La Chronique Agora

Le Brésil, plus d’une longueur d’avance sur les Etats-Unis

▪ Qu’est-ce qui nous amène au Brésil ?

Eh bien, c’est un pays d’avenir. Une nouvelle version des Etats-Unis. C’est là que tout se passe. La croissance. L’innovation. Et l’accumulation de richesse.

C’est en tout cas ce que dit notre vieil ami Jim Davidson. Il vient de sortir un livre sur le sujet : Brazil is the New America [« Brésil, la Nouvelle Amérique », NDLR.].

Est-ce vraiment une « Nouvelle Amérique » ? Nous n’en savons rien. Mais le Brésil a certainement pas mal d’atouts de son côté que les anciens Etats-Unis aimeraient avoir.

Moins de dettes, par exemple. Des salaires en hausse. Et de la vraie croissance — pas la croissance truquée et nourrie de dette qu’on constate aux Etats-Unis. Au Brésil, les ménages deviennent vraiment plus riches.

A ce propos, le QE avec option « buffet à volonté » de la Fed commence à ressembler à un gigantesque flop. Rappelez-vous que le but du jeu est de faire grimper les cours avant les élections. Ainsi, Obama gardera son poste… et Bernanke pourra continuer ses expériences monétaires niveau CM2. Que se passe-t-il quand on ajoute une quantité infinie de nouvel argent à une économie ? C’est ce que nous allons voir !

Eh bien, le dernier assouplissement quantitatif est un flop parce qu’il ne fait pas grand-chose pour les marchés. Vendredi… juste une semaine après l’annonce… les actions américaines ont baissé. Le grand pic ne s’est pas produit.

Le but de Bernanke est probablement bien plus modeste, toutefois. Son candidat, Barack, a un gros avantage : le candidat républicain. Obama ne fait pas une campagne exceptionnelle. En tant que président, il est épouvantable. Et avec un chômage à plus de 8%, ce devrait être couru d’avance. Mais Mitt Romney fait tout ce qu’il peut pour l’aider à rester à son poste. Avec l’aide de Mitt, tout ce que Ben a à faire, c’est empêcher les actions de s’effondrer, et l’équipe Obama obtiendra quasi certainement quatre années de plus.

Bernanke sera-t-il ou non en mesure de maintenir les actions ? Nous n’en savons rien. Mais nous ne parierions sur aucun des deux camps. C’est du casino pur et simple, à ce stade. Et nous n’aimons pas parier.

▪ Revenons-en au Brésil, alors…
… Et voyons ce qu’en dit Jim Davidson lui-même :

« … [Le Brésil] me rappelle plus les Etats-Unis de mes jeunes années. La population brésilienne actuelle, à 203 millions d’habitants (en juillet 2011), est à peu près similaire à celle des Etats-Unis en 1969 ».

« Le Brésil représente une plus grande part de la croissance économique réelle mondiale depuis que Lehman a fait faillite que tout autre pays dans le monde, à part la Chine ».

« Non seulement le Brésil se développe à un rythme significatif ces dernières années, tandis que l’économie américaine stagne, mais il semble avoir de bien meilleures perspectives de croissance future ».

« Il y a 35 ans, le Brésil importait de la nourriture. Aujourd’hui, il tient le rang de plus grand exportateur concernant cinq céréales ; il est aussi un important exportateur de boeuf et de poulet. Les chercheurs brésiliens ont élaboré de nouvelles espèces de céréales comme le soja et le maïs, avec un cycle de récolte plus court. Elles mûrissent huit à 12 fois plus rapidement que leurs versions d’origine, permettant aux agriculteurs brésiliens de produire deux récoltes par an au lieu d’une seule comme les agriculteurs américains ».

« En 2002, le rendement global moyen pour le soja au Brésil (2,6 tonnes/hectare) dépassait celui des Etats-Unis (2,4 tonnes/hectare). Plus important, le coût de production de soja au Brésil a chuté à environ 6,23 $ par sac de 60 kg, tout juste la moitié du niveau américain de 11,72 $ ».

« Avec une population équivalant à seulement deux tiers de celle des Etats-Unis, le Brésil a créé plus de 15 millions d’emplois ces huit dernières années, tandis que les Etats-Unis ont perdu des millions de postes. (Il est difficile d’établir une comparaison exacte, à cause du fait honteux que les données de l’emploi US sont largement exagérées et peu fiables) ».

« Mais ne commettez pas l’erreur de croire que le Brésil est juste une grande ferme bien arrosée. Le Brésil a une économie moderne et diversifiée. En fait, l’agriculture ne représente que 5,5% de l’économie brésilienne. Le pays a également un important secteur minier, mais 84% des exportations brésiliennes sont des produits manufacturés, à commencer par les automobiles et les avions (le Brésil est le troisième producteur mondial d’appareils commerciaux). Acier, machines-outils, textile et habillement, ciment, engrais, chaussures, wagons et locomotives sont également d’importantes exportations brésiliennes ».

« Le salaire réel médian aux Etats-Unis fait pire que stagner depuis un quart de siècle, et près d’un Américain sur sept participe désormais au programme de coupons alimentaire, reflétant une inquiétante augmentation de la pauvreté. Comme rapporté le 12 septembre par le Bureau du recensement américain dans Revenus, pauvreté et couverture sociale aux Etats-Unis : 2011, le revenu médian réel des ménages aux Etats-Unis a décliné pour la quatrième année consécutive. Il est désormais plus bas qu’il n’était en 1995″.

« Plus choquant encore, lorsque l’indice de prix CPI-U (qui mesure l’inflation pour tous les consommateurs urbains) actuel, qui comporte de grossiers défauts, est utilisé pour calculer le revenu médian des ménages, ce dernier est plus bas qu’en 1969. Mais cela surestime en fait la stabilité des revenus médians des ménages aux Etats-Unis. Au cours des ans, la méthode de calcul de l’inflation a été sciemment altérée pour la déguiser et la sous-estimer, ce qui permet de gonfler la croissance réelle du PIB et le revenu réel per capita« .

« […] Les implications du rapport du Bureau du recensement sur les revenus et la pauvreté sont que toutes les augmentations de revenus attendues pour les baby-boomers ont été lessivées par un torrent d’encre rouge. Dans le même temps, près de 40 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté pour rejoindre la classe moyenne au cours de la dernière décennie ».

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