de civilisation, les taux d’intérêt n’ont jamais été si bas au point d’attendre des chiffres négatifs. Puis cela s’est produit il y a quelques années en Europe et au Japon. C’était un signe clair que l’ère des taux d’intérêt dérisoires était sur le point de s’achever.

Il faut comprendre que, lorsque quelqu’un prête de l’argent à un taux d’intérêt négatif, cela revient à dire : « Si vous me débarrassez de cet argent maintenant, vous pourrez l’utiliser pour faire ce que vous voulez et me rendre une somme moins importante plus tard. »

Comment cela peut-il avoir du sens ?

Prenons l’exemple de la bulle cryptographique, qui ne s’est que partiellement dégonflée et qui a encore beaucoup de chemin à parcourir. Le Bitcoin a 14 ans, n’est toujours pas largement accepté et est beaucoup trop volatil pour être acheté, vendu, prêté, emprunté ou investi. Tout ce qu’une monnaie est censée faciliter, en d’autres termes.

Personne ne devrait être surpris par la hausse des prix des cryptomonnaies cette année. Il est impossible de faire une projection rationnelle, pour anticiper la fin d’un comportement irrationnel. Mais cette hausse cessera.

En attendant, penchons-nous sur la bulle du jour : les voitures d’occasion.

Le juste prix

Depuis l’invention de l’automobile, les prix n’ont évolué que dans un sens. Une voiture neuve perd de sa valeur dès qu’elle sort de l’usine. Une voiture d’occasion perd de sa valeur dès qu’on lui fait parcourir quelques kilomètres (et qu’elle subit quelques bosses). C’est du moins ainsi que les choses ont fonctionné pendant la majeure partie des 100 dernières années.

Mais les confinements liés au Covid ont mis à mal la chaîne d’approvisionnement mondiale, et les voitures neuves dépendantes des semi-conducteurs ont été les plus touchées.

Alors que les stocks de voitures neuves s’épuisaient, le marché des voitures d’occasion s’est emballé. De nombreux concessionnaires ont commencé à appeler les clients qui avaient acheté des voitures neuves un an auparavant pour leur annoncer la bonne nouvelle… « Elle vaut plus que ce que vous avez payé pour l’acheter neuve ! Voulez-vous l’échanger ? »

L’été dernier, j’ai commencé à chercher avec mon fils David une voiture d’occasion décente pour qu’il puisse se rendre à l’université. Les prix affichés étaient ahurissants. (38 000 $ pour une Subaru datant qu’il y a quatre ans et avec beaucoup de kilomètres au compteur… ça vous intéresse ?)

Un ami m’a demandé : « Qu’est-ce que ça peut te faire, Alex ? Tu as beaucoup d’argent. »

Je lui ai répondu que si quelqu’un me proposait un sandwich pour 150 $, je ne dirais pas non parce que je n’en ai pas les moyens. Je dirais non parce que je trouverais ça vraiment stupide.

Quand le marché s’ajuste

Nous avons décidé qu’il pouvait utiliser sa voiture actuelle, jusqu’à ce que les conditions du marché reviennent à la normale.

En effet, la chaîne d’approvisionnement s’est largement débloquée et les concessionnaires reçoivent davantage de stocks. Par conséquent, les prix des véhicules d’occasion sont… toujours en hausse ?

L’indice Manheim de la valeur des véhicules d’occasion est en hausse de 35% depuis septembre 2020. Il avait commencé à baisser à la fin de l’année dernière, mais cette année, il augmente à nouveau.

Pourquoi ? Parce que les voitures neuves sont trop chères pour la plupart des gens.

Selon les données gouvernementales sur l’inflation, les prix des nouveaux modèles ont augmenté de 21% depuis septembre 2020.

Le site Edmunds, spécialisé dans la valorisation des voitures, a indiqué le mois dernier que le prix moyen d’un véhicule neuf était de 48 000 $.

Seuls 17% des véhicules neufs vendus le mois dernier aux Etats-Unis coûtaient moins de 30 000 $. Et les prix des voitures neuves sont si élevés que la location n’a même plus la cote. Les sociétés de financement ne veulent pas se retrouver à surestimer les valeurs résiduelles si les prix des véhicules d’occasion s’effondrent.

Sauf que ce « si » est en fait un « quand » : à mesure que les stocks de voitures neuves s’accumuleront et que les consommateurs jetteront un coup d’œil aux nouveaux taux d’intérêt de la Fed, les prix de ces véhicules commenceront à baisser.

Perte de valeur

En bref, si vous achetez des voitures d’occasion dans le contexte actuel de bulle spéculative, vous risquez d’en prendre pour votre grade lorsque vous les revendrez dans quelques années.

Il existe trois solutions à ce problème. Vous pouvez conserver la voiture que vous avez (pour l’instant). Vous pouvez utiliser les transports publics. Vous pouvez aussi appeler Lyft ou Uber. Ou… vous pouvez faire le grand saut et acheter une voiture d’occasion aujourd’hui aux prix en vigueur.

De toute façon, les consommateurs ont pratiquement toujours perdu de l’argent sur leurs voitures.

Mais lorsque le marché des voitures d’occasion reviendra à des niveaux raisonnables, les pertes seront rapides et conséquentes.

En résumé, c’est le moment idéal pour vendre vos voitures d’occasion. Et le moment est très mal choisi pour en acheter une. Si vous ne pouvez pas l’éviter, faites-le en toute conscience de cause.

Les voitures ont toujours été des biens qui se déprécient. Mais cela sera particulièrement vrai au cours des deux prochaines années à venir.

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