La Chronique Agora

Faut-il prendre au sérieux la bulle d’actifs en Chine ?

▪ On ne peut rien tenir pour acquis ces jours-ci — en particulier la monnaie, en cette époque d’inflation. Notre tâche aujourd’hui est de séparer le bon grain de l’ivraie… sans hésiter à regarder le pire dans les yeux.

La bonne nouvelle — au moins en apparence — est que la Banque populaire de Chine (BPC) a "libéralisé" les taux d’intérêt. Plus précisément, la banque centrale chinoise permet désormais de faire des prêts sous le taux de référence de 6%. Cette décision est conçue pour favoriser la concurrence sur le marché bancaire chinois et augmenter le nombre de prêts.

Tout ça semble très bien. Mais les données montrent que les banques chinoises ne prêtaient pas — elles n’atteignent même pas le niveau du précédent "plancher" imposé par la BPC. En d’autres termes, les banques ne sont pas particulièrement pressées de prêter à des taux plus bas… et voir leur marge d’intérêt nette s’effondrer. La marge d’intérêt nette est la différence entre ce que les banques paient aux déposants et ce qu’elles facturent pour les prêts.

En fait, il y a pas mal de débats autour de la question de savoir si assouplir les exigences de prêts est vraiment bon pour les banques chinoises. Cela pourrait les contraindre à détenir plus de capitaux pour appuyer des prêts plus risqués, les poussant à lever plus de capitaux sur les marchés d’actifs. Mais peut-être protestons-nous trop vigoureusement.

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Déséquilibres monétaires en Chine… comme ailleurs
Après tout, n’est-ce pas une bonne chose que la Chine ouvre peu à peu ses marchés financiers aux forces du libre-échange ? Eh bien, ce serait une bonne chose si c’était vrai. Nous le croirons quand nous le verrons. Ceci dit, il n’y a plus de marchés libres en ce qui concerne la monnaie. La Chine n’est pas la seule à créer un système bancaire déséquilibré s’appuyant sur une devise malsaine. Mais elle y est aussi bien parvenue que quiconque.

Le dernier exemple en date est la construction d’un "mini-Manhattan" dans la banlieue de Tianjin, ville du nord de la Chine. Plus de 43 projets de gratte-ciel sont prévus dans le quartier d’affaires de Binhai, selon Angus Grigg, dans le journal Australian Financial Review il y a quelques jours. Trois tours de 100 étages sont prévues, dont une version à la Binhai du Rockefeller Center new-yorkais. Ce gigantesque plan prévoit 10 millions de mètres carrés de bureaux.

Avant de critiquer ce projet comme étant un nouveau cas où les prêts des autorités locales financent des projets immobiliers improductifs, nous devrions souligner que la Chine n’est pas un pays occidental. Cela peut sembler évident. Mais permettez-nous d’expliquer pourquoi ce pourrait être important.

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Le grand bond en avant de la Chine — de la pauvreté à la classe moyenne — a été orchestré par le Parti communiste. Ce n’est pas un mince exploit. L’urbanisation et l’industrialisation, en même temps que la mondialisation, ont transformé la Chine ces 30 dernières années. La création d’une telle quantité de bureaux (apparemment excessive) fait partie du plan de développement chinois. Et ça a fonctionné jusqu’à présent, n’est-ce pas ?

▪ L’importance de l’épargne dans le PIB
Eh bien, jusqu’à un certain point. Mais nous n’y sommes pas encore. A partir de maintenant, les véritables gains économiques en Chine ne viendront pas de la base (en termes d’urbanisation, de PIB et de capacité industrielle). On peut construire des tours de bureaux que personne n’utilise. Mais ça a un coût économique. Ce coût, c’est l’épargne mal investie. Une classe moyenne émergente dont l’épargne est bloquée dans des projets immobiliers qui ne rapportent rien n’est pas une classe moyenne qui peut consommer plus et mener le rééquilibrage tant-vanté-mais-pas-du-tout-visible de la Chine.

Tout de même, nous savons par expérience que ces zones économiques spéciales sont un moyen pour la Chine de diriger des investissements étrangers dans de nouveaux projets qui créent plus d’emplois et de capacité. De plus, les grandes villes se font concurrence pour ces investissements étrangers. Si vous êtes une entreprise internationale, investir en Chine est aussi politique que financier, quand il s’agit d’équilibrer les villes en concurrence.

Ce qui est réellement en jeu ici, c’est de savoir si les investisseurs peuvent prendre au sérieux la bulle de l’investissement en Chine, ou bien si elle sera le catalyseur d’une chute majeure du marché boursier. Si cela arrive, ce sera lié à une sérieuse crise du système financier chinois. Cela fait naître une question encore plus intéressante : peut-on avoir une vraie crise bancaire dans une économie dirigée où l’Etat possède les banques ?

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