La Chronique Agora

Le Brésil, une destination d’investissement intéressante

Brésil

Nous continuons aujourd’hui les réflexions entamées hier sur le Brésil, son avenir… et ses possibilités pour un investisseur.

La chute du prix des céréales et d’autres ressources naturelles ont heurté de plein fouet l’économie du Brésil. Les mines, l’énergie et l’agriculture sont trois des secteurs les plus importants du pays.

Même la météo s’est retournée contre le Brésil. La sécheresse épique de São Paulo a beau avoir pris fin, les industriels et les activistes affirment que de nouvelles pénuries d’eau ne sont qu’une question de temps. Dans la mesure où une bonne partie de l’énergie du pays provient de centrales hydroélectriques, la pénurie d’eau pourrait provoquer un rationnement de l’électricité.

La criminalité est un risque de plus, bien entendu. Ainsi que l’inflation.

« Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c’était abominable », nous disait un témoin de l’hyperinflation au Brésil dans les années 80.

« On recevait son salaire et il fallait immédiatement dépenser l’argent. Les prix devenaient fous. On ne savait jamais à quoi s’attendre. On ne pouvait rien planifier. Faire un budget n’avait aucun sens.

Vous vouliez investir ou monter une entreprise ? Pas la peine. L’économie tombait en pièces ».

Tous les plans pour mettre fin à l’inflation ont échoué. De manière tout à fait prévisible, ils avaient commencé par un gel des prix.

« Désastreux », rapporte notre témoin. « En quelques heures, les marchandises avaient disparu des rayons dans les magasins ».

L’indice des prix a grimpé approximativement 1 600 milliards de fois entre 1980 et 1997.

Pour les quelques investisseurs qui avaient de l’argent en bourse à la fin des années 80, le voyage a dû être agité

La situation sur les marchés du Brésil

Pour les quelques investisseurs qui avaient de l’argent en bourse à la fin des années 80, le voyage a dû être agité. Le Bovespa, l’indice de référence, est parti de rien pour arriver à 50 000 aujourd’hui… avec une douzaine de zéros perdus en chemin. Un investisseur aurait obtenu à peu près le même rendement sur les actions brésiliennes que sur les actions US — environ 15 fois sa mise de base.

Il y a toutefois une grosse différence. Les actions brésiliennes restent bon marché aujourd’hui.

« Le Brésil est encore un marché émergent », expliqua notre hôte Felipe. « Il est donc plus sensible que les Etats-Unis, par exemple. Les gens prennent peur et retirent leurs billes. Puis lorsqu’ils ont soif de gains, ils reviennent ».

Si l’on en croit les preuves, les investisseurs mondiaux ne se sentent pas spécialement avides en ce moment. On peut acheter la valeur brésilienne moyenne pour un PER de 8,2 seulement, selon le CAPE de Shiller. C’est un tiers du niveau américain.

En plus des prix, la démographie est favorable au Brésil

Peu de gens, sur la Rua Cachoeira, se rappellent encore l’hyperinflation des années 80. La plupart des gens que nous croisons sur le trottoir ont moins de 40 ans.

La population la plus âgée au monde se trouve au Japon, avec un âge médian de 44 ans. L’âge médian aux Etats-Unis est sept ans inférieur. Le Brésil est encore sept ans plus jeune.

Le pays est aussi plus solvable, avec un ratio dette-PIB de 66%, à comparer aux 104% des Etats-Unis.

« Le Brésil a une population jeune », dit Felipe. « Nous voulons gagner de l’argent. Nous ne voulons pas que le gouvernement s’en mêle ».

Après les perturbations extrêmes de la période 1980-1997, le Brésil a profité de deux décennies de croissance et de stabilité relative

Après les perturbations extrêmes de la période 1980-1997, le Brésil a profité de deux décennies de croissance et de stabilité relative. La nouvelle devise de Fernando Cardoso était stable. L’économie était encore en plein boom lorsque Lula da Silva parvint au pouvoir.

« Lula était intelligent », nous a dit Felipe. « Il s’est appuyé sur la gauche et a dépensé plus d’argent. Mais il a laissé l’économie en état de marche. En 2010, le taux de chômage était tombé à 5% à peine ».

Dilma Rousseff était soit moins compétente, soit moins intelligente, selon à qui l’on parle. Sans conteste, elle a fait passer l’économie à un capitalisme de copinage plus accentué. L’emprunt gouvernemental a augmenté. Les programmes sociaux sont devenus plus coûteux. A présent, le déficit atteint près de 11% du PIB. Le déficit courant représente 3% de plus — soit 14% de déficit en tout.

« Fondamentalement, Dilma est keynésienne », conclut Felipe. « Elle a stimulé l’économie alors que le chômage n’était qu’à 6% Les dépenses gouvernementales ont grimpé jusqu’à 20% du PIB. Et l’inflation des prix à la consommation a grimpé à 10% ».

Aujourd’hui, Dilma est hors course ; à sa place se trouve quelqu’un qui semble être plus favorable au marché : l’ancien vice-président — désormais président en fonction — Michel Temer.

« Temer a la possibilité de produire de gigantesques gains économiques en seulement quelques étapes, même sur une période courte »

Rodolfo Amstalden, l’un de nos meilleurs analystes macro au Brésil, nous donne le point de vue local : « Temer a la possibilité de produire de gigantesques gains économiques en seulement quelques étapes, même sur une période courte ».

Dépêchez-vous d’attendre

En ce qui concerne les Brésiliens, Felipe et son équipe pensent savoir exactement ce qu’il faut faire : acheter une obligation indexée à l’inflation, avec un rendement protégé contre l’inflation de 6,3%. Pour un étranger, cependant, il y a un risque supplémentaire — le risque de change.

« Les carry traders empruntent bon marché aux Etats-Unis ou au Japon… achetant ces obligations… et couvrant le risque de change avec des futures. Cela fonctionne bien pour eux. Surtout pour les Japonais. Ils obtiennent un bon rendement net, et ils gagnent de l’argent sur la chute du yen.

Mais ça ne convient pas à tous les investisseurs ».

« Alors que devraient faire nos lecteurs ? » avons-nous demandé de votre part.

« Attendre. La situation est similaire à celle que Paul Volcker avait aux Etats-Unis dans les années 80. Il y avait un taux d’inflation de 13%. Volcker devait prendre les devants. Et il était extrêmement impopulaire à l’époque.

Mais Reagan a continué de le soutenir. Et il a renversé la situation. Les Etats-Unis ont ensuite connu le plus grand marché haussier de tous les temps… commençant avec des valeurs s’échangeant à cinq fois les bénéfices à peine en 1983… jusqu’à près de 43 fois les bénéfices en 1999. C’était à ce moment-là qu’il fallait se positionner… et tenir.

Il est presque impossible qu’une telle chose se reproduise aux Etats-Unis aujourd’hui. Il faut des taux d’intérêt élevés et des cours bas pour que ça fonctionne. Au Brésil, nous avons ça ».

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