La Chronique Agora

Le boom de l’énergie peut-il sauver les Etats-Unis ?

▪ Les actions semblent baisser petit à petit. Et l’or est passé sous les 1 700 $ l’once.

Les commentateurs parlent encore de la « falaise fiscale ». N’y faites pas attention. Ce n’est que du bruit. Comme nous l’avons vu ces derniers jours, la falaise fiscale n’est qu’une petite bosse. Personne ne parle du vrai problème — des dettes fédérales et des engagements non-provisionnés de 86 000 milliards de dollars… se développant 21 fois plus rapidement que l’économie américaine.

Couper un peu par ci. Limiter un peu par là. Supprimer un bout du budget de la défense. Cela ne fera pas grande différence.

Et l’énergie ? Beaucoup de gens pensent que l’énergie bon marché sauvera les Etats-Unis. Le pays en a. D’autres pas. L’énergie bon marché, disent les gens, donnera de la croissance, ce qui augmentera les revenus des autorités et réduira leurs déficits. « La croissance », disent-ils, a réduit les dettes américaines après la Deuxième Guerre mondiale… et à nouveau dans les années 90. Elle le fera encore. Lawrence B. Siegel :

« Les récentes découvertes de carburants fossiles ont été une surprise plaisante et inattendue (quoiqu’il serait insensé de compter sur d’autres bonnes fortunes de ce genre). Les gens trouvent des substituts moins coûteux aux ressources existantes depuis le début de l’histoire de l’humanité, et cela ne donne pas signe de s’arrêter ».

Nombreux sont ceux qui pensent que le pétrole de schiste, le fractionnement (ou fracking) et les nouvelles découvertes de gaz feront revenir les beaux jours, quand l’économie américaine se développait de 5% et plus !… Ils prévoient même de remettre Clinton à la Maison Blanche — Hillary Clinton. Sérieusement ! Ils planifient probablement déjà quelque aventure diplomatique éclatante pour la mettre sous les feux des projecteurs d’ici deux ans.

Cela n’est pas du bruit. Ce n’est pas insignifiant. C’est juste faux.

Si les nouvelles découvertes réduisent vraiment le prix de l’énergie sur une longue période…

Et si cette énergie moins chère crée vraiment un boom robuste et durable…

Alors nous aurions vraiment de quoi changer la situation. Oh bonheur ! Peut-être que nous pourrions marquer un but ou deux. Peut-être que les cartes ne seraient plus tant contre nous. Et peut-être que l’arbitre ne serait pas aveugle !

▪ Pour l’instant, nous avons surtout des questions…
Mais attendez. Est-ce vrai ? L’énergie sera-t-elle vraiment beaucoup moins chère suite à ces nouvelles découvertes ? Nous ne pouvons pas le dire. tout ce que nous avons, ce sont des questions :

Et voici quelques questions plus fondamentales. Si l’énergie bon marché était la cause de la prospérité, comment se fait-il que le Venezuela soit si pauvre ? Et qu’en est-il de l’Arabie Saoudite ? Ou de l’Irak ? Ou quasiment chacun des grands producteurs ?

D’un autre côté, si une énergie chère était la cause de la pauvreté, comment se fait-il que les trois endroits les plus riches de la planète n’ont pas la moindre énergie ? Pour autant que nous en sachions, il n’y a pas de mot en japonais pour fracking… et la Suisse n’est pas exactement couverte de puits de pétrole. Quant à Singapour, le pays ne produit même pas assez pour remplir un briquet.

En fait, la disponibilité de l’énergie et la production énergétique n’ont pas grand-chose à voir, en elles-mêmes, avec la prospérité (sauf pour ceux qui la possèdent). Ce qui compte, c’est ce qu’on fait avec l’énergie, pas la quantité qu’on a. Voici donc la principale raison pour laquelle la prévision du « boom énergétique » est probablement fausse :

Quand on se dirige vers un mur de briques, on n’accélère pas.

Oui, cher lecteur, vous pouvez nous citer. Les Etats-Unis, les malheureux, adorent le carburant. Et ils utilisent l’énergie pour se ruer vers le désastre. La dernière chose dont ils ont besoin, c’est plus d’énergie.

L’énergie bon marché peut donner à l’économie américaine un léger coup de pouce. Mais cela ne fera que fournir plus de ressources aux zombies… leur permettant d’aller plus loin… et plus vite… jusqu’à ce qu’ils s’écrasent dans le mur qui approche.

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