Le Brent reste toujours la référence de cotation mondiale du pétrole, les cours sont exprimés en dollar. Mais ce champ de Mer du Nord est presqu’épuisé. La Russie pourrait utiliser le Brexit pour changer la donne.
Le Brent est depuis de longues années la référence mondiale en termes de prix du pétrole. Il est le mécanisme de recherche et de détermination des prix à travers le monde.
Les contrats de pétrole au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique Latine et même en Asie sont enregistrés par rapport à la « cotation quotidienne du Brent. » Cette cotation est établie par un groupe appelé Platts.
Platts suit un relevé de contrats de ventes de pétrole sur les 60 derniers jours portant sur plusieurs champs pétroliers en Mer du Nord et en calcule la moyenne pour donner un cours quotidien pour un baril type. Ce cours n’a quasiment rien à voir avec la quantité minime de pétrole produite par les plates-formes de Brent.
Le relevé sur 60 jours établi par Platts assure qu’aucun problème à court terme, comme une mauvaise météo ou un accident de pipeline, ne fasse grimper en flèche les prix du pétrole dans le monde entier.
Mais il y a un hic : le vieux champ pétrolier britannique de Brent ne produit pratiquement plus de pétrole. Comment un champ quasiment à sec peut-il déterminer le cours mondial ?
Ces dernières années, les représentants de l’énergie russe ont soulevé cette bonne question.
Vers le début et le milieu des années 1970, la Mer du Nord représentait une grande zone pétrolière à l’échelle mondiale. L’un des grands champs de l’époque, situé dans le secteur britannique, s’appelait Brent. Sur le gisement de Brent, plusieurs plates-formes et puits produisaient des centaines de milliers de barils de « Brent » par jour.
Le prix du pétrole extrait de ce gisement est rapidement devenu la référence régionale pour la recherche de prix quotidienne du pétrole. Le Brent déterminait le prix pour l’Europe.
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Si la Russie contrôle le cours du pétrole mondial…
J’ai assisté à des conférences et ai écouté des représentants de l’énergie russe faire remarquer (avec propos) que leur pays exporte près de trois millions de barils de pétrole par jour vers les marchés européens. C’est beaucoup plus que le minuscule chiffre de Brent ; et bien plus que le chiffre total de toute la Mer du Nord lorsqu’on compare les volumes.
Les Russes soutiennent que leur « brut de l’Oural » devrait devenir la référence de cours au niveau européen — et par extension, mondial. Cela n’est pas encore le cas mais…
Est arrivé le Brexit. La Grande-Bretagne est sur le point de quitter l’Union européenne. Il y a donc un intérêt renouvelé pour examiner si une moyenne bricolée des cours du baril de la Mer du Nord devrait encore peser sur les cours mondiaux du pétrole.
Supposons que de plus en plus de partis rejettent le cours du Brent comme étant le cours de référence au quotidien du pétrole. Qu’arrivera-t-il alors ?
Supposons que la Russie commence simplement à enregistrer les prix du brut de l’Oural dans un panier de devises mondiales, évitant ainsi clairement le dollar US. Il n’est pas difficile de l’imaginer. Le président russe Vladimir Poutine a déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaite s’éloigner du dollar américain dans les échanges commerciaux et resserrer les liens avec la Chine, la nouvelle puissance dans le jeu énergétique.
Les acheteurs mondiaux de pétrole rentreraient rapidement dans le rang et commenceraient à « payer » le prix de ce panier. Après tout, la Russie possède le pétrole ; le Brent britannique est pratiquement sans importance en termes d’offre mondiale.
Si le cours du Brent s’effondre en Europe — remplacé par le cours du brut de l’Oural— qu’arrivera-t-il alors à tous les autres contrats pétroliers à travers le monde qui se réfèrent au Brent ?
Selon moi, déjà moribonds, ils s’éteindront rapidement. Ce serait un sale coup porté au dollar américain.