La Fed a réussi à regonfler la bulle de crédit qui avait éclaté en 2008. Mais la « normalisation » des taux d’intérêt ferait s’écrouler cet « effet richesse ».
Ce matin, je me suis posé la question suivante : jusqu’où va la bêtise de la Fed ?
Cette interrogation a été suscitée par le commentaire posté par Chris Whalen, ex-employé de la Fed, sur son blog The Institutional Risk Analyst :
« Le message destiné à ceux qui seront à Jackson Hole cette semaine [lors de la réunion annuelle des banquiers centraux qui s’y déroulera], c’est que la dangereuse expérimentation d’ingénierie sociale, à laquelle s’est livrée la Fed via le QE et sa politique d’intérêts proches de zéro, va s’achever dans les larmes.
Les actions de type momentum [suivant la tendance], telles que Tesla, pour paraphraser ce qu’a dit mon ami Dani Hughes la semaine dernière sur CNBC, vont se retourner et il en résultera une volte-face mastodontesque sur les obligations et les valeurs défensives. Nous devons nous demander tout haut si la présidente de la Fed, Yellen, et ses collègues du FOMC, comprennent réellement ce qu’ils ont fait aux marchés actions américains […]
Une fois que les gens pleins d’espoir, qui ont expédié vers la stratosphère des actions telles que Tesla et Amazon, se rendront compte que les rachats d’actions financés par l’emprunt sont vraiment terminés, alors nous assisterons à une volte-face frénétique en direction des obligations et des valeurs défensives. »
Des cours manipulés et dénaturés pour obtenir « l’effet richesse »
Si l’on en croit les journaux, la Fed a amorcé un « cycle de resserrement ». Elle est en voie de relever ses principaux taux d’intérêt, petit à petit, par tranches d’un quart de point.
Elle doit savoir que c’est un exercice périlleux. Après autant de manipulations de marché pratiquées sur une période aussi prolongée, tous les cours d’un bout à l’autre de l’édifice financier – des junk bonds aux actions et à l’immobilier de qualité – ont été manipulés et dénaturés.
Après tout, l’idée était la suivante : faire grimper le prix des actions et des obligations en abaissant les taux d’intérêt. Ainsi, les gens seraient forcés de dépenser ou d’investir leur argent au lieu de l’épargner. Cette augmentation du prix des actifs procurerait aux riches le sentiment d’être encore plus riches.
Alors qu’ils déambuleraient dans les rues, les dollars déborderaient de leurs poches tels des navets dégringolant de la remorque d’un camion.
Ils se sentiraient si riches qu’ils achèteraient, achèteraient, achèteraient… et les gens ordinaires seraient saisis de frénésie, charriant ceci, trimbalant cela et se démenant pour leur fournir des biens et services.
Ensuite, lorsque les riches seraient pleinement rassasiés (après tout, combien de martinis les 1% les plus riches peuvent-ils avaler ?), alors il faudrait qu’ils investissent.
L’argent affluerait dans des start-ups perdant de l’argent, telles que Tesla et Snapchat. Les gros titres annonçant des acquisitions telles que le rachat de Whole Foods par Amazon feraient grimper encore plus le cours des actions. Et des milliers de milliards de dollars de rachats d’actions enrichiraient encore plus les plus riches !
Le mirage de l’argent
Mais l’Etat ne pouvait réaliser ce miracle qu’en rachetant des obligations. Or l’Etat n’avait pas d’argent. Quelle était la solution ?
Pas de problème ! Il a utilisé l’argent falsifié — ces dollars à crédit post-1971 — par milliards… de l’argent qu’il pouvait créer à volonté.
En partant de leurs plus bas consécutifs au krach de 2009 et jusqu’à leurs sommets actuels, les actions et obligations ont enregistré une hausse cumulée d’environ 21 000 Mds$. C’est sur ce mirage que reposent désormais les espoirs, rêves et satisfaction de millions de personnes sur la planète tout entière.
Quelque part, quelqu’un a organisé sa retraite en se basant sur les gains qu’il a enregistrés au cours de ces huit dernières années. Ailleurs, quelqu’un d’autre a souscrit un prêt adossé à ses actions, pour financer son entreprise. Un autre, encore – un acteur majeur de Wall Street – a un portefeuille de hedge fund d’un milliard de dollars… un pari à effet de levier sur la « faible volatilité », et qui dépend du soutien continu de la Fed.
Et regardez un peu la super star, Warren Buffett…
Selon les derniers gros-titres, nous apprenons que ses dons aux oeuvres caritatives dépassent désormais les 27 Mds$. L’argent doit être utilisé pour combattre la maladie et la pauvreté dans le monde entier. Mais ces cadeaux sont offerts sous forme d’actions de Berkshire, et non sous forme d’argent sonnant et trébuchant. Imaginez la souffrance des pauvres gens, lorsque l’action chutera !
[NDLR : RSDona Vous souhaitez aider un proche ? In existe un moyen 100% légal de donner jusqu’à des sommes substantielles sans donner au fisc. Ce Rapport Spécial vous indique la marche à suivre et les limites à ne pas franchir. Tout est ici.]
Une classique bulle du crédit
Voilà qui nous ramène à notre question initiale : jusqu’où va la bêtise de la Fed ?
Comme on peut le constater dans ce qui précède, l’expansion de 2009-2017 a été orchestrée par la Fed et financée avec de l’argent falsifié. Autrement dit, nous sommes en présence d’une classique bulle du crédit, et non d’une authentique prospérité.
Presque tous les nouveaux emplois qui ont été créés au cours de cette période offrent de bas salaires ou du temps partiel dans les secteurs de la santé ou du gouvernement. Il ne s’agit pas d’emplois à forte valeur ajoutée du secteur manufacturier. Voilà pourquoi les revenus réels par foyer ont à peine progressé… et pourquoi l’emploi réel (en pourcentage de la main-d’oeuvre disponible) a diminué.
En d’autres termes, toute l’effervescence est concentrée sur les marchés financiers et non au sein l’économie du quotidien. Et comme nous l’enseignent les économistes de l’Ecole autrichienne, toute expansion non financée par l’épargne réelle se termine par un effondrement.
Le néant ne produit rien. L’argent falsifié produit une fausse prospérité. Retirez l’argent falsifié… et la fausse prospérité retombe comme un soufflé elle aussi.
Voilà pourquoi la Fed ne cessera jamais volontairement de manipuler les prix. Elle ne peut laisser les marchés retourner à une « découverte normale des prix ».
Car les marchés découvriraient probablement des prix bien inférieurs aux 20 000 points du Dow Jones.
La « normalité » pourrait bien être supérieure à un rendement de 2% sur un bon du trésor à 10 ans, également.
La « normalité » pourrait signifier une dépression profonde, lorsque l’économie se débarrasserait de tous ces investissements idiots et allocations erronées faits durant ces huit dernières années. La « normalité » signifierait également la disgrâce, pour Janet Yellen et Ben Bernanke, qui sont largement responsables de cette bulle.
Mais la « normalité » ne s’arrêterait pas là. La crise de 2008-2009 avait, en quelque sorte, répudié la bulle du crédit de la Fed, fondée sur l’argent falsifié. Le marché actions s’est effondré lorsque la bulle a éclaté, comme il le fait traditionnellement. Mais les banques centrales se sont remises au travail, multipliant leurs erreurs et brassant plus de vent que jamais.
La dette publique a pratiquement doublé, passant de 10 000 Mds$ à 20 000 Mds$, environ. Sur le plan mondial, 68 000 Mds$ de dettes supplémentaires ont été émis depuis 2007, soit une augmentation de 45% portant le ratio dette/PIB à 327%.
A présent, toutes ces dettes sont suspendues à un fil, dépendant de la poursuite de la politique des taux d’intérêts ultra-bas.
La Fed dit qu’elle va ramener sa politique des taux d’intérêt à la normale…
Aucune chance. Elle n’est pas si bête.