La Chronique Agora

Bons points pour les céréales

J’ai récemment lu le numéro d’octobre de la lettre d’information de Marc Faber. Comme vous le savez probablement, ce dernier écrit le Gloom, Boom & Doom Report. Son point de vue financier contrarien apparaît dans de nombreux médias.

Son dernier numéro contenait un article intéressant sur les céréales. Mark McLornan, d’Agro Terra Ltd., l’a écrit. Il commence par une question tout à fait dans mes cordes :

"Où, dans le monde, pouvez-vous acheter des actifs réels qui soient à la fois bon marché, décorrélés des cycles économiques et indépendants des taux d’intérêts ? Quelle classe d’actifs peut tirer parti des grandes forces cycliques du développement chinois/indien, du réchauffement planétaire et de l’épuisement des ressources en eau ?"

McLornan ne nous fait pas languir, et nous donne son propre candidat à l’investissement : les céréales.

"Le marché des céréales agricoles est complètement décorrélé des cycles économiques depuis 50 ans au moins. Les principaux facteurs faisant grimper les prix des céréales sont la croissance démographique, l’augmentation du niveau de vie et la capacité de production".

Tout cela me semble plus qu’intéressant, parce que j’aime moi aussi les céréales. Je me suis récemment intéressé à la société Saskatchewan Wheat Pool (TSE:SWP). Dernièrement, elle a tenté d’acheter Agricore, afin de devenir un des principaux acteurs dans le secteur agricole.

Voici en quelques points les principaux arguments cités par M. McLornan :

La demande dépasse l’offre depuis six ans, tandis que les stocks sont bas. "Tout choc subi par l’offre ou la demande pourrait faire exploser ce marché", écrit McLornan.

L’augmentation de la prospérité en Chine et en Inde fait que de plus en plus de gens mangent du boeuf ou du poulet. En Chine, la consommation de viande augmente de 20% par an, ce qui met sous pression les marchés céréaliers qui doivent nourrir le bétail. La demande de blé dépasse de loin la production en Chine et en Inde — en fait, la production de blé chute en Chine.

L’épuisement des ressources en eau — particulièrement en Chine et en Inde. Nous avons déjà longuement parlé de ce phénomène. McLornan présente un argument intéressant dans ce domaine : la manière la plus efficace, pour la Chine et l’Inde, d’économiser l’eau est d’importer des céréales, puisqu’il faut 1 000 tonnes d’eau pour produire une tonne de céréales.

Les Etats-Unis représenteraient une alternative évidente pour répondre à cette demande, mais l’eau s’y fait rare aussi. McLornan nous parle de la nappe phréatique d’Ogallala, sous les grandes plaines du centre, comme étant "la nappe phréatique disparaissant le plus rapidement au monde". Les agriculteurs forent de plus en plus profondément pour trouver de l’eau, à des coûts de plus en plus élevés.

La demande de bio-carburants.

Pensez-vous que tout le maïs supplémentaire utilisé pour l’éthanol aura un impact sur le prix du maïs ? Je suis d’avis que oui. Dans l’ensemble, les observations de McLornan dans le Gloom, Boom & Doom Report plaident toutes en faveur de perspectives haussières pour les céréales. C’est de bon augure pour une société comme Saskatchewan Wheat Pool.

L’entreprise a d’ailleurs annoncé une offre d’achat pour Agricore, un autre grand céréalier canadien. "Nous tentons de créer un complexe agricole significatif, possédant des décennies d’expérience, d’excellents actifs et un avantage made in Canada unique", a déclaré Mayo Schmidt, PDG de SWP. "En combinant les opérations, nous créerons une organisation ayant la taille et l’ampleur nécessaires pour améliorer la position du Canada de l’ouest dans un environnement mondial".

J’adore cet accord. Par contre, savoir s’il se concrétisera est une autre histoire. Les législateurs vont devoir donner leur accord, et au vu du comportement du Canada vis-à-vis de ses entreprises ces derniers temps, il ne faut peut-être pas trop y compter.

Quoi qu’il en soit, j’aime la manière de penser de Pool. Avec ses finances solides, l’entreprise est en bonne voie de se positionner comme acteur mondial dans le futur boom des marchés agricoles en général — et des céréales en particulier.

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