La Chronique Agora

Bonjour l’esprit de Noël !

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▪ C’est la dernière fois de l’année que je vous écris, cher lecteur : la Chronique Agora se poursuit jusqu’à mercredi prochain… mais vous avez sous les yeux l’ultime édition du week-end de 2015.

Et en cette période de Trêve des Confiseurs, de mise en avant des valeurs de solidarité et d’entraide et de "paix sur Terre aux hommes de bonne volonté"…

… Il m’a semblé approprié de revenir sur un article de Bill qui a provoqué de nombreuses réactions : il s’agit de la Chronique du 4 décembre 2015, où Bill commentait la décision de Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, de faire don de 99% de sa fortune à une fondation caritative… Et plus précisément ce passage :

"La seule manière de mesurer les améliorations, c’est en termes d’argent. Si un projet rapporte, il doit avoir produit plus qu’il n’a consommé. Retirez la motivation du profit et vous ne saurez pas si l’on avance ou si l’on recule. On ne sait pas si on ajoute à la richesse du monde ou si l’on y soustrait. On ne sait pas si on fait le bien… ou le mal.

Les Africains se portent-ils mieux après avoir absorbé une bonne partie des bonnes intentions du monde ces 100 dernières années ? Apparemment pas. Les gens qui demandent de l’argent sur le trottoir — avec des panneaux affirmant qu’ils ont faim et froid — vont-ils mieux parce que vous leur donnez une pièce ou deux ? Peut-être que non. Les communautés sont-elles plus fortes, meilleures, plus prospères et plus vertueuses lorsque de bonnes âmes se donnent pour mission de les rendre telles ? Qui sait ? Vos enfants seront-ils de meilleures personnes si vous leur donnez de l’argent ? Probablement pas. Si l’on en juge par les preuves, les oeuvres caritatives font au moins autant de mal que de bien — peut-être plus".

Qu’avait-il dit là !

▪ M., s’exprimant sur notre site internet, déclarait tout de go :

"Ce commentaire de Bill est archi-nul. Travaillant dans de nombreuses associations bénévoles, je pense que l’argent pour ceux qui le peuvent doit être distribué mais sans doute il faut bien cibler et ne pas donner d’argent mais des aides soit alimentaires soit de formations soit d’infrastructures (voir les puits en Afrique). Le problème est que Bill ne regarde pas du bon côté de la lorgnette".

A cela, je ne peux qu’ajouter que les scandales qui éclaboussent de temps en temps certaines associations — l’ARC est celle qui me vient en tête — ébranlent malheureusement la confiance des gens dans de telles organisations, souvent durablement.

▪ M. P-C., de son côté, a un avis tout aussi tranché :

"Si je comprends bien votre édito, la France devrait se féliciter que des Arnaud ou des Pinault n’aient aucune Fondation à but humanitaire ! (Le duel Fondation d’Arts n’étant qu’un piédestal social de happy few pour arriver au rang de 1er collectionneur d’Art)

Je ne remets pas en cause le R.O.I. de l’annonce de Zuckerberg au niveau impact image, social, etc. ni la démesure mégalomane de l’objectif à long terme rattaché à ce don spectaculaire qui serait de ‘faire avancer le potentiel humain et promouvoir l’égalité’ !

Mais je suis très heurtée par la formule lapidaire avec laquelle vous circonscrivez le bénéfice de toute mesure philanthropique à la seule notion de profit, et par laquelle vous rayez d’un seul trait de plume la magnifique notion d’altruisme et les bienfaits qu’elle peut engendrer sur la planète.

Je suis vraiment curieuse de connaître les informations objectives sur lesquelles vous vous basez pour déclarer sans nuance aucune : ‘Si l’on en juge par les preuves, les associations caritatives font au moins autant de mal que de bien. Peut-être plus’.

Si ‘oeuvre du diable’ il y a, n’est-elle à pas en priorité à l’oeuvre dans les guerres actuelles où périssent des milliers d’innocents ? La question ‘à qui profite le crime’ me paraît beaucoup plus pertinente dans ce contexte !"

Je ne sais pas si cette question est "plus" pertinente — mais elle est très pertinente. Et nous nous attelons d’ailleurs à y répondre tous les jours : entre Deep State, zombies et compères… le crime profite à pas mal de monde, de nos jours…

Et tout comme notre lectrice, je trouve un peu dommage de tout réduire, en ce monde, au plus petit dénominateur commun — l’argent.

C’est certes une mesure utile et "objective"… mais tout de même : un sourire dans le métro, un arc-en-ciel entrevu entre deux immeubles ou une parole bienveillante n’ont pas de valeur pécuniaire mais sont tellement utiles, au quotidien, pour améliorer le sort humain, qu’il serait dommage de les balayer d’un revers de main. Non ?

▪ L., tout de même, prend le contrepied et apporte un peu de soutien à Bill :

"J’adore vos chroniques même celles qui sont impopulaires. (Au moins vous avez l’honnêteté de l’annoncer à l’avance !) Beaucoup de gens pensent malheureusement à tort que d’arroser les nécessiteux avec de l’argent améliorera leur sort.

L’assistanat est une vraie sale drogue. Peu de gens s’en sortent une fois rentrés dedans. Un passage difficile censé être temporaire devient ainsi permanent. On est dans le toujours plus de subventions et d’allocations. Au final tout le monde est perdant : l’assistant et l’assisté. Par contre ça arrange bien les politiques. Comme disait Bastiat il y a ce qui voit et ce qui ne se voit pas".

Le mot de la fin reviendra à Gaël Deballe, analyste et "bras droit" de Jim Rickards en France, qui nous donnait lui aussi son avis :

"C’est cynique, et… en partie juste.

Cependant, tout n’est pas que production de richesse dans ce bas monde, heureusement.
Si l’argent récolté sert à protéger des forêts vierges et la biodiversité (en grand danger) de notre planète par exemple, il est probable que l’on ne pourra pas en calculer un quelconque résultat en terme de production de richesse, tout du moins vu la façon dont celle-ci est calculée actuellement (on ne paie pas le vrai prix de la destruction de l’environnement).

Je suppose que ce biais de tout voir en tant terme d’argent est en partie culturel et aussi d’une propension à vouloir souvent provoquer".

Bill, provocateur ? Allons donc !…

Et vous, cher lecteur, qu’en pensez-vous ? L’argent est-il vraiment LA mesure par excellence, celle qui permet de rester objectif, d’éviter que l’émotion s’en mêle ? Ou bien est-ce la cause de tous nos maux et la peste qui ronge nos sociétés modernes ?

Je vous laisse méditer sur le sujet… mais surtout, je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année et un joyeux Noël !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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